20 ans des murs de graffitis légaux: "Sion était précurseure à l'époque!"
Elle avait été précurseure. Il y a 20 ans, Sion était l’une des premières villes en Suisse romande et en Europe à mettre à disposition des murs de graffitis légaux. Une génération après, on fait le bilan.
C’était complètement nouveau à l’époque. Il y a vingt ans, la commune de Sion mettait à disposition des murs vierges pour que les graffeurs de la région s’exercent en toute légalité.
La Ville était l’une des toutes premières à mettre en place ce genre de lieux. «En 2002, la seule ville qui avait un projet plus ou moins similaire, c'était Montréal», selon l'artiste-graffeur Issam Rezgui qui avait porté le projet auprès des autorités. Si depuis, des "espaces d'expression libre" ont fleuri un peu partout en Europe, le Valaisan ne connaît pas de ville avec un réseau aussi développé que Sion, c'est-à-dire 13 murs et près de 3000m2 de surface exploitable.
Faire baisser la criminalité
De son côté, les autorités de la capitale sédunoise continuent de promouvoir ces murs auprès des jeunes. Entre autres, au travers de sa campagne Le respect des gens et des choses. Un programme de prévention dispensé chaque année à quelque 340 jeunes de 8H. Car, selon Valentin Lonfat, responsable jeunesse pour la ville, ce genre d’initiatives participent à faire baisser le nombre de tags sauvages.
« Ce que l'on constate, si l'on se réfère au recensement des tags enregistrés par la police cantonale sur ces 10 dernières années, c'est que l'on a connu une baisse d'environ 40%. Par contre, depuis trois ans, les chiffres se sont stabilisés. Cela montre qu'il faut continuer la prévention.»
Tolérance zéro?
En moyenne, on compte un peu plus d'une plainte toutes les deux semaines à Sion. Les amendes vont généralement de 500 à 1000 francs. Pour compléter le volet prévention et celui de la répression, la Ville a également voté une politique de «réparation» fin octobre dernier.
Elle a décidé de rembourser la moitié des coûts de nettoyage aux propriétaires qui déclareraient un graffiti sur leur propriété. Le début d'une politique de tolérance zéro? « Ce n'est pas le terme que j'utiliserais, réagit Valentin Lonfat. Cette subvention est une approche intéressante, car pragmatique: il ne faut pas se voiler la face. Les tags existent, il faut donc soutenir les lésés. C'est une mesure complémentaire aux autres.»
Le choix de la légalité
Quant à Issam Rezgui, il n'entre pas dans le débat moral de la légalité (ou non). «La question c'est "pourquoi on peint"? Et pour moi, la réponse est simple: c'est parce que l'on a quelque chose à dire.» Certains commencent à l'adolescence, cela fait alors souvent partie d'une construction de l'identité, affirme le graffeur. «C'est une manière de prendre la parole dans la société ou dans un groupe. Une manière d'exister.» Pour lui, ces murs d'expression sont une façon de le faire de manière autorisée. Si aujourd'hui certains choisissent d'autres options, au moins, depuis 20 ans, cela donne le choix de la légalité.