Elise Buckle évoque son départ de manière ambiguë
Nouvel épisode dans la crise entre l'Exécutif de Nyon (VD) et la municipale suspendue Elise Buckle: l'élue verte a annoncé mardi dans une lettre alambiquée "s'en remettre au choix démocratique" et "honorer son mandat" jusqu'à de nouvelles élections.
Dans une lettre envoyée mardi au président du Conseil communal et au syndic de Nyon transmise à la presse, Elise Buckle n'annonce pas explicitement sa démission. "C’est à vous, les Nyonnais et les Nyonnaises de décider de la suite. Je prends ma responsabilité en m’en remettant à la démocratie", souligne-t-elle dans sa missive, sous-entendant qu'elle pourrait éventuellement se représenter.
Dans le même temps, la politicienne évoque un départ effectif "après les nouvelles élections qui seront organisées, probablement au printemps 2023. D’ici là, je m’en remets pleinement au Conseil d’Etat concernant la potentielle levée de suspension avant la fin de 2022."
L'écologiste précise avoir assuré sa défense juridique par ses propres moyens et qu'elle ne souhaite recevoir aucune aide financière de la commune de quelle nature que ce soit.
Interrogés par Keystone-ATS, plusieurs politiciens nyonnais n'ont pas pu expliciter clairement la position de Mme Buckle, même dans sa famille politique. "Pour nous, cette lettre sonne plus comme un manifeste qu'une démission, car elle ne contient aucune date précise de départ", a déclaré Alexander Federau, chef du groupe des Verts au Conseil communal nyonnais.
En revanche du côté de la Municipalité, le syndic Daniel Rosselat, interrogé dans Forum sur la RTS, considère la lettre de Mme Buckle comme une annonce de démission.
Un peu plus tôt dans la journée, la Municipalité reprochait à l'élue verte d'avoir violé une convention, dûment signée devant le Ministère public. Cette convention prévoyait le retrait d'une plainte pour violation du secret de fonction en échange de sa démission.
L'Exécutif a "tenu son engagement" en retirant sa plainte le 10 octobre dernier. Mais il constate qu'aucune lettre de démission n'a été envoyée par Mme Buckle au 31 octobre. Une mise en demeure lui a été adressée. "Celle-ci est restée sans effet à ce jour."
La convention a été le fruit de négociations qui ont duré plusieurs mois, précise la Municipalité. Cette dernière indique en outre avoir accepté, "suite aux demandes de Mme Buckle", le principe d'un versement financier visant à l'accompagner dans sa "reconversion professionnelle". Contacté par Keystone-ATS, le syndic de Nyon Daniel Rossellat n'a pas voulu en révéler le montant.
La Municipalité se déclare "d'autant plus consternée par le non-respect de l'accord que ce dernier a pu être conclu compte tenu que Mme Buckle, pour reprendre les termes de la convention, considérait qu'il n'est plus envisageable pour elle de réintégrer le collège. Issue qui semblait par ailleurs lui convenir parfaitement jusqu'à tout récemment."
Jeudi dernier, le Parquet a annoncé avoir rendu une ordonnance de classement - notifiée le même jour aux parties - dans le cadre de la procédure visant Elise Buckle. L'enquête n'a "pas révélé d’intention, ni établi de faits objectifs ou suffisamment caractérisés pour être constitutifs d’une infraction de violation du secret de fonction", avait expliqué Vincent Derouand, porte-parole du Ministère public, confirmant une information de la RTS.
L'Exécutif nyonnais a la possibilité de faire recours contre cette ordonnance de classement. Il peut le faire dans un délai de 10 jours après la notification aux parties. Il a annoncé mardi qu'il évaluera "rapidement" quelles actions il entend mener sur les plans juridique et institutionnel et se réserve "tous ses droits à ces égards".
La plainte contre la municipale avait été déposée en décembre 2021. Le collège lui reprochait "des fuites préjudiciables à la bonne marche de la Municipalité" dans le cadre d'une enquête administrative sur des dysfonctionnements dans l'administration. L'élue, qui a débuté son mandat en juillet 2021, avait été suspendue de ses fonctions en février dernier, peu après l'ouverture de l'instruction par le Parquet.
Keystone-ATS n'a pas pu consulter la convention en question et n'a donc pas pu vérifier les affirmations de l'Exécutif.