Coup dur pour l'environnement face aux intérêts énergétiques
La construction d'infrastructures de production d'énergie renouvelable pourrait être facilitée en Suisse. Une Commission du Conseil national a approuvé cette semaine une initiative parlementaire du PDC valaisan Sidney Kamerzin.

La construction d'infrastructures de production d'énergie renouvelable pourrait être facilitée en Suisse. L'initiative parlementaire du conseiller national valaisan Sidney Kamerzin a franchi mardi à Zurich une première étape. Le texte de l'élu PDC a été accepté par la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie. La missive demande que les projets de construction, de rénovation ou d'agrandissement d'infrastructures de production d'énergie renouvelable soient considérés comme prépondérants par rapport aux autres intérêts, notamment environnementaux. "Un projet à Lugnez, dans les Grisons et un autre au Grimsel, sont bloqués depuis des années : c'est inacceptable", s'insurge Sidney Kamerzin.
"Les organisations environnementales mettent des bâtons dans les roues sur chaque projet d'énergie renouvelable."
Sidney Kamerzin, conseiller national valaisan (PDC)
Douze conseillers nationaux ont co-signé cette initiative parlementaire, dont les Valaisans Philippe Nantermod, Jean-Luc Addor, Phillipp-Matthias Bregy, Benjamin Roduit et l'ex-élu fédéral Franz Ruppen.
Eviter un blackout
Selon la Commission fédérale de l'électricité, dix térawattheures – sur 60 consommés annuellement – pourraient bientôt manqués chaque hiver en Suisse. " Avec la fin du nucléaire, il manque 30% de la production d'électricité. L'abandon de l'accord-cadre avec l'Union européenne a aussi des conséquences. Un élément essentiel de cette relation avec l'UE, c'était l'accord sur l'énergie. Aujourd'hui, les voisins européens vont privilégier les membres de l'UE en matière d'électricité", indique Sidney Kamerzin. Et pour combler ce déficit en électricité, le Valais peut avoir un rôle important.
"Le Valais pourrait produire avec ses barrages un tiers du déficit en électricité de la Suisse."
Sidney Kamerzin
L'environnement en second plan
Faire passer l'intérêt énergétique en priorité, pousse les autres intérêts, notamment environnementaux, en second lieu. Toutefois Sidney Kamerzin se veut rassurant, il n'y aura pas de construction tous azimuts de nouveaux barrages, de parc éoliens ou d'installations solaires : "L'idée n'est pas de dénaturer nos vallées mais de permettre d'exploiter les meilleures possibilités, en respectant les intérêts en présence tout en donnant une priorité à l'énergie." Le texte a suscité en commission une levée de boucliers des écologistes. Les élus verts craignent de ne plus pouvoir intervenir dans les procédures pour bloquer les projets à fort impact sur l'environnement. Les écologistes mettent en avant aussi un problème constitutionnel. Est-il possible de favoriser un intérêt plutôt qu'un autre ? Sidney Kamerzin le croit : "Certaines lois utilisent déjà ce principe de priorisation des intérêts."
Prochaine étape
L'initiative parlementaire passe désormais en main du Conseil des Etats. Sa Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie étudiera à son tour le texte. En cas de vote favorable, le Conseil fédéral sera chargé d'élaborer un projet de loi, qui sera ensuite soumis aux deux chambres. Sidney Kamerzin s'attend d'ores et déjà à un débat musclé. " La Suisse a décidé de sortir du nucléaire. On doit trouver des solutions pour combler le déficit en électricité. Il y a des divergences mais il faudra faire des choix politiques. Je me réjouis du débat", conclut Sidney Kamerzin.