Maurizio Jacobacci, l’ancien sauveur du FC Sion qui fait briller Lugano
Au printemps 2018, il était l’un des grands artisans du sauvetage quasi-miraculeux du FC Sion au sein de l’élite. Dimanche, c’est dans le camp adverse que Maurizio Jacobacci retrouvera Tourbillon. Avec la ferme volonté de poursuivre l’excellent début de saison réalisé par son FC Lugano.
À l’heure où les quarantaines et les renvois se succèdent, que les tribunes des stades sont désespérément vides et que personne ne sait vraiment comment cette saison ira à son terme, on en oublierait presque de s’intéresser à l’excellente entame d’exercice réalisée par le FC Lugano. Le club du Cornaredo est toujours invaincu en huit sorties et avec seize points au compteur, il est le premier poursuivant du leader Young Boys.
«Nous n’avons pas du tout reprendre à zéro durant l’été, les choses étaient déjà en place et, forcément, cela aide à obtenir de bons résultats.»Maurizio Jacobacci - Entraîneur du FC Lugano
Aux commandes de ces surprenants «bianconeri», c’est une vieille connaissance du FC Sion que l’on retrouve: Maurizio Jacobacci. Le technicien bernois est évidemment ravi des performances récentes de son équipe. Que plusieurs facteurs peuvent expliquer selon lui: «Ces bons résultats ne datent pas uniquement de cet automne. Depuis mon arrivée l’an dernier, on a su enchaîner les très bons matches. Durant la pause forcée du printemps, on a aussi très bien travaillé. Et puis on a misé sur la continuité en ne changeant pas énormément notre contingent par rapport à la saison passée. Nous n’avons donc pas du tout reprendre à zéro durant l’été, les choses étaient déjà en place et, forcément, cela aide à obtenir de bons résultats.» Difficile de lui donner tort. Neuvième et plutôt mal en point à son arrivée fin octobre 2019, le club du sud des Alpes a terminé le dernier exercice au 5ème rang du classement, à deux points d’une qualification européenne. Mieux encore: les Luganais n’ont tout simplement jamais perdu depuis le début de l’année 2020 dans leur vétuste stade du Cornaredo, transformé en citadelle imprenable.
L’objectif reste inchangé: le maintien
Mais si beaucoup pourraient s’enflammer en étant auréolés de telles statistiques, Maurizio Jacobacci tient à garder les pieds sur terre. Pour lui, revoir à la hausse les objectifs du club serait aujourd’hui prématuré: «Le but, c’est d’atteindre le plus rapidement possible la barre des 39 points qui permet en général d’être tranquille en ce qui concerne la relégation. Une fois que ce sera fait, on pourra alors éventuellement imaginer se fixer d’autres objectifs.»
Lugano en digne successeur de Saint-Gall?
Plein d’humilité, l’ancien attaquant refuse de voir son équipe comme la successeuse du FC Saint-Gall, surprenant dauphin du champion YB l’an dernier. «Bien sûr que je ne dirais pas non à ce que l’on fasse la même saison qu’eux mais le chemin est encore long, on n’a même pas joué le quart des matches qui sont à notre programme», explique-t-il. «Et vous savez, on est le FC Lugano. Nous n’avons donc pas les ressources financières de formations telles que Bâle, Young Boys ou même d’autres comme Lucerne ou Saint-Gall par exemple. On sait que notre championnat sera difficile donc tous les points que l’on peut prendre dès le départ sont importants. On les accepte en tout cas avec plaisir!»
Et si l’on pourrait facilement dire que Maurizio Jacobacci a métamorphosé le FC Lugano en un an, le principal intéressé, lui, préfère louer les mérites de son collectif : «J’ai une équipe qui est à l’écoute, qui adhère à ce que je dis depuis le début de mon aventure ici. En un an, on a bien grandi, on n’a perdu que cinq matches au total donc ça nous permet d’être dans une dynamique très positive. Mais encore une fois, on sait qu’il faut rester concentrés et bien travailler au quotidien pour que cela continue.»
