Dès lundi, Lausanne introduit le 30 km/h de nuit
Lausanne devient la première ville de Suisse à généraliser le 30 km/h la nuit. Dès lundi, elle va abaisser la vitesse dans 120 rues et les équiper de panneaux de signalisation. L'opération devrait durer 7 semaines. Objectif: lutter contre les nuisances sonores.
Mardi, aux abords du bruyant carrefour des Figuiers, Florence Germond, municipale lausannoise de la mobilité, a dit son "plaisir et sa très grande émotion" de voir se réaliser un projet qui avait débuté en 2017 par des tests aux avenues de Beaulieu et de Vinet. "Après plusieurs étapes et non des moindres, nous allons commencer lundi à poser les premiers panneaux dans toute la ville", a-t-elle annoncé.
Pour la municipale, il s'agit d'un "très grand pas" en faveur d'une meilleure santé de la population: 33'000 habitants verront leur qualité de vie augmenter et leur sommeil s'améliorer, a-t-elle noté.
Dès la mi-septembre, la vitesse sera ainsi abaissée à 30 km/h entre 22h00 et 06h00 du matin sur près de 60 kilomètres de voirie urbaine. Seules une quinzaine de rues resteront à 50 km/h, notamment les axes "pénétrants" de la ville (route de Romanel, de Berne...), ainsi que les bords du lac.
Les critères de sélection fixés par l’Etat de Vaud ont porté sur la densité de population où des dépassements de valeurs limites du bruit ont été constatés avec un seuil fixé à 200 habitants/km.
Il s'agit d'"une première en Suisse pour une ville de cette taille", a précisé la municipale. "Si Sion a annoncé récemment le 30 km/h au centre-ville, nous souhaitons au contraire travailler dans les quartiers".
Près de 610 panneaux de signalisation devront être installés. Les premiers tronçons routiers seront ceux situés au bord du lac. Le déploiement se poursuivra ensuite vers le centre de la ville et se terminera au nord. Son coût s’élève à 295'000 francs.
Les essais effectués ont démontré que la vitesse de nuit à 30 km/h permet de réduire le bruit moyen de deux à trois décibels, avec une réduction par deux du bruit ressenti. Avec moins 80%, l'impact est aussi considérable sur les bruits de pointe, causés par des par accélérations excessives, qui réveillent la population, a rappelé la directrice de la mobilité.
En parallèle, une cinquantaine de carrefours, soit près d'un tiers, vont passer aux feux clignotants depuis 22h00 ou minuit. Ce afin d’améliorer la fluidité du trafic.
Les autorités se montreront tolérantes pendant la période de mise en place des panneaux. Une soixantaine d'indicateurs de vitesse seront posés dans toute la ville afin d'accompagner efficacement les automobilistes, a souligné la municipale.
L'impact sur les bus sera important, concède-t-elle. Mais contrairement à Zurich, Lausanne a encore une marge de manoeuvre en ce qui concerne les mesures de priorisation des transports publics. Elle y travaille avec les tl (transports publics de la région lausannoise), afin de contrebalancer la réduction de la vitesse.
Quant aux feux bleus, "le but n'est pas de leur compliquer la vie", a noté Mme Germond. Depuis 2019, la ville ainsi que des parlementaires vaudois et genevois sont intervenus, pour l'heure sans résultat, auprès de la cheffe du Département fédéral des transports Simonetta Sommaruga, afin que des exceptions puissent être mises en place.
Au vu du consensus politique en la matière, Florence Germond a profité mardi de lancer un appel à la conseillère fédérale afin qu'elle présente au Parlement une modification de la loi sur la circulation routière (LCR). "Nous n'allons pas empêcher des dizaines de milliers de personnes dans toute la Suisse de bénéficier d'un repos nocturne parce que la LCR n'est pas bien ajustée", a-t-elle observé.
La directrice de la mobilité s'est par ailleurs réjouie des propos du procureur général vaudois Eric Cottier, qui a récemment déclaré que le Ministère public allait analyser avec compréhension les situations en lien avec les ambulanciers et la police.