Beatrice Pilloud : "aucun dossier ne me fait peur"
Avocate pénaliste, Beatrice Pilloud s'apprête à changer de métier et devenir procureure générale du canton du Valais. A quelques jours de son entrée en fonction, nous l'avons rencontrée.

Elle s'apprête à laisser derrière elle 24 ans de sa vie d'avocate, et vient de rendre les clés de son étude. "Mon sac à main est devenu mon bureau", plaisante Beatrice Pilloud, à quelques jours de changer de métier. "Je quitte la profession d'avocate avec un grand pincement au cœur", avoue-t-elle. Dès le 1er janvier 2024, elle deviendra la nouvelle procureure générale du canton du Valais. Elue en novembre 2023 par le Grand Conseil, Beatrice Pilloud a été préférée à Olivier Elsig, premier procureur de l'Office du Valais central et candidat du sérail. "C'est un nouveau métier, mais c'est un métier que je connais", rassure la Haut-Valaisanne. Pendant 24 ans, cette avocate pénaliste a arpenté en long, en large et en travers tous les tribunaux valaisans pour défendre ses clients. "Je sais exactement à quoi m'attendre et comment fonctionne ce métier, plaide-t-elle. Il me faudra une période d'adaptation, c'est une certitude", reconnaît toutefois la nouvelle patronne du parquet valaisan.
Beatrice Pilloud remplacera au poste de procureur général Nicolas Dubuis. Sous le feu des critiques depuis des années pour sa mauvaise gestion du Ministère public et son manque d'engagement dans les affaires sensibles, le magistrat saviésan laisse une institution en plein désarroi. Beatrice Pilloud aura la lourde tâche de ramener de la sérénité dans l'instruction pénale valaisanne. Les attentes sont nombreuses. Elle devra se concentrer sur son rôle premier : diriger le travail du Ministère public, traiter elle-même des dossiers sensibles et s’assurer que les affaires ne finissent pas par être prescrites. "Mes priorités sont les dossiers, de les empoigner, promet Beatrice Pilloud. Les dossiers sensibles et médiatiques rentrent totalement dans le cahier des charges du procureur général", rappelle-t-elle. Elle assure également qu'elle sera plus proactive que son prédécesseur pour communiquer sur les affaires sensibles, tout en respectant le secret de l'instruction.
L'humain au centre de son action
Pour remettre le Ministère public valaisan sur les rails, Beatrice Pilloud compte en partie sur sa personnalité. Elle souhaite mettre l'humain au cœur de l'instruction pénale. "C'est entendre et écouter les personnes", insiste-t-elle. J'aurai ma porte toujours ouverte pour que chacun puisse s'exprimer librement", ajoute Beatrice Pilloud. Être humain, c'est aussi un de ses traits de caractère. Avocate pénaliste pendant 24 ans, elle a plaidé dans de nombreux dossiers sensibles et médiatiques, comme pour la tuerie de Daillon. Lors du procès, elle avait même fondu en larmes. "Je n'ai pas honte d'avoir laissé parler mes émotions lors d'une plaidoirie, avoue Beatrice Pilloud. J'ai toujours fait mon métier avec passion", assure-t-elle.
Parmi les dossiers sensibles qui attendent Beatrice Pilloud à son arrivée au Ministère public : les cas d'abus sexuels dans l'Eglise catholique, et plus particulièrement ceux qui touchent l'Abbaye de Saint-Maurice. "Actuellement, j'ignore complètement ce que contient ce dossier", précise Beatrice Pilloud. Aucun dossier ne vous fait peur ? "Franchement, non, répond-elle du tac au tac. J'ai eu durant toute ma carrière des dossiers qui n'ont pas été évidents à gérer, donc je ne peux pas dire qu'un dossier ou un autre me fasse peur", conclut-elle.