5 ans après le rejet de Sion 2026, le Valais peut-il encore rêver des JO?
Juin 2018 : le peuple valaisan disait non à l’organisation des JO 2026. Cinq ans après, quel est le bilan, quelles étaient les faiblesses du projet et le Valais peut-il encore rêver d’accueillir cet événement planétaire un jour ? Analyse avec un spécialiste du CIO.

On peut presque parler d’anniversaire de mort : voilà 5 ans que le projet Sion 2026 a quitté le devant de la scène. Le verdict était tombé en juin 2018. 54% des Valaisannes et Valaisans avaient dit non à l’accueil des JO d’hiver 2026 sur leur territoire. Malgré les mois de campagne, la population ne s’était pas laissé convaincre par ce projet qualifié de "durable et qui n’engendrerait aucune nouvelle construction".
"Le message n'est pas passé"
Que peut-on en dire aujourd’hui, avec 5 ans de recul ? Jean-Loup Chappelet est professeur honoraire à l’université de Lausanne, spécialiste du CIO et du management des organisations sportives. Pour lui, Sion 2026 a souffert d’un manque de dialogue entre les porteurs du projet et la population. "Jusqu'à la toute fin, beaucoup restaient convaincus que le projet impliquerait la construction de nouvelles infrastructures", observe-t-il, avant d'ajouter: "C'est sans doute aussi que Sion 2026 faisait office de pionnier en la matière. Jusqu'en 2018, l'accueil des JO rimait systématiquement avec des travaux pharaoniques. Aujourd'hui le message commence à passer, mais cela prend du temps."
"C'était la première fois qu'on proposait un projet sans construction. Les gens n'y ont pas cru"Jean-Loup Chappelet, professeur à l'UNIL et spécialiste du CIO
Perte de popularité
Les Valaisans ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir refusé un projet olympique. D'autres cantons et d'autres pays ont avorté des plans de la même manière, dont les Grisons et Berne. "Les JO ne suscitent plus la même ferveur qu'à l'époque", concède le professeur, "le CIO doit aussi s'adapter, tout comme Swiss Olympic".
Puisque pour Jean-Loup Chappelet, la Suisse a les moyens techniques d'accueillir des jeux d'hiver. "Des études de faisabilité ont été faites et l'opportunité technique existe. Il ne s'agit que de convaincre le peuple que c'est possible et qu'il y a des bienfaits."
"Les JO ne suscitent plus la même ferveur qu'à l'époque"Jean-Loup Chappelet, professeur à l'UNIL et spécialiste du CIO
Des Jeux en Valais encore possible?
Du côté de Swiss Olympic, on parle de poser une candidature pour les JO d'hiver de 2034, 2038, voire 2030 si l’organisation agit rapidement. Restera ensuite à savoir quel dossier choisir.
L’un d’eux est porté par un comité helvético-franco-italien autour de l’Espace Mont-Blanc. Preuve que le rêve olympique valaisan vit encore. Mais a-t-il plus de chances que celui de Sion 2026 ? "Les plans sont crédibles mais il y en a d'autres qui le sont davantage", avance Jean-Loup Chappelet. Le professeur désigne ainsi l'espace lémanique, en collaboration avec la Savoie, qui possède un tremplin et une piste de bob sur son territoire. "Mais le meilleur est à mon sens le projet alémanique, à cheval sur les cantons des Grisons, de Berne et de Zurich, où se trouvent déjà des installations qui coûtent cher à la construction."
Encore faudra-t-il recevoir l'aval du peuple. Dans tous les cas, le Canton avait annoncé en début d'année ne pas vouloir être porteur d'un nouveau projet olympique.
