Serge Sierro : « Je suis satisfait que ce vote mette fin au conflit interjurassien »
La ville de Moutier a décidé de rejoindre le canton du Jura. Le vote de dimanche met fin à la Question jurassienne et à des décennies de conflit. Le point avec l’ancien président de l’Assemblée interjurassienne, l’ancien conseiller d’Etat valaisan Serge Sierro.

Moutier a choisi le Jura ! La population prévôtoise l’a décidé dimanche à presque 55% des voix. Ce vote met fin à la Question jurassienne et à plusieurs décennies de conflit, dont les origines remontent à 1815. Après les guerres napoléoniennes, la région du Jura, qui appartenait à l’Evêché de Bâle, a été rattachée au canton de Berne lors du Congrès de Vienne. Elle est cependant placée dans un état de dépendance politique. Les volontés séparatistes apparaissent véritablement dans les années 1940. La création du canton du Jura en 1979 ne règle pas tout. L’Assemblée interjurassienne (AIJ) a été fondée en 1994 pour trouver des solutions à la problématique du Jura bernois.
« Pas inquiet » pour la minorité francophone bernoise
L’ancien conseiller d’Etat valaisan Serge Sierro a présidé l’AIJ de 2003 à 2010. C’est sous son mandat qu’a été initiée la solution démocratique qui s’est concrétisée hier. Indépendamment du résultat, le Sierrois se dit satisfait de la fin de la Question jurassienne. Il ne se fait pas de soucis pour la minorité francophone bernoise, qui se retrouve amputée de presque 7'500 personnes. « Le Conseil-exécutif du canton de Berne est attentif à cette minorité. Il sait qu’il a un rôle particulier à jouer en Suisse. C’est un canton tampon entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Les Bernois jouent un rôle différent des Zurichois vis-à-vis des Romands », explique Serge Sierro.
La minorité francophone du canton de Berne jouit d’une « protection » au niveau institutionnel. Un certain nombre de sièges au Grand Conseil lui est garanti. Elle est aussi assurée d’être représentée au gouvernement par un conseiller exécutif, poste occupé actuellement par l’UDC Pierre-Alain Schnegg.
Des décennies de tensions
Le résultat de dimanche clôt une longue période de tensions entre les autonomistes jurassiens et les anti-séparatistes. Le conflit a notamment été alimenté par deux mouvements de jeunesse dont les noms ont marqué les mémoires : le groupe Bélier, séparatiste, et le groupe Sanglier, pro-bernois. Serge Sierro a vécu ces tensions régionales de l’intérieur. « Le 8 février 2010, j’avais réuni à Tramelan tous les groupes antagonistes jurassiens. Les deux gouvernements cantonaux m’avaient dit que je prenais de gros risques. Ces gens ne s’étaient plus rencontrés depuis des années. Le gouvernement bernois avait envoyé, dans l’incognito, un détachement de policiers pour qu’ils puissent intervenir si besoin. Personne n’était au courant à part moi. Finalement, tout s’est très bien passé », raconte l’ancien conseiller d’Etat valaisan.
Le processus d’intégration de Moutier au canton du Jura prendra quelques années. Le gouvernement jurassien se fixe pour objectif le 1er janvier 2026.