La retraite des femmes à 64 ans dans le canton, c'est niet
Le Grand Conseil vaudois ne veut pas d'un dispositif cantonal permettant aux femmes de bénéficier d'une rente-pont de 64 à 65 ans d'un montant équivalant à l'AVS. Il a classé mardi une motion en ce sens d'Ensemble à gauche.

Les Vaudois, contrairement à la population suisse, ont refusé le report de l'âge de départ en retraite des femmes de 64 à 65 ans par 62,1% des suffrages. Pour respecter cette "forte volonté populaire", il est opportun de mettre sur pied un dispositif cantonal permettant aux femmes de bénéficier d'une rente-pont de 64 à 65 ans, a déclaré l'auteur de la motion Hadrien Buclin (Ensemble à gauche - POP).
Ce dispositif coûterait entre 100 et 130 millions par an. Selon le député de la gauche radicale, un tel montant est aisément supportable pour les finances de l'Etat, sachant que le canton a dégagé plus d'un demi-milliard d'excédent annuel ces dernières années.
Parmi d'autres arguments, il a cité le fait qu'une telle rente-pont est particulièrement souhaitable pour des travailleuses exerçant des métiers pénibles. Elle permettrait aussi au canton d'agir pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
Rectificatif juste
Cette mesure de politique sociale a été largement plébiscitée dans les rangs de la gauche. Les députés ont estimé en substance que c'était un bon moyen de compenser les inégalités - salariales, de rente et domestiques - dont sont victimes les femmes tout au long de leur vie.
Cette motion "représente un rectificatif juste et équilibré", a relevé la socialiste Claire Attinger Dopper. Son collègue Jean Tschopp a souligné que les femmes touchaient en moyenne 34% de rente en moins que les hommes. Il a également relevé que la motion prévoyait la nécessité de résider dans le canton depuis au moins trois ans "pour éviter une forme de tourisme".
Pas de compétence cantonale
Le bloc de droite a dénoncé "une vaudoiserie" de plus. L'objet est de compétence fédérale et non cantonale. "On ne peut faire fi du fédéralisme. Au niveau du Grand Conseil, on n'a pas cette compétence", a lancé la PLR Florence Bettschart Narbel.
Ce texte entraînerait de nouvelles inégalités. "On oublie les hommes qui travaillent sur un chantier jusqu'à 65 ans", a ajouté sa collègue Florence Gross. De plus, les excédents ne sont pas éternels, ont souligné plusieurs députés.
Au vote, la motion a largement été balayée par 80 non contre 58 voix pour.