Cinq hôtels sur six n'ont pas assaini entièrement leurs bâtiments en matière énergétique
La région alpine est à la traine en matière de rénovation énergétique des hôtels. A peine 16% des établissements ont été totalement assainis. Manque de capitaux et obstacles administratifs sont pointés du doigt.

En Suisse, seul un hôtel sur cinq a été entièrement rénové en matière énergétique. Dans la région alpine, c’est encore moins, la statistique pointant à 16%, d’après une étude d’HotellerieSuisse. «C'est tout de même beaucoup, réagit le directeur de l'association hôtelière valaisanne, Patrick Bérod. Car il faut observer un autre chiffre cité dans ce rapport: dans cette région qui comprend le Valais, il y a également 56% des établissements qui ont déjà, au moins, partiellement assaini leurs bâtiments. Et ça, c'est encourageant.»
Des capitaux trop faibles
Si le taux n'est pas plus haut, selon Patrick Bérod, c'est évidemment à cause du manque de capitaux. «Dans l'industrie hotelière, les marges sont tellement petites qu'elles permettent difficilement de mettre de côté pour des rénovations.»
Il précise qu'actuellement, la priorité - au-delà de la survie en cette période de pandémie - est l'amélioration énergétique d'un certain nombre d'éléments isolés, certes moins impactant en matière d'efficience énergétique que la réfection d'une enveloppe de bâtiment, mais tout de même bénéfique à la transition. «L'hébergement ne représente que 17% des charges énergétique. Cela veut dire que 83% sont dépensés ailleurs.» Il cite ainsi, la cuisine (pour chauffer les aliments, nettoyer la vaisselle et aérer les locaux), mais également la lingerie et évidemment, énorme source de charges, les spas. «Tous ces postes sont donc rénovés petit à petit, mais l’assainissement global reste difficile à atteindre», ajoute Patrick Bérod.
Plus de la moitié des hôtels chauffés au mazout
La région alpine se place également en queue de peloton en matière de combustible : 58% des bâtiments sont encore chauffés au mazout. Mais là encore, les chiffres sont à pondérer. Dans les autres régions, si le mazout est moins répandu - à l'image des hôtels de région urbaine, chauffé seulement à 18% par l'or noir -, une autre énergie fossile vient à la rescousse: le gaz. Si l'on additionne les deux combustibles, les régions de montagne sont ainsi à 64% d'énergie fossile, contre 66% en ville.
Patrick Bérod insiste par ailleurs: les régions de montagne doivent dépenser environ 10 à 20% de plus qu’ailleurs en matière de rénovation pour le même résultat en raison de leur localisation parfois reculée et des températures plus rudes. Et les hôtes ne sont pas prêts à payer davantage sous prétexte que l'établissement est en montagne.
Tracasseries administratives et protection du patrimoine
Le nerf de la guerre est donc, on l'a dit, l’argent, mais si les aides financières existent, les tracas administratifs peuvent également être fatals. Environ un tiers des établissements rénovés n’ont pas profité des aides mises en place, que ce soit au travers du programme bâtiment, de l’agence de l’énergie pour l’économie ou encore de la fondation pour le climat. Sans compter les difficultés qui s'ajoutent lors qu'il est question de protection du patrimoine: «Le Valais a beaucoup d'hôtels historiques, réagit Patrick Bérod. Dans ce genre de cas, on a besoin de matériaux spéciaux. C'est la technique et les nouvelles technologies du bâtiment qui nous sauveront.»