70% de la population valaisanne se rend en voiture à son travail. Manque d'alternative?
L’image du Valaisan, habitant une région rurale, excentrée et sans transport public est-il toujours d’actualité ? Les chiffres de la mobilité étaient discutés ce lundi lors d’une conférence sur la pendularité durable.
Les entreprises peuvent et doivent davantage s’impliquer pour favoriser la mobilité durable chez leurs collaborateurs et collaboratrices.
C’est l’une des conclusions d’une table ronde organisée ce lundi par différents acteurs valaisans actifs dans le monde de l’entreprise, de la mobilité et de la transition écologique.
Plusieurs solutions pour cela : participer aux frais de transports publics ou à l’achat d’un vélo, flexibiliser l’horaire de travail pour correspondre à l’arrivée des trains ou encore organiser du covoiturage. Un guide de la mobilité durable en entreprise a par ailleurs été publié en début d'année. Des mesures d’encouragement que soutient Véronique Besson-Rouvinez, présidente de l’association des entreprises Valais excellence, l’une des intervenantes de cette conférence.
Pour encourager cette transition, elle a mis en place la semaine de la mobilité pendulaire durable du 21 au 25 mars prochain. «Le principe est simple. On veut proposer au personnel des entreprises membres de tester, durant une journée ou plusieurs, de se déplacer sans leur voiture pour découvrir les possibilités offertes par les transports publics et la mobilité douce. Les participants peuvent ensuite répondre à un questionnaire pour analyser les gains d'une telle démarche*.»
«C'est une évidence, si la direction arrive devant la porte du boulot en Porsche tous les matins, c'est ensuite difficile de demander aux employés de venir en bus, en train ou à vélo. »
Véronique Besson-Rouvinez, présidente de l’association des entreprises Valais excellence
Cette démarche est d'ailleurs partie d'un constat dans son entreprise: quasiment le 100% de son personnel se déplace en transport individuel. Selon elle, il faut donc leur offrir davantage de solutions et cela commence par montrer l'exemple chez les cadres: «C'est une évidence, si la direction arrive devant la porte du boulot en Porsche tous les matins, c'est ensuite difficile de demander aux employés de venir en bus, en train ou à vélo. »
Ce genre d’initiative montre bien la difficulté de lâcher sa voiture, surtout en Valais. Les freins aux changements restent multiples selon les participants à la table ronde : le coût des billets, le manque de flexibilité lié à un horaire de transport public, les habitudes, le nombre de bus et de trains – souvent réduit à un voire deux par heure –, ou encore, la durée des trajets.
Valaisans des montagnes versus Valaisans des villes
Et pourtant, le mythe du Valaisan dans sa montagne, loin de transports publics, est depuis longtemps dépassé. Quelque 70% de la population vit à moins de 2 km d’une gare, selon Sébastien Métrailler, chargé de projet au service de la mobilité. C'est à peu près la même proportion qui habite en plaine. Et même si le tissu économique se déploie sur tout le territoire, la majorité des emplois se situent autour du Rhône.
«La première chose à dire, c'est que notre service ne souhaite pas mettre en confrontation les différents usagers de la mobilité, explique le spécialiste de la question à l'Etat du Valais. Notre objectif est de mettre le meilleur transport au meilleur endroit.» Il affirme que le niveau de qualité des transports publics est bien meilleur que chez nos voisins « Mais les efforts se poursuivent, affirme-t-il. Je conseille d'ailleurs à la population de regarder régulièrement les nouveaux horaires de transport. Beaucoup de lignes ont été améliorées et permettent une réelle alternative à la voiture.»
«La Confédération, le Canton, les Communes, mais également les associations, les entreprises et les citoyens doivent y mettre du leur, ajoute Véronique Besson-Rouvinez.» Selon elle, on ne peut pas attendre qu'il y ait davantage de lignes de bus pour agir. «Je ne veux pas non plus qu'il y ait des lois plus contraignantes pour les entreprises. D'expérience, je sais que lorsqu'on oblige les gens, certains s'opposent par principe et cela devient contre-productif. Il faut donc continuer à encourager plutôt que sanctionner.»