Le boxeur Benoît Huber part combattre en Australie: "Tout le monde sera contre moi, c'est excitant"
Benoît Huber s'en va à l'autre bout de la planète. Le boxeur sédunois met le cap sur l'Australie où l'attend un combat face au local Luke Modini, invaincu chez les professionnels. Un duel qui pourrait bien lui faire prendre une autre dimension.
Sept mois qu'il attend ça. Sept mois qu'il n'est plus remonté sur le ring en compétition. Sept mois qu'il s'entraîne chez lui, au milieu de la forêt. Qu'il se prépare dans l'optique de son prochain affrontement. Benoît Huber sera bientôt récompensé pour sa patience. Le samedi 11 novembre prochain, le boxeur sédunois fera face à l'Australien Luke Modini, 26 ans, 10 victoires en autant de combats. Un duel qui se tiendra à l'autre bout du monde, sur la Gold Coast au sud de Brisbane.
Moins de chance que les footballeurs
Le Valaisan et son équipe s'envoleront pour l'Australie ce samedi, une semaine tout pile avant le grand rendez-vous. "Il y a tout qui démange en ce moment", rigole-t-il en référence à cette longue attente avant de pouvoir remettre les gants pour de bon. "C'est très difficile à vivre mentalement. Je ne souhaite ça à aucun sportif. Les footballeurs ne se rendent même pas compte de la chance qu'ils ont de pouvoir s'exprimer sur un terrain chaque semaine. La patience est véritablement le maître-mot dans pareille situation. Mon manager a multiplié les appels en me disant de rester calme et que ça finirait par aboutir à quelque chose."
Sans se prononcer sur un chiffre précis, Benoît Huber relève avoir consenti à un effort financier pour être choisi par les organisateurs du combat australien. Conscient du défi de taille qui l'attend sur place, il l'aborde avec beaucoup d'enthousiasme. "Tout le monde sera contre moi, c'est excitant! La victoire sera encore plus belle dans ces conditions. Cela me donne une motivation supplémentaire à aller créer une grosse surprise là-bas." De par son expérience, le Sédunois sait que rien ne sera fait pour lui faciliter la vie. "Dès que nous sortirons de l'aéroport avec mon équipe, des pièges seront dressés sur notre chemin. Ils vont chercher à nous faire perdre patience, à nous faire perdre du temps et de l'énergie. La boxe est un vrai jeu. Nous devrons être plus malins que les Australiens."
Un adversaire gaucher et de grande taille
De l'officialisation du combat à la tenue de celui-ci, Benoît Huber aura eu un mois pour analyser le jeu de son adversaire. Sur la base de vidéos, il a pu en déceler les qualités et les failles. "J'ai mis plusieurs stratégies au point pour prendre le meilleur sur lui. Le fait qu'il soit gaucher change complètement l'approche du combat mais ça ne me fait pas peur du tout. Si on l'a choisi, c'est aussi parce que c'est un grand bonhomme comme je les aime. J'ai mes chances de remporter cet affrontement."
Actuellement 67ème dans sa catégorie, le Sédunois sera le challenger du duel. "Je n'ai pas grand-chose à perdre au niveau du classement mais une défaite me donnerait de gros regrets et je n'aime pas ça. Je vais donc tout faire pour éviter que ça arrive. Une victoire en revanche me ferait faire un bond jusque dans le top 20. Cela m'ouvrirait des portes encore plus grandes pour la suite. Des coups de téléphone m'emmèneraient alors peut-être aux championnats d'Europe…voire au Mondiaux. Mauro Martelli est le dernier boxeur suisse à y être parvenu à la fin des années 80. Il est temps d'amener du neuf."
Un boxeur à maturité
Manager de Benoît Huber depuis le début d'année, Gil Andenmatten croit lui aussi fermement aux chances de son protégé. "J'ai été impressionné par son sérieux et son dévouement ces derniers mois. Il n'a jamais rechigné à la tâche. Les opportunités ne tombent pas par hasard. Elles récompensent le travail d'une carrière. Aujourd'hui, Benoît est bien dans sa tête, en bonne condition physique, c'est un boxeur qui est à maturité."
Du haut de ses 36 ans, le Valaisan a donc des raisons d'être ambitieux quant à l'avenir. S'il lorgne donc sur une qualification pour les Européens et les Mondiaux de l'an prochain, il affirme que celle-ci ne constitue pas un rêve pour lui.
La joie de la victoire, Benoît Huber a déjà pu la ressentir à neuf reprises en douze combats chez les professionnels. Les souvenirs de son dernier succès début avril dans la 02 Arena de Londres et face à un adversaire invaincu en quinze combats sont toujours intacts. "C'était un moment délicieux", affirme-t-il. "N'importe quel boxeur donnerait tout pour aller combattre dans une salle aussi mythique. Nous y sommes allés sereinement, comme des Suisses et on a fait le travail proprement. La joie que l'on a partagé tous ensemble avec mon équipe restera gravée à tout jamais dans ma mémoire."
Il n'a jamais pensé aller boxer si loin
Ce succès, le plus beau de sa carrière, a inévitablement plaidé en faveur du Sédunois au moment d'être choisi pour monter sur le ring australien d'ici neuf jours. "Cela a aussi montré qui j'étais à mes futurs adversaires. Ils ont pu se rendre compte que je suis chiant comme type. Je bouge beaucoup, je suis difficile à toucher. Mais bien sûr qu'une telle victoire ouvre des portes. Jamais, je n'aurais imaginé avoir l'occasion d'aller vivre ma passion à l'autre bout du Monde. Même si le voyage sera très long jusqu'en Australie, ce sera un souvenir mémorable. Avoir la chance de vivre ça avec mon équipe, une vraie bande de potes, c'est merveilleux."