"Le calme avant la tempête", disent les experts de la Confédération
La propagation rapide du variant Omicron est le prochain danger, malgré l'actuel léger recul du nombre de cas et d'hospitalisations, selon les experts de la Confédération. L'Office fédéral de la santé publique recommande désormais une dose de rappel après quatre mois.
La Suisse se trouve vraisemblablement dans une phase de plateau. "Malgré cela, nous continuons d'afficher l'un des taux d'incidence les plus élevés d'Europe", a rappelé mardi à Berne devant les médias Patrick Mathys, chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l'OFSP.
Le nombre des hospitalisations diminue légèrement, mais la charge pesant sur les hôpitaux reste forte. Plus d'un tiers des personnes hospitalisées dans les unités de soins intensifs en Suisse sont des patients Covid.
La légère détente actuelle doit être interprétée comme "le calme avant la tempête", a aussi prévenu M. Mathys. Cela parce qu'Omicron est plus facilement transmissible et peut en partie contourner la réponse immunitaire.
La pression sur les hôpitaux va probablement augmenter de manière significative. Il reste à voir si les mesures actuelles d'endiguement seront suffisantes, a poursuivi le spécialiste de l'OFSP.
Les données actuelles sont toutefois en grande partie liées au variant Delta. Patrick Mathys s'attend à un doublement des cas d'Omicron tous les trois à quatre jours, comme on peut le voir au Danemark ou en Grande-Bretagne.
Ce variant représente vraisemblablement 10 à 20% des cas à l'heure actuelle. Il devrait être dominant en Suisse au plus tard début janvier, selon M. Mathys.
Et avec Omicron, les personnes vaccinées et guéries ne sont pas à l'abri d'une infection ou d'une réinfection, a renchéri Christoph Berger, président de la commission fédérale pour les vaccinations.
Mais il y a pour l'instant peu de données sur Omicron. On ne sait par exemple pas s'il peut conduire à davantage de décès et d'hospitalisations que le variant Delta. Ou s'il touche davantage certaines catégories d'âges.
La dose de rappel, recommandée officiellement mardi par la Confédération, contribue cependant à remonter le taux d'anticorps et l'efficacité du vaccin, à 75% ou 80%, selon Christoph Berger. Les plus de 65 ans et les personnes à risque doivent être prioritaires pour éviter des complications et des hospitalisations. Pour les 16-65 ans, il s'agit d'éviter la circulation trop rapide du virus et des symptômes importants.
Jusque-là, la recommandation était de six mois après la deuxième dose. Mais l'immunisation de base est nettement plus faible et diminue plus rapidement avec le variant Omicron qu'avec le variant Delta. Une infection au Covid-19 plus de quatre mois après une vaccination de base sert aussi de "booster", a précisé Christoph Berger. La dose de rappel n'est alors pas nécessaire.
La vaccination de rappel est également recommandée aux personnes immunodépressives qui ont reçu trois doses de vaccin à ARN messager (ARNm) pour l'immunisation de base. Elle est aussi recommandée pour les personnes ayant reçu la dose unique du vaccin Janssen. Celles-ci devraient recevoir une dose de rappel d'un vaccin à ARNm, à condition qu'un tel vaccin ne soit pas exclu ou contre-indiqué pour elles.
Dans les cantons, le tableau reste contrasté, notamment en ce qui concerne le traçage de contacts, les capacités de tests ou la charge hospitalière. Les hôpitaux sont toujours fortement sollicités, mais la coopération intercantonale fonctionne bien, a relevé de son côté Rudolf Hauri, président de l'Association des médecins cantonaux de Suisse.
Concernant les capacités de vaccination, elles ont été ajustées à la hausse pour la dose de rappel et la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, a ajouté M. Hauri. Un nouvel ajustement aura lieu, maintenant que le booster est recommandé dès quatre mois après la deuxième dose. "Certains grands cantons font face à des goulets d'étrangement, il faudra donc un peu plus de temps pour que tout le monde reçoive une dose de rappel."