Les filles du HC Sierre, l'exemple parfait du mélange des générations
Le projet de la nouvelle patinoire à Sierre fait grand bruit ces derniers mois. Parmi les potentielles bénéficiaires de la nouvelle enceinte, nous retrouvons la section féminine du club. Depuis des années, elle fait avec les moyens du bord, se retrouvant souvent face à ses limites.
Le HC Sierre féminin milite depuis plus de 20 ans en Swiss Women Hockey Ligue C, le 3e échelon du hockey sur glace féminin en Suisse. Cette place lui vaut d'ailleurs l'étiquette de la meilleure formation du canton, puisqu'aucune autre équipe ne joue à ce niveau. Derrière cette réussite se cache de nombreux facteurs, notamment celui de l'intégration entre les différentes générations.
De grandes différences d'âge, pour une passion commune
Trente ans. Telle est la différence d'âge entre la plus jeune joueuse et la plus expérimentée du vestiaire des Rouge et Jaune. Si ce chiffre peut surprendre, cela met surtout en exergue le faible bassin de hockeyeuses en Valais. Pour la vice-présidente du club, Ariane Berthod, la gestion du contingent est un casse-tête année après année. "C'est très compliqué, car en Ligue C, il y a déjà un bon niveau. Dans notre canton, le hockey demande à être développé. On doit jongler avec les licences A et les licences B (ndlr: le HC Sierre féminin entretient un partenariat avec le HC Monthey-Chablais, pensionnaire de 4e division, qui lui permet de se faire prêter des joueuses) pour avoir le nombre suffisant de filles lors des matches, surtout ceux qui sont à l'extérieur".
Même si elle n'est pas la plus âgée du vestiaire, Léticia Tscharring fait partie des piliers de cette formation. "Je suis effectivement l'une des plus vieilles du vestiaire", sourit-elle. "Nous avons beaucoup de différences d'âge entre les joueuses. Au final, nous nous entendons bien et c'est l'une de nos forces aujourd'hui". Une génération différente, mais une passion identique pour la glace. "De mon côté, ma passion est venue de mon père, qui a longtemps joué au hockey sur glace. Il a inspiré ses enfants. Dans un premier temps mon frère, qui est aujourd'hui un arbitre professionnel. Je me suis lancé dans ce monde à l'âge de 15 ans et depuis, je n'ai plus arrêté".
Graben, plus un problème qu'une solution ?
Un entraînement par semaine à Graben, puis un second délocalisé à Rarogne. La raison ? Le planning de la patinoire sierroise déborde de tous les côtés. Un outil peu pratique pour les joueuses, qui tentent de s'adapter au maximum à ces changements de glace. "On doit s'adapter du mieux possible. Ce n'est pas toujours simple, mais c'est comme ça, on fait avec", sourit Léticia Tscherrig. Pour la vice-présidente de la section féminine des Rouge et Jaune, Ariane Berthod, le projet de la nouvelle patinoire permettrait à tous les utilisateurs de l'enceinte de se développer.
Se former avec les garçons, une étape importante
Le manque de joueuses en Valais est un fait. Cependant, l'intérêt pour ce sport est croissant depuis plusieurs saisons. Pour pallier le manque de formation des jeunes espoirs féminins, les entraînements entre les filles et les garçons ont été mélangés dès le plus jeune âge. Prenons un exemple concret. Celui de Cyrielle Berthod. Âgée aujourd'hui de 15 ans, elle profite pleinement de cette opportunité. "Jusqu'à l’âge de 12 ans, nous sommes obligées de jouer avec eux. Par la suite, nous avons la possibilité d'intégrer une équipe féminine. J'ai fait le choix de m'entraîner avec les deux, mais à partir de 17 ans, je n'aurai plus le droit", explique-t-elle. "Contrairement au HC Sierre féminin, les garçons avec qui je m'entraîne ont pratiquement tous le même âge que moi. Ici, il y a quand même un grand écart."
Pour sa maman et vice-présidente de la section féminine, Ariane Berthod, ce choix a été bénéfique pour ses deux filles. Au point que l'une d'entre elles, Alixane, est devenue la capitaine de Fribourg-Gottéron. "Quand ils sont petits, il n'y a pas de différence de gabarit et de force. L'infrastructure mise en place pour les garçons est également utile pour les filles. Si on devait en créer une uniquement pour la section féminine, il faudrait trouver des heures de glace supplémentaires et des entraîneurs en plus. Chose qui s'avère très compliquée."
Cyrielle Berthod : marcher dans les pas de sa soeur ?
On en avait déjà eu un premier aperçu avec Alixane, le hockey est bien une histoire de famille chez les Berthod. "C'est mon frère qui a commencé à en faire en premier", raconte Cyrielle. "Il m'a donné envie de me lancer, puis j'ai entamé une école de hockey sur glace à l'âge de trois ans. Ma sœur nous a ensuite suivis", explique-t-elle. "Étant donné que ma famille et moi habitons en Valais et qu'Alixane est à Fribourg, nous ne pouvons pas vraiment regarder les matches de l'autre. Que ce soit en dehors ou sur la glace, c'est un exemple pour moi."
Du côté des parents, l'organisation est très importante puisqu’ils assistent pratiquement à tous les matches de leurs enfants. Un calendrier surchargé par les nombreux déplacements à travers le pays.
Un défi XXL en National Cup
Engagé en 3e division, le HC Sierre connait une première partie d'exercice en demi-teinte, avec deux succès en six rencontres, pour se retrouver à la cinquième place du classement. En parallèle, la formation de la Cité du Soleil est aussi engagée en National Cup. Elle affronte d'ailleurs les Rapperswil-Jona Lakers, pensionnaires de LNB, ce samedi lors des huitièmes de finale. Une rencontre qui ne se déroulera pas à Graben puisque les garçons joueront dans le même temps. Coup d'envoi à Vissoie, dès 18h.