Quel effet du coronavirus sur la santé des sportifs d'élite?
Le monde du sport, comme de nombreux autres, est chamboulé par la pandémie de coronavirus. Les cas positifs au sein des équipes professionnelles se multiplient, tout comme les quarantaines des effectifs. Des situations qui ont un impact certain sur la santé des sportifs d’élite.
Quel impact a la pandémie sur le sport d’élite ? Comme beaucoup d’autres, ce secteur est touché de plein fouet par le coronavirus. Outre l’aspect financier – capital pour la survie des clubs – le pan médical a également son importance. Les équipes professionnelles valaisannes sont toutes passées par des mises en quarantaine à un moment ou à un autre.
Gare aux blessures
Ces périodes d’isolement peuvent avoir des conséquences sur le physique des athlètes. C’est ce qu’assure le docteur Pierre-Etienne Fournier. Etudes à l’appui, le chef du service de médecine du sport à la clinique de réadaptation SUVA à Sion évoque un risque de blessures beaucoup plus élevé. «Des études faites après le lockdown du football américain ont prouvé que lors de la reprise, l’incidence des ruptures du tendon d’Achille était quatre fois plus importante que durant une saison normale.»
«On ne peut pas continuer le championnat si toutes les équipes sont arrêtées une ou deux semaines par mois. L’équité sportive ainsi que les risques pris sur le plan médical me paraissent trop importants.»
La répétition effrénée des matches peut également accentuer le risque de blessure. «Dans ce sens, la règle des cinq changements par équipe et par rencontre est une bonne chose», relève le Docteur Fournier. Outre la répétition des matches, quid de celle des potentielles périodes de quarantaine? «On ne peut pas continuer le championnat si toutes les équipes sont arrêtées une ou deux semaines par mois. L’équité sportive ainsi que les risques pris sur le plan médical me paraissent trop importants.»
La formule est lâchée par le docteur Pierre-Etienne Fournier : dans la situation actuelle, l’équité sportive n’est pas garantie. «La meilleure façon de se préparer à une échéance est de pratiquer le sport en question, avec une intensité qui correspond à ce qui se fait en match. Donc une équipe qui ne est jamais en quarantaine et qui peut poursuivre son championnat comme prévu est favorisée par rapport à une équipe qui doit s’arrêter régulièrement.»
Perturbant sur le plan mental
L’aspect mental est également à prendre en compte selon le docteur Pierre-Etienne Fournier: «Tout sportif se prépare pour une échéance qui est le match, la compétition. Et s’il y a sans arrêt des faux départs, sa motivation peut être diminuée. Il y a aussi une notion de travail d’équipe, où des collègues ne seraient pas aptes à jouer, d’autres le seraient. Ça peut être perturbant pour le joueur.»
Des effets à long terme ?
Des impacts sur le plan mental, des risques de blessures plus importants… le docteur Pierre-Etienne Fournier évoque également des possibles complications cardiaques et pulmonaires, sans oublier la fatigue, symptôme qui peut être persistant. D’ailleurs, même si la maladie est encore jeune et que le milieu scientifique n’a pas encore d’études précises sur le sujet, il n’exclut pas la possibilité que les athlètes soient touchés sur le moyen voire le long terme, soit au-delà de la présente saison.
Notre entretien avec le docteur Pierre-Etienne Fournier: