Les jeunes Zurichois se sentent moins en sécurité qu'il y a dix ans
Les jeunes du canton de Zurich se sentent nettement moins en sécurité aujourd'hui qu'il y a dix ans. Près d'un jeune sur quatre déclare avoir été victime d'un acte de violence au cours des 30 derniers mois.
Les lésions corporelles sans armes sont la forme la plus fréquente de violence à laquelle les jeunes ont été confrontés durant la période allant de 2014 à 2021, selon une étude de l'Université de Zurich qui a été présentée mardi. Les auteurs ne constatent pas d'augmentation importante dans ce domaine. Il y a même parfois une stagnation de ces actes.
En revanche, l'augmentation des vols et des extorsions avec menace de violence est beaucoup plus évidente, peut-on lire dans l'étude. Les délits sexuels, qu'il s'agisse de contraintes sexuelles graves ou des formes de harcèlement sexuel dans le cadre scolaire et les médias sociaux, sont aussi en hausse. Ces délits n'avaient augmenté que lentement jusqu'en 2014.
Les auteurs de l'étude constatent aussi une forte augmentation de la consommation de pornographie chez les jeunes. Près de la moitié des jeunes de 15 et 16 ans consomment des contenus pornographiques au moins une fois par semaine.
En 2021, 23,9% des jeunes interrogés ont déclaré avoir été victimes d'un acte de violence au cours des 30 derniers mois. Cela correspond à une hausse de 46% par rapport à 2014. C'est toutefois moins qu'en 1999 et en 2007 où plus d'un quart des personnes interrogées déclaraient avoir été victimes d'au moins une agression.
Subjectivement, les jeunes se sentent nettement plus menacés que lors de l'enquête menée en 2014. Statistiquement, la menace perçue a partout augmenté de manière "très significative". Elle n'a jamais été aussi élevée depuis le début de l'enquête en 1999, selon l'étude.
C'est dans l'espace public, par exemple aux arrêts de bus, que le sentiment de menace est le plus évident. Il est par contre nettement plus bas à l'école.
L'étude confirme les tendances qui ressortent des statistiques policières sur la criminalité. Après une augmentation de la violence chez les jeunes entre les années 1990 et le milieu des années 2000, il y a eu un recul marqué jusqu'en 2015. Les chiffres sont à nouveau en hausse depuis quelques années.
Pour les autorités cantonales, l'étude montre que "des efforts supplémentaires sont nécessaires pour lutter contre la violence des jeunes". Les mesures existantes doivent être poursuivies et renforcées, peut-on lire dans un communiqué de la chancellerie cantonale.
Les efforts de prévention ont déjà été renforcés à plusieurs reprises. Depuis 2021, la lutte contre la criminalité chez les jeunes "constitue une priorité pour la police cantonale", précise le groupe de coordination "violence chez les jeunes". Un "vaste projet de prévention" a été lancé en collaboration avec les polices municipales de Zurich et Winterthour, ainsi que la justice pénale des mineurs.
Le canton examine actuellement quelles mesures permettraient "d'améliorer encore la prévention" dans les écoles. Le comportement délictueux des jeunes est aussi "analysé en permanence" par la justice pénale des mineurs. Les "points chauds" sont identifiés et les groupements de jeunes à problèmes "sont brisés de manière ciblée" dans le but d'empêcher d'autres délits.
L'étude sur le "développement des expériences de violence chez les jeunes du canton de Zurich 1999-2021" a été réalisée par le Jacobs Center for productive youth development de l'Université de Zurich. En 1999, 2007 et 2014 plus de 2500 apprentis de tous les types de formation ont été interrogés. Des élèves âgés de 15 et 16 ans ont également participé à l'étude. Pour 2021, 4400 jeunes de 13 à 19 ans ont été interrogés.