Christian Constantin: "Quand on verra clair, on ouvrira les yeux"
La Swiss Football League (SFL) a précisé son agenda concernant la suite à donner à la saison. Les clubs décideront le vendredi 29 mai de la poursuite des championnats lors d'une assemblée générale extraordinaire. Les potentiels premiers matches seraient programmés pour le week-end des 19, 20 et 21 juin.
Autre élément central communiqué ce jeudi : le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) a informé la ligue, à titre indicatif, que les clubs ne pourront plus prétendre au chômage partiel dès la reprise de l’entraînement. Déjà peu enclin à faire reprendre le chemin de l’entrainement à son FC Sion avant cette annonce, Christian Constantin persiste et signe. Interview.
Christian Constantin, cette annonce du SECO met-elle un coup de grâce à la reprise des entrainements lundi prochain pour les joueurs du FC Sion ?
Nous avons toujours été sur la même ligne. On ne peut pas jouer au yoyo comme fait la Swiss Football League (SFL). Tant qu’on n’a pas une vraie planification générale de ce qu’on peut faire, l’activité s’arrête. Donc je n’avais de toute façon pas prévu de renvoyer mes gars à l’entrainement et faire ce que souhaite la ligue.
«La ligue a besoin d’argent et met ainsi tout le monde dans la gonfle. C’est complètement ridicule.»
C’est-à-dire reprendre le championnat?
Oui, car elle veut récupérer les 5,8 millions de francs qui lui reviennent sur les 15 millions qu’il reste en jeu pour les droits TV. La ligue a besoin de cet argent pour vivre et met ainsi tout le monde dans la gonfle. C’est complètement ridicule. Nous reprendrons l’entrainement une fois que l’on sait quand recommence le championnat.
Le fait de ne pas pouvoir toucher les RHT, c’est tout de même décisif, car financièrement pas tenable pour le FC Sion ?
Il n’y a pas de raison de laisser des gens au chômage et de travailler. Prenez un acteur qui fait une pièce de théâtre. Tant que la pièce n’est pas produite, il ne touche pas d’argent. Donc on admet que pour la préparer, il touche le chômage. Mais une date est fixée pour la présentation de la pièce et donc pour son futur revenu. Pour nous, on pourrait envisager que lorsqu’une date de reprise est connue, le chômage admette quelque chose. Mais on ne sait pas quand on va reprendre.
«Si vous êtes capable de commencer un championnat le 20 juin et de le terminer pour le 30 juin, tout en organisant durant ce laps de temps 16 matches, vous êtes Harry Potter.»
Sur le plan sportif, vous prenez des risques. La décision des clubs pourrait tomber le 29 mai, pour un début potentiel le week-end du 20 juin. C’est court...
N’imaginez pas que ça va reprendre ! Ce n’est pas possible. Après 16 ou 17 semaines de suspension, il en faudra 7 à 8 autres pour effectuer la préparation. Cette communication de la SFL n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. Si vous êtes capable de commencer un championnat le 20 juin et de le terminer pour le 30 juin, tout en organisant durant ce laps de temps 16 matches, vous êtes Harry Potter. Donc arrêtez de vouloir faire des miracles.
Le championnat pourrait aller au-delà du 30 juin.
Non, car à partir du 1e juillet, les joueurs en fin de bail à disposition des clubs ne le sont plus puisqu’ils sont libérés de leur contrat.
«Je ne mets pas de pression sur la ligue. Je sais très bien qu’elle a un chemin qu’elle ne pourra pas prendre, c’est tout.»
Ne pas envoyer vos joueurs à l’entrainement lundi prochain, c’est aussi un moyen de mettre un peu plus de pression sur la SFL ?
Mais je ne mets pas de pression sur la ligue. Je sais très bien qu’elle a un chemin qu’elle ne pourra pas prendre, c’est tout. Alors moi je fais ce que je dois faire, c’est-à-dire : attendre d’y voir plus clair pour ouvrir les yeux.