Dany Gelinas : "Tout le monde doit se regarder dans le miroir"
Dany Gelinas possède-t-il une baguette magique pouvant remettre d'aplomb le HC Sierre? Mardi soir contre Thurgovie, le Québécois a pu constater toutes les lacunes actuelles de l'effectif dont il a repris les rênes en fin de semaine dernière.

Le HC Sierre s'est donc lourdement incliné 5 à 1 mardi soir contre Thurgovie à Graben. Une rencontre qui a permis à Dany Gelinas de se faire une idée encore plus précise de l'ampleur de la tâche qui l'attend à Graben. Interview du Québécois, quelques minutes après ce revers des "Rouges et Jaunes".
Dany Gelinas, quels mots vous viennent à l'esprit après ce non-match?
Écoutez, un non-match, cela peut arriver dans une saison. J'en suis conscient et je le veux bien. Là, ce n'était pas juste un non-match. C'était affreux. Nous étions hors sujet dans tous les secteurs de jeu. Nous n'avons pas touché au système jusqu'à présent puisque nous n'arrivons pas à nous entraîner. On joue tous les deux jours et au vu des nombreuses blessures à déplorer, nous devons protéger les éléments qui restent à disposition pour que l'on puisse former quatre lignes. Nous ne voulions pas trop bousculer l'équipe pour éviter justement de vivre quelque chose comme ce soir (ndlr : mardi). Tout ce que je peux vous dire, c'est que notre état d'esprit n'était pas le bon sur ce match.
La porte du vestiaire est restée close durant de longues minutes après la sirène finale. Qu'avez-vous dit à vos joueurs?
Tout ce que j'avais à leur dire, je l'ai fait lors de la 2ème pause (ndlr : Sierre était déjà mené 0-4 à ce moment). À la fin du match, c'est le capitaine qui a parlé. Pas moi. Il a dit des choses très justes et il n'y a rien à ajouter. Le HC Sierre n'a jamais eu de mauvais vestiaire. Aujourd'hui, il faut donc trouver les solutions pour changer notre état d'esprit. Nous n'avons pas beaucoup de temps pour le faire puisque le match à la Chaux-de-Fonds arrive très vite (ndlr : jeudi). Cela tombe bien, c'est un adversaire facile à jouer…
Dany Gelinas, vous avez déjà vécu beaucoup de choses ici à Graben. Comment avez-vous accueilli les chants et la banderole symbolisant la colère des supporters ce mardi?
C'est une première pour moi. Je n'ai jamais vécu ça ici et sincèrement, ça ne fait pas du bien.
C'est symbolique des dernières semaines vécues par le club sur le plan sportif…
Peut-être, oui. Après, moi je viens d'arriver. Je ne peux pas m'exprimer sur des choses que je ne maîtrise pas. Je suis là pour trouver des solutions et je sais que ce ne sera pas facile. Nous devons tous prendre nos responsabilités. Chacun doit se poser les bonnes questions et une fois qu'il faudra faire des choix, j'aurais des balles dans mon fusil pour tirer. Ma priorité aujourd'hui est de ressouder le vestiaire. Tout le monde doit se regarder dans le miroir.
Revenons sur ces derniers jours très intenses que vous venez de vivre…
La situation n'est pas facile puisque je passe d'un niveau à un autre et d'un état d'esprit à un autre aussi. Je ne peux toutefois pas dire qu'entre Sierre et Martigny, un groupe travaille plus que l'autre. