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Christian Varone a officiellement transmis le commandement de la police cantonale

Le passage de témoin a eu lieu ce vendredi matin à Savièse. Christian Varone a remis la bannière de la police cantonale valaisanne au conseiller d'Etat Stéphane Ganzer qui l'a transmise au nouveau commandant, Frédéric Gisler.

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Fabrice Germanier
Fabrice Germanier, Rédaction Rhône FM
12 déc. 2025, 11:45
/ Màj. il y a 1 jour
Christian Varone
Christian Varone © Loic DELALOYE

La cérémonie s'est déroulée en présence de 400 personnes. La présidente de Savièse, Marie Zuchuat, a ouvert les feux. Stéphane Ganzer a ensuite pris la parole, suivi de Patricia Constantin, présidente du Grand Conseil, Béatrice Pilloud, procureure générale du canton du Valais, Frédéric Gisler, successeur de Christian Varone, et enfin Christian Varone lui-même.

Parmi les invités, on relèvera la présence du Conseil d'Etat in corpore, de tous les commandants de police de Suisse romande et du Tessin, de plusieurs commandants alémaniques, de tous les chefs de Service de l'Etat du Valais, du président du Tribunal cantonal, de l'évêque de Sion, de nombreux élus communaux, cantonaux et fédéraux ou encore de Christian Constantin et Adolf Ogi. Les ambassadeurs de Belgique et d'Italie étaient également de la partie.

Au calme, en marge de ces officialités, Rhône FM a rencontré Christian Varone pour évoquer ses dix-huit ans et quelques mois passés à la tête de la police cantonale valaisanne.

***

Christian Varone, dans quel état d'esprit vous trouvez-vous au moment de quitter la police cantonale valaisanne ?  

Particulièrement serein, puisque j'ai la chance de quitter mon corps de police dans une bonne situation, tout va bien à l'interne, on a un excellent rapport aussi avec la population, on a un excellent contact également avec la politique, donc je pars dans les meilleures conditions possibles.  

Dans quel état laissez-vous l'institution qu'est la police cantonale à votre successeur Frédéric Gisler ?  

Je suis fier de lui laisser un bel outil pour gérer des crises, en tout genre. Vous savez qu'on a traversé énormément d'événements graves en Valais qu'on a dû gérer, ça nous a permis d'optimiser notre organisation et je suis particulièrement fier de lui laisser une police cantonale performante.  

Chaque année, lors de la présentation des statistiques de la police cantonale en mars, on répète que le Valais reste un canton sûr. C'est vraiment le cas ?  

Si on s'en tient aux statistiques fédérales, effectivement, puisqu'on peut voir que seuls les cantons de Suisse centrale font mieux que nous, donc on a un bon niveau de sécurité en Valais. Par contre, il y a quand même passablement de menaces qui planent sur le canton et de défis à relever à l'avenir.  

En plus de 18 ans, est-ce que vous avez constaté une évolution dans la délinquance, la criminalité ?  

Totalement. La délinquance, elle s'est professionnalisée. Je pense par exemple à toute la problématique des cyber-escroqueries. Elle s'est fortement durcie, comme dans le domaine des stupéfiants, et là, il va falloir continuer à être ferme en matière de lutte contre la criminalité si on veut à l'avenir conserver le même niveau de sécurité qu'aujourd'hui. 

Précisément, selon vous, à quoi faut-il être particulièrement attentif, vigilant ?  

Pour moi, la priorité, la plus grande menace qui pèse sur la sécurité intérieure, non seulement du Valais, mais de la Suisse, c'est le monde des stupéfiants. Aujourd'hui, on est confronté à des bandes organisées sur le modèle français, particulièrement déterminées, qui font preuve de grande violence et qui s'implantent sur le canton pour faire commerce de ces stupéfiants, ce qui va engendrer des problèmes sérieux à l'avenir sur le plan sécuritaire.  

On parle de l'arrivée du fentanyl également au Valais, qui fait des ravages aux Etats-Unis. Il y a des indices qui vont dans ce sens ?  

Effectivement, on connaît la situation. Les Etats-Unis ont été confrontés à ces drogues de synthèse, le fentanyl. Il y a le crack, aussi, et ces produits particulièrement addictifs, dévastateurs, font leur apparition sur le territoire cantonal. Il faudra à l'avenir, comme je l'ai dit, se montrer extrêmement ferme face à ces trafiquants.  

On vous a vu, en bras de chemise, porte-voix, à la main, intervenir devant des supporters à Tourbillon. Vous étiez sur la place de la Planta lorsqu'une manifestation a dégénéré durant le Covid. Plus récemment, ou tout récemment, même, il y a eu cette intervention, on va dire "musclée" face aux gitans, l'opération Cobra, vous aimez l'action, le terrain ?  

Vous savez, je pars du principe, toujours, que lorsqu'on a un événement grave, lorsqu'on doit mobiliser un nombre important de policiers, la place du chef, ce n'est pas au bureau, mais c'est au milieu de ses troupes. Pour de simples raisons. Parce que, tout d'abord, ça rassure tout le monde d'avoir le patron qui est là, qui prend les décisions, et ça me permet aussi de prendre des décisions en live, selon l'évolution de la situation. Donc, la place d'un commandant de police, lorsque le feu est là, c'est sur le terrain, au milieu de ses troupes. 

