"Crans-Montana ne peut plus attendre" : Jean-Philippe Rochat, candidat au Conseil de la FIS
Le Congrès de la FIS prévu cette semaine à Reykjavik est très attendu. La gouvernance mondiale du ski, du snowboard et de ses disciplines affiliées est mise à mal. La voix de la Suisse sera portée par Jean-Philippe Rochat, candidat au Conseil de la FIS, pour remplacer Urs Lehmann. Interview.
Jean-Philippe Rochat, cela fait bientôt deux mois que vous êtes candidat pour entrer au Conseil de la FIS. Pourquoi cette candidature ?
Ma candidature a été proposée par Swiss Ski afin de remplacer Urs Lehmann. Ses activités professionnelles et son engagement pour la fédération nationale ont conduit à cette solution. Sans parler des tensions qui règnent entre lui et le président de la FIS. Il était donc question que la Suisse soit représentée par une personne un peu plus indépendante.
Vous vous êtes proposé ? On est venu vous chercher ?
On est venu me rechercher. Pendant une longue période j’ai suivi tout cela de l’extérieur, en tant qu’observateur intéressé. Swiss Ski est venu me retrouver en sachant que je connais bien les arcanes du sport international et en sachant que ma passion pour le ski est restée intacte malgré les années qui passent.
Chez certains de nos confrères vous avez tenu des propos alarmistes, en disant que la FIS allait droit dans le mur ? Qu’est-ce que vous vouliez dire au juste ?
La FIS fait face à des défis majeurs. D’abord parce qu’elle est divisée en ce moment. Le premier objectif est donc de la réunir en respectant la diversité des délégations qui la composent. Par ailleurs, le ski fait face aux changements sociétaux et climatiques. Si la Fédération n’arrive pas à traiter ces problèmes, je pense qu’on va vers un déclin du ski, notamment au niveau du rôle qu’il joue parmi les sports olympiques d’hiver. Sur le plan international, nos disciplines ne jouissent pas d’un rayonnement aussi important qu’en Suisse. Il faudrait éviter que le ski ne redevienne qu’un simple phénomène national.
Quelle est la marge de manœuvre du Conseil de la FIS ?
Elle n’est pas énorme. Des modifications récentes des statuts ont donné plus de pouvoir au président. Si le Congrès porte les personnes compétentes de manière conjointe, on pourrait aller vers une meilleure gouvernance. Avec un groupe de gens indépendants, qui puisse refaire passer les intérêts du sport au-dessus des intérêts individuels des fédérations. Mais ça ne va pas de soi.
Et quelles sont vos chances d’être élu, après bientôt 8 semaines de campagne ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer un certain nombre de fédérations lors des séances de commission en Slovénie il y a quelques semaines. Mon impression est relativement bonne. Toutefois, je connais assez le fonctionnement du sport international pour savoir que les promesses de vote ne sont pas toujours tenues. Je vois mal la FIS se passer d’une représentation de la Suisse. Il faudra néanmoins être bien élu pour avoir plus de poids dans les discussions.
On vous présente comme un pacificateur. Est-ce que votre mandat est suffisamment clair ?
Il est très clair. La plupart des fédérations souhaitent davantage de clarté et de transparence dans la gouvernance. Ce n’était manifestement pas le cas lors des deux années précédentes. L’autre chantier, c’est effectivement celui de l’apaisement. Il faut retrouver un climat de travail qui permette d’avancer pour le bien commun, dans un esprit de solidarité.
Quels sont les vents contraires ? Qu’est-ce que qui pourrait mal se passer pour la Suisse et pour le ski en général ?
La Suisse suscite quelques jalousies, quelques réserves de la part de la présidence de la FIS, en raison notamment des divergences concernant la centralisation des droits. Un geste d’humeur ou des manœuvres électorales ne sont pas à exclure. Il faut y aller avec beaucoup d’humilité et de modestie. Sans peur, aussi.
Quoi qu’il en soit, si vous êtes élu, le train sera déjà en marche. Ça sera difficile d’implémenter des changements à court terme ?
Vous avez raison. Pour l’hiver prochain, le programme est quasiment finalisé. Mais c’est un processus qu’il faut voir à long terme. Les calendriers doivent être revus pour mieux tenir compte de l’avis des athlètes et des exigences de durabilité. La priorité, c’est de renouer le dialogue.
Le dialogue, justement, c’est le cœur du problème. Est-ce que les athlètes seront mieux entendus à l’avenir ?
Je l’espère. En tout cas, ils ont de bons représentants. Ce sont des gens qui ont une bonne vision, qui sont éduqués et sensibilisés. Il y a une bonne base et cela rentre dans la volonté de transparence et de dialogue que j’évoquais auparavant.
Fumée blanche à Reykjavik pour Crans-Montana ?
"J’espère que la bonne nouvelle tombera mais je ne suis pas encore élu Pape", c’est par ces mots que Jean-Philippe Rochat a répondu à notre question sur l’épineux dossier de Crans-Montana. La station valaisanne a obtenu l’organisation des Championnats du monde en 2027 mais le contrat final tarde à être signé. "Il faut que ça bouge", tonne l’ancien vice-président de Swiss Ski, qui promet de monter au créneau si le dossier ne connait pas d’avancées majeures ces prochains jours.