Christophe Torrent sera engagé en Coupe du Monde à Crans-Montana : "C'est un rêve d'enfance"

"J'ai passé une super nuit. Après une journée comme celle-ci, on ne peut que dormir sur ses deux oreilles", sourit le skieur de 25 ans au lendemain de son exploit. "C'est merveilleux de voir à quel point le ski suisse se porte bien à tous les niveaux. Gagner à Crans-Montana est forcément très spécial pour moi. Je suis souvent venu y skier lorsque j'étais plus jeune, même si je m'entraînais surtout du côté d'Anzère. Avant le départ, je me suis dit que c'était magnifique d'être là, presque à la maison, et d'avoir les moyens de jouer les premiers rôles. Je voulais profiter du moment et saisir ma chance."

Deux jours après avoir connu l'élimination en Super-G, Christophe Torrent aurait difficilement pu imaginer une meilleure réaction. Sur la voie de ce premier succès à l'échelle continentale, il a été porté par de nombreux supporters. "Ils étaient une cinquantaine de membres de mon Fan's Club à être de la partie. Ceux de Denis Corthay (ndlr : son coéquipier valaisan) étaient là eux-aussi. Pour une Coupe d'Europe, il y avait vraiment beaucoup de monde, beaucoup d'ambiance. Personnellement, je me nourris de ce genre de choses. C'était vraiment une journée magnifique."

S'il a célébré comme il se doit son succès avec ses proches, Christophe Torrent ne cache pas les avoir "snobés" entre les deux descentes du jour. "J'ai pris l'option de ne pas m'arrêter vers eux après la première course pour pouvoir me concentrer pleinement sur la deuxième. Je savais qu'ils ne m'en voudraient pas si un bon résultat était à la clé. Je pense vraiment avoir gagné cette deuxième descente grâce à ma gestion après la première. J'ai su me mettre dans ma bulle, analyser ce qui m'avait fait défaut sur le premier passage et corriger ces petits détails pour le second." 

Cette première victoire en Coupe d'Europe, l'Arbazien l'a acquise pour un souffle. Sur la ligne, il a devancé l'Italien Nicolo Molteni de…trois minuscules centièmes. "Comme nous avions déjà une course d'une minute quarante dans les jambes, l'arrivée a été relevée. Il n'y avait donc pas de panneau d'affichage. Je n'avais aucune idée de mon temps. Lorsque j'ai vu que des gens m'applaudissaient, j'ai compris que j'étais devant." Une longue attente a alors débuté pour celui qui s'était élancé en neuvième position. "Beaucoup de skieurs engagés en Coupe du Monde étaient encore au départ. La plupart étaient devant moi au premier temps intermédiaire. Je ne me suis relâché qu'après le passage du dossard 40. Jusque-là, c'était très stressant. Pour une fois, les centièmes ont tourné en ma faveur."

Sixième le matin, Christophe Torrent l'affirme : ce résultat l'a poussé à lâcher davantage encore les chevaux l'après-midi. "Je m'en serais peut-être contenté si les cinq devant moi n'avaient pas été suisses. C'est ce qui est beau. La force de notre équipe tire tout le monde vers le haut. Les gars engagés en Coupe du Monde font une saison extraordinaire, mais nous ne sommes pas en reste non plus au niveau de la Coupe d'Europe. Vivre en tant qu'athlète cette période dorée de notre sport, c'est fantastique. Même si les places dans l'élite sont plus chères que dans les autres nations..."

Après ses départs à Kitzbühel l'an dernier et Bormio fin décembre, l'Arbazien aura l'occasion de regoûter à l'univers de la Coupe du Monde la semaine prochaine. Encore entourée d'un point d'interrogation il y a quelques jours, sa présence avec l'élite à…Crans-Montana est désormais actée. "Je voulais me concentrer sur ces courses de Coupe d'Europe avant de faire des calculs. Si j'avais été performant lors du Super-G, j'aurais peut-être choisi de me rendre à Sarajevo pour jouer le podium du général de la discipline (ndlr : synonyme de place fixe en Coupe du Monde la saison prochaine). Comme je suis sorti, j'en suis désormais trop loin. Finalement, le choix du cœur s'est imposé. Vivre une Coupe du Monde à la maison est un rêve d'enfance. Ce serait idiot de s'en priver."

S'il sera donc présent sur le Haut-Plateau, Christophe Torrent n'est pas encore assuré d'être dans le portillon pour les épreuves du week-end. "Peut-être qu'il faudra passer par des qualifications internes. Pour l'instant, mon focus est donc entièrement sur le premier entraînement. Et même s'il devait ne pas y avoir de course au bout, l'expérience sera incroyable. Vivre une semaine de Coupe du Monde à domicile sera de toute manière un souvenir pour la vie. Je m'en réjouis vraiment et je ferai en sorte de prendre un maximum de plaisir, comme depuis le début de la saison."

L'expérience emmagasinée ces derniers jours sera forcément bénéfique pour Christophe Torrent au moment de retrouver la Piste Nationale. "Au niveau de la Coupe d'Europe, c'est la plus belle de la saison", assure-t-il. "À l'échelle de la Coupe du Monde, elle est peut-être moins exigeante que Bormio ou Kitzbühel, mais elle est vraiment très variée. Entre des parties plates, d'autres très raides et des portions vallonnées, tout le monde y trouvera son compte. Le vainqueur sera assurément un skieur complet." À quelques pas de chez lui, l'Arbazien retrouvera les potes qui l'ont fait vibrer ces derniers jours, au rythme de leurs exploits à Saalbach. "Je me réjouis surtout de voir leur nouvelle coupe de cheveux", se marre celui qui n'a pas prévu de passer à son tour sous la tondeuse. "Une victoire en Coupe d'Europe n'est pas suffisante pour se raser le crâne!"