Une Coupe du Monde de ski alpinisme en Azerbaïdjan : une première qui divise les athlètes
Une fois n'est pas coutume, la Coupe du Monde de ski alpinisme fait halte en Azerbaïdjan ce week-end. Un choix qui ne fait de loin pas l'unanimité au sein des coureurs.
La Coupe du Monde de ski alpinisme bat son plein. Après une première épreuve à Courchevel mi-décembre, les athlètes ont cette fois rendez-vous à plusieurs milliers de kilomètres, en Azerbaïdjan. Plutôt concentrée dans les Alpes depuis sa création, la discipline, désormais olympique, est obligée de s'expatrier aux limites des frontières du Vieux Continent. Si cette contrainte ne fait pratiquement pas débat dans la sphère du ski alpinisme, le choix du pays organisateur divise.
Une question éminemment écologique
Neuf courses de Coupe du Monde, dont huit en dans des pays habitués à recevoir de telles épreuves. Si le calendrier de la saison 2024/2025 possède un fort accent traditionnel, ce n'est rien d'inhabituel. En revanche, l'épreuve en Azerbaïdjan est une première. En 2017 déjà, l'ISMF, la fédération internationale de ski alpinisme avait organisé des épreuves en Chine. Des courses reconduites auxquelles certains pays avaient refusé de participer pour plusieurs raisons. Ce coup-ci, les responsables ont décidé de miser sur le Caucase.
À l'époque, le Valaisan Arnaud Gasser avait participé aux épreuves chinoises. S'il se montre sceptique sur le choix de l’Azerbaïdjan, il voit d'un bon œil l'ouverture des portes de la Coupe du Monde du ski alpinisme aux autres régions du monde. "C'est un sujet délicat. Ce qui est sûr, c'est que pour faire du ski, c'est une destination exotique. Après, je comprends le souhait de la Fédération d'essayer de se développer hors de l'Europe. Les courses sont très centrées sur les pays alpins et je pense que c'est une bonne chose de vouloir s'étendre. Maintenant, est-ce que l'Azerbaïdjan est vraiment la bonne destination pour faire briller notre sport ? Ça, je n'en suis pas du tout convaincu."
Si la participation d'Arnaud Gasser n'a jamais semblé être floue, celle de Matteo Favre l'a été. "C'est sûr que c'est inhabituel d'aller aussi loin. Pour être honnête, ça a été un choix mental très difficile. J'évite le plus possible de prendre l'avion", explique le Sédunois de 23 ans. "Lorsque je fais de grands voyages, j'essaie de tout faire en train, peu importe l'endroit en Europe. Il y a deux ans, j'avais été jusqu'en Norvège pour une épreuve de Coupe du Monde. Le trajet m'avait pris deux jours et demi", sourit-il. Une position vis-à-vis de l'écologie que Matteo Favre assume jusqu'au bout. Pour son coéquipier de l'équipe nationale, Arnaud Gasser, ce sujet est compliqué à traiter pour les athlètes.
L'Azerbaïdjan préférée à l'Amérique du Nord ?
Deux avis à priori différents, mais pas tant que ça au final. Reprenons. Le ski alpinisme fera sa première apparition à des Jeux olympiques lors de Milan-Cortina en 2026. Pour rentrer dans les standards des JO, la discipline se doit d'être internationale. Elle est donc obligée de s'ouvrir à plus de fédérations, aux autres continents, à l’instar du ski alpin où de nombreuses tournées nord-américaines existent, entre autres. Un exemple qui trouve son chemin entre les deux Valaisans. "On aimerait beaucoup une tournée nord-américaine. Mais dans ce cas précis, nous allons y aller de manière curieuse, voir ce qu'il se fait et on verra bien", dit Arnaud Gasser. De son côté, Matteo Favre déplore encore plus le choix de ne pas avoir suivi l'exemple du grand frère de la discipline, le ski alpin.
Une qualif' aux JO à aller chercher
S'opposer au choix de l’Azerbaïdjan par valeur, mais décider d'y participer quand même. Le choix de Matteo Favre peut à première vue surprendre, mais la raison est trouvée : le rêve d'une existence pour un sportif, les Jeux olympiques de Milan-Cortina en 2026. Le sprint et le relais seront notamment au menu, et seulement deux tickets par nation seront attribués selon les résultats de cette saison. Des places donc très chères, où la qualification peut se jouer sur une course. "Les sélections olympiques se feront sur les quatre meilleurs résultats de la saison. C'est aussi pour cela que j'ai décidé d'aller en Azerbaïdjan, afin de m'offrir une chance supplémentaire de performer. J'espère réussir à monter sur un podium durant l'hiver, mais je n'ai pas vraiment d'objectif bien précis par épreuve".
En année de qualification olympique, Arnaud Gasser a pu profiter des installations de Macolin lors de son service militaire. Une chance que l'intéressé mesure parfaitement. "Cela change énormément de choses. À Macolin, durant 18 semaines, j'ai pu être 100% focus sur la préparation et me concentrer uniquement sur mon sport. Ça augmente la qualité des entraînements et nous sommes encadrés toutes les semaines par les entraîneurs nationaux. C'est un énorme gain pour ma carrière", se réjouit le Valaisan. Préparé dans les meilleures conditions possibles, Arnaud Gasser ne veut toutefois pas se mettre trop de pression avec les Jeux olympiques.