«C’est tout le groupe qui se met à disposition du club et qui nous permet de vivre cette belle série.»Maurizio Jacobacci - Entraîneur du FC Lugano
À Lugano, contrairement à ce qui peut être observé ailleurs, aucun nom ronflant ne garni l’effectif. La star, comme on dit dans pareil cas, c’est l’équipe. «C’est ce qui devrait être le cas partout», tonne Maurizio Jacobacci. «Bien sûr que l’on a plusieurs joueurs d’expérience si je pense à Sabbatini, Gerndt ou Covilo par exemple. Mais on a aussi des jeunes qui nous permettent d’avoir un bon mix. C’est vraiment tout le groupe qui se met à disposition du club et qui nous permet de vivre cette belle série que l’on espère poursuivre le plus longtemps possible.»
Le souvenir des emplois sauvés en Valais
Poursuivre cette série le plus longtemps possible, à commencer par dimanche face au FC Sion. Un déplacement à Tourbillon forcément particulier pour Maurizio Jacobacci. «J’ai vécu de très belles choses en Valais», témoigne-t-il. «Là aussi, j’avais une équipe qui avait su montrer sa valeur pour réussir à se sauver. On partait quand même de très loin avec huit points de retard sur le Lausanne-Sport mais le groupe était sain, les joueurs étaient à l’écoute et tout le monde avait fait les efforts pour atteindre notre objectif. Je me rappelle encore de ma satisfaction d’avoir permis de sauver l’emploi de plusieurs personnes qui auraient certainement été licenciées en cas de relégation.»
«Mon aventure au FC Sion restera toujours un moment positif de ma carrière. Pas uniquement sportivement mais aussi humainement parlant.»Maurizio Jacobacci - Entraîneur du FC Lugano
Et s’il ne souhaite pas évoquer la fin abrupte de son aventure valaisanne («des procédures judiciaires sont encore en cours pour obtenir certaines choses»), Maurizio Jacobacci l’assure: il ne garde que de bons souvenirs de son passage dans le Vieux-Pays. Ainsi que beaucoup d’amis: «Certaines personnes me sont très chères en Valais et je garde donc régulièrement des contacts avec. Mon aventure au FC Sion restera en tout cas toujours un moment positif de ma carrière. Pas uniquement sportivement mais aussi humainement parlant.»
Trois nuls en trois duels avec le FC Sion
Malgré tout, dimanche c’est donc en tant qu’adversaire du FC Sion que le Bernois retrouvera le Valais. Et pour lui, les résultats récents des deux équipes ne suffise pas à faire du FC Lugano le favori de cette rencontre : «À domicile, ils ont fait de bons résultats cette saison. Ils sont invaincus à Tourbillon où ils restent sur une victoire face à Servette. C’est donc un match très difficile qui nous attend. D’ailleurs, depuis mon arrivée au Tessin, à chaque fois que l’on a affronté Sion, le match s’est terminé par un nul. Cela veut tout dire.» Trois matches, trois égalités effectivement entre Maurizio Jacobacci et son ancienne équipe. Prochain duel dimanche donc. À suivre bien évidemment en direct dès 16h00 sur Rhône FM.
Parler du printemps 2018 et du maintien quasi-miraculeux alors obtenu par le FC Sion, c’est forcément évoquer le nom de deux hommes. Le premier, bien entendu, est Maurizio Jacobacci. Le second: Matheus Cunha. Alors âgé de 19 ans, le Brésilien, débarqué à l’été 2017 en Valais, s’était véritablement révélé sous les ordres du technicien bernois. «Je suis très fier d’avoir été son entraîneur et de lui avoir permis de grandir», reconnaît le «Mister» du Cornaredo. «Quand il est arrivé, c’était encore un gamin, certes talentueux. Je l’ai mis en attaque et c’est là qu’il a montré toute sa valeur.» Laquelle a explosé. L’Auriverde quittait Tourbillon un an après son arrivée contre un chèque de plus de quinze millions de francs à destination de Leipzig. Désormais au Hertha Berlin, il brille dans la capitale et a même été récemment appelé avec le cadre principale de sa sélection nationale. «C’est extraordinaire, fabuleux pour lui. On a encore quelques contacts ensemble via les réseaux sociaux. Je continue de suivre chacun de ses exploits et je suis convaincu qu’il a encore beaucoup de grandes choses à réaliser. En tous cas, je lui souhaite tout le meilleur pour l’avenir!»