Avec la crise sanitaire, le puissant retour de l'opposition droite/gauche

Avec la session parlementaire extraordinaire qui s’ouvre la semaine prochaine sur le site de Bernexpo, c’est le retour du jeu politique en Suisse. Le retour, surtout, d’un puissant clivage droite/gauche.
Dès lundi prochain, les élus fédéraux siègent de nouveau à Berne pour une session extraordinaire et inédite. En pleine crise de coronavirus, le Parlement reprend donc ses travaux pour appuyer ou retoquer les décisions du Conseil fédéral. Les conseillers nationaux valaisans comptent peser de tout leur poids dans les débats. Officiellement c’est clair, «il ne faut pas brouiller le message du Conseil fédéral en cette période de crise», voilà un élément sur lequel bon nombre d’élus fédéraux valaisans se retrouvent. Pourtant, interrogés par Rhône FM, les politiques valaisans prônent des méthodes de sortie de crise, profondément divergentes. Que l’on soit de droite ou de gauche, la vision n’est pas la même.
Mathias Reynard : «Combien est-ce que l’on donne ?»
Pour Mathias Reynard, conseiller national PS, il y a tout d’abord le volet médical. Sur ce point, c’est clair : «Evidemment, il faut soutenir le Conseil fédéral et mettre de côté les guerres partisanes». Mais après ? «Le Parlement doit agir sur les mesures politiques», poursuit le socialiste. Les questions et les interpellations se multiplient. «Est-ce que l’on donne des moyens pour les crèches ? Est-ce que l’on fait en sorte d’avoir les moyens fédéraux pour sauver les structures d’accueil de l’enfant (...) le soutien aux indépendants, aux travailleurs ? Combien est-ce que l’on donne ? Faut-il augmenter ce qui peut être touché via le RHT, le chômage partiel ? Sur ces mesures politiques, oui il y a un rôle du Parlement». On le voit, à gauche on demande davantage d’aides pour les «oubliés» du système, afin que personne ne reste sur le bord du chemin. Et à droite ?
Philippe Nantermod : «La priorité ? Retourner au travail»
Du côté du PLR, on estime que les aides ont atteint leurs limites. La solution ? Le retour au travail. «Je ne suis pas certain que les demandes vont aboutir. On sent que la priorité aujourd’hui, ce n’est plus d’augmenter les aides, mais de déconfiner et de retourner au travail». Philippe Nantermod explique que «la Suisse arrive ses limites de capacité en matière d’aides. Evidemment, on pourrait toujours aller plus loin, mais chaque centime dépensé, c’est un centime qui devra être payé. La priorité, c’est remettre en marche la machine. Pour des raisons économiques, mais aussi de santé publique. Si tout va bien, j’espère que l’on n’aura pas besoin de rajouter beaucoup d’aides supplémentaires».
Eviter la foire d’empoigne !
Pour le Conseil fédéral, comme pour les Chambres, il s’agit de trouver le bon équilibre entre santé et économie. Et afin que les débats ne tournent pas à la foire d’empoigne stérile, les élus ont reçu un «appel à la mesure». Comme le confirme le conseiller national PDC, Benjamin Roduit : «J’espère que l’on gardera une certaine sérénité ! Les chefs de groupe ont presque lancé un appel afin de faire preuve de modération». Pour Benjamin Roduit, cette modération est importante, car «du point de vue de la population et même du monde politique en ce moment, aujourd’hui même, on peut dire que le Conseil fédéral a très bien fait son travail et que l’on peut encore lui faire confiance». Dans ce cas-là, quel est l’intérêt d’un retour du Conseil national ? «Bien sûr, on va utiliser cette session au mieux possible ! On ne veut pas gaspiller notre temps et l’argent du contribuable», répond Benjamin Roduit. «On va avancer le travail qui nous attend pour le début de l’été avec nos contacts, nos réseaux, nos dépôts d’intervention». S’ils ne s’attendent pas à des décisions spectaculaires, les élus espèrent que la session extraordinaire du Conseil national débouchera sur des mesures concrètes. Comment gérer la crise ? Des divergences se font jour. La semaine prochaine risque d’être intense.