Une Valaisanne à la première ZAD de Suisse. La désobéissance civile pour permettre un futur ?
Des dizaines de militantes et militants occupent depuis octobre dernier un bout de colline vaudoise. Le but : empêcher l’extension d’une carrière menée par l’entreprise Lafarge Holcim. Nous avons visité cette zone à défendre avec la Valaisanne du lieu. Au programme des discussions: écologie, champs des possibles, justice et violences.

1er épisode: "Tuile", une Valaisanne à la ZAD
Sauver ma vie, cela ne m'intéresse pas tant que ça. Ce qui m'intéresse, c'est créer des alternatives pour que celles et ceux qui survivront, aient d'autres imaginaires qui leur permettent de concevoir d'autres manières de fonctionner.
Tuile, zadiste valaisanne
C’était il y a trois mois : des militantes et des militants écologistes se mettaient à occuper un terrain dans le canton de Vaud, sur la commune de la Sarraz, entre Lausanne et Yverdon. La première ZAD de Suisse était née. Actuellement difficile de savoir combien les "zadistes" sont sur cette zone à défendre : plusieurs dizaines de personnes étaient pourtant présentes lorsque nous nous y sommes rendus. Des jeunes, en majorité, qui manifestent contre l’extension de la carrière de la multinationale Lafarge-Holcim. Parmi eux, une Valaisanne.
2e épisode: Des plaintes pénales contre une utopie
Il y a beaucoup de fils à papa qui occupent cette carrière, qui sont des étudiants à qui on paie des études à coup de centaines de milliers de francs en Suisse. Ils n'ont jamais eu besoin de se lever le matin pour aller travailler et aujourd'hui ils se permettent de faire la leçon au monde entier.
Philippe Nantermod, conseiller national PLR/VS
Violation de propriété et occupation illégale: les militantes et militants qui occupent le terrain sur la colline du Mormont sont sous le coup de plusieurs plaintes pénales. Des tracas qui ne les empêchent pas de créer - en attendant de se faire déloger par la police - un lieu de vie pour mettre en application leurs utopies. Pour ces jeunes Suisses, mais aussi Français ou Allemands, c'est le dernier moment pour changer de système, car il sera bientôt trop tard.
3e épisode: Quelle violence face aux pelleteuses?
Dans l'imaginaire collectif, il y a d'un côté la "violence" et de l'autre la "non-violence": on pense que c'est forcément un choix. En réalité, souvent cela n'est pas le cas. Nous par exemple, pour l'instant, on a le privilège d'être non-violents, parce que la répression est quasi-inexistante. C'est sûr que jamais on ne choisira la violence consciemment. On sait que face aux forces policières, on n'a aucune chance, on se ferait laminer en deux deux. Mais on ne se considère pas "non-violents" pour autant."
Tuile, zadiste valaisanne
Après la votation (rejetée) pour des multinationales responsables, certains membres du collectif de la ZAD ont appelé au "sabotage". Les conséquences matérielles de cet appel semblent avoir été minimes. L'image des zadistes a pourtant été bien écornée. Le débat dans les villages alentours est d'ailleurs polarisé : soit on adore l’idée de cette zone à défendre, soit on est scandalisé que des gens occupent une propriété privée. Dans tous les cas, le débat sur la multinationale Lafarge-Holcim a été lancé. Dans ce dernier épisode, nous parlons du rapport à la violence.
L’autorisation d’étendre la carrière est actuellement combattue par des associations écologistes devant la justice. Le Tribunal fédéral devrait se prononcer d’ici ce printemps.