Attention, chute de pierres tombales: à Sion au cimetière St-François, tout fout le camp
Quel futur pour le cimetière Saint-François ?
Quel futur pour le cimetière Saint-François ? Planté en plein coeur de Sion, le site fait partie intégrante du patrimoine historique valaisan. Pourtant, une partie tombe en ruine. A tel point que la Ville de Sion met en garde le visiteur sur le «risque d’effondrement».
«Prudence ! Nous attirons votre attention sur le grand danger que peuvent représenter certains monuments mal entretenus (Risque d’effondrement). Nous déclinons toute responsabilité en cas d’accident.»
Le panneau apposé à l’entrée du cimetière Saint-François, en plein coeur de la Ville de Sion, peut surprendre. La municipalité avertit, c’est écrit noir sur blanc, que des pierres tombales peuvent s’effondrer, qu’il faut faire attention et que si vous êtes blessé, la Ville n’est en aucun cas responsable. «L’entretien des monuments incombe aux familles», affirment les autorités. C’est un fait, le cimetière Saint-François vieillit, il vieillit mal.
Comment en est-on arrivé là ?
Le cimetière St-François n’est pas un lieu comme les autres. Construit en 1852 (plan Ritz). Il est agrandi par deux fois, en 1897 puis 1924 vers le sud. Le cimetière prend définitivement sa retraite en 1987. Depuis, aucun ensevelissement n’a eu lieu : «Le cimetière fait partie intégrante de la vie des Sédunois. Il est un lieu de mémoire des grandes familles locales», nous dit-on au Service Bâtiment et Constructions de la capitale valaisanne.
En octobre 2015, le Conseil municipal décide de lancer un mandat d’étude parallèle, afin d’en faire un futur espace public, «tout en respectant la décence due aux morts». On apprend, dans un communiqué officiel d’avril 2016, qu’un projet appelé «Repose en ville» est choisi par un collège d’experts. Deux bureaux d’architectes, de Martigny et Nendaz, ont pour mission le respect du tracé historique, la préservation du caractère sacré des lieux et du dialogue respectueux avec le couvent des Capucins. La partie historique doit être maintenue, la partie sud transformée en espace public. Les travaux sont prévus pour 2017. Trois ans après, toujours rien.
Des travaux repoussés
Aujourd’hui, toujours pas de travaux entrepris dans l’enceinte du cimetiere. Et sur place donc, des tombes qui partent en ruine. Il n’est pas rare de voir des pierres tombales détruites, ou soutenues par des piliers de bois, des lierres sauvages qui mangent les inscriptions sur des tombeaux centenaires. Carole Schmid est conseillère municipale, en charge des Bâtiments et Constructions. Nous lui avons montré les photos prises par Rhône FM. Elle tient à répondre : «C’est un magnifique cimetière. Dans sa partie historique, Saint-François est classé au niveau cantonal, c’est à dire en degré 2. Mais vous savez, c’est un endroit encore très fréquenté. On y voit aussi des quantités de tombes bien entretenues. Quand les gens ont entendu que des travaux allaient être effectués, beaucoup se sont manifestés. Une pétition a été lancée... Ils avaient peur que leur cimetière disparaisse.»
Conséquence : les travaux prévus en 2017 ont été repoussés à une date non définie. Carole Schmid justifie le choix de la Ville : «Il faut donner du temps au temps. Ce projet doit se définir sur du long terme, c’est évolutif. Nous avons compris qu’il était prématuré d’amorcer des travaux, nous avons entendu les citoyens inquiets. Mais je tiens à dire que quoi qu’il arrive, la partie historique du cimetière ne sera jamais touchée». Une mesure sera prise cette année : «Nous allons interdire le dépôt des urnes funéraires dans la partie non historique. Comme ça avec le temps, dans 10, 15, 30 ans, plus personne ne sera directement touché, ça sera possible d’amorcer les travaux pour la partie sud du cimetiere».
Tombes abandonnées ? La Ville prend le relais
Reste malgré tout ce constat : des tombes endommagées présentent un danger à Saint-François. Que faire ? «Il est vrai que certaines tombes n’ont plus de descendants. A ce moment-là, la commune prend le relais et vérifie que cela ne représente pas de risque», répond la municipale en charge des cimetières. «Nous avons du personnel pour les cinq cimetières de la ville. Ce personnel passe régulièrement, plusieurs fois par semaine et vérifie l’état des tombes et consolide si besoin... D’où certaines structures de bois pour soutenir les pierres tombales. Sur le long terme, la ville prendra à sa charge toute la partie historique du cimetière. Mais une chose est sûre, pour l’heure, nous ne pouvons pas nous substituer aux familles encore présentes qui ont la responsabilité de l’entretien des tombes».
Interview de Carole Schmid ci-dessous