Si on repense à l'épisode des gitans, est-ce qu'on peut dire que vous êtes un adepte de la manière forte ?  

J'ai toujours essayé, dans ma carrière, d'allier une règle simple qui est faite à la fois de rigueur et d'humanité. Rigueur, parce qu'il faut être extrêmement ferme contre la criminalité qui, comme je l'ai dit, se durcit à l'heure actuelle, et puis aussi une forme d'humanité face à beaucoup de personnes qui, malheureusement, dans notre société, vont mal. Et aujourd'hui, je suis particulièrement fier d'avoir une police qui est capable de gérer ces crises mais qui est aussi reconnue pour être une police de proximité, proche de ses concitoyennes et concitoyens.  

Cette police cantonale valaisanne, vous l'avez dirigée durant plus de 18 ans. Quels sont les faits - il y en a eu beaucoup - qui vous ont le plus marqué, touché ?  

Effectivement, il y en a eu beaucoup. Je dirais que, naturellement, le fait le plus emblématique, ça a été ce tragique accident de car (ndlr : tragédie de Sierre le 13 mars 2012; 28 morts dont 22 mineurs), suivi de vagues de braquages avec le grand banditisme français dans les années 2010, des grandes opérations qu'on a menées dans le domaine des stupéfiants, des fusillades, que nous avons eues à Martigny, à Sion et à Daillon avec des personnes décédées.
On a également eu toute une série d'engagements en application du plan Cobra, pour le maintien de l'ordre. Ce sont vraiment des événements qui marquent, mais on a pu les maîtriser et je suis particulièrement fier des policières et des policiers que j'ai l'honneur de commander à ce jour.  

Quand on perd un homme, comme à Tête-Blanche, par exemple, ça fait mal ?  

Ça, c'est vraiment un drame, voyez-vous. Après 18 ans de carrière, j'ai appris à maîtriser mes émotions, puisqu'on doit garder la tête froide en toutes circonstances, il faut montrer aux policiers et policières sur le terrain qu'on maîtrise la situation, mais on ne reste jamais insensible à de tels drames. Ce qui me frappe toujours, c'est la dignité des familles, notamment à Tête-Blanche, avec ces gens qui ont perdu six personnes dans des conditions dramatiques. Elles savent rester dignes, elles remercient la police et je peux vous dire que c'est particulièrement touchant et très fort sur le plan émotionnel. 

Dans un tout autre registre, vous avez aussi tenté l'aventure politique avec une candidature au Conseil d'État en 2013, à refaire, vous referiez ?  

Ecoutez. Moi, je revivrai ma vie telle qu'elle a été, avec les bons moments, les moins bons moments, je crois que c'est ça, finalement, la bonne philosophie de vie. Je ne regrette absolument pas ma candidature au Conseil d'État mais je pense finalement, avec du recul, que si j'ai échoué dans cette course au Conseil d'État, il y a aussi un aspect positif. C'est-à-dire que dans ma nature profonde, je suis beaucoup plus un commandant de police qu'un politicien.
C'est deux mondes qui sont différents, qui sont indispensables pour mener à bien la société et je me sens très à l'aise dans les fonctions que j'occupe actuellement.  

Il y a eu cette affaire dite du caillou, comment est-ce que vous avez vécu cet épisode, ce moment ?  

Ça n'a pas été la période de ma vie la plus facile, comme on peut bien l'imaginer. Par contre, j'ai beaucoup appris sur moi-même, j'ai beaucoup appris sur les autres.
Ce qui m'a beaucoup marqué aussi, c'est le soutien dont on bénéficie dans des moments aussi difficiles pour soi et ça, cette forme de chaleur humaine, ça nous apporte beaucoup. Et finalement, je citerai aussi le philosophe Nietzsche qui disait que tout ce qui ne tue pas renforce et c'est très juste en l'occurrence.  

L'heure de la retraite a sonné pour vous. On vous imagine assez mal en pantoufles. Comment Christian Varone a-t-il pensé sa retraite ?  

Il l'a pensé à deux niveaux. Je vais garder quelques mandats qu'on m'a proposés dans le domaine de la sécurité; ça va me permettre de garder un pied dans ce domaine que j'affectionne, dans lequel j'ai pu développer une certaine expérience.
Par contre, je vais aussi profiter des bons moments de la vie, c'est-à-dire que je vais profiter encore plus de ma famille, je vais profiter encore plus des activités sportives, de visiter des expositions, finalement tout ce qu'une fonction de commandant de police ne vous permet pas de faire à l'heure actuelle. Donc, je me réjouis de cette tranche de vie en remerciant tout le monde pour le soutien qui m'a été apporté durant toutes ces années.  

Donc, pas de pantoufles ?  

(Rires). Non, alors les pantoufles, c'est encore un peu trop tôt. Finalement, je vais plutôt enfiler des baskets au moment de ma retraite. 

Christian Varone, un grand merci à vous et bonne suite.  

Merci à vous et un tout grand merci à Rhône FM qui a été extrêmement importante sur le plan du soutien. Lorsque nous avons eu des catastrophes, le fait de pouvoir compter sur un média qui touche la population, qui passe au bon moment les bons messages, pour un commandant de police, ça a été un plaisir.

FG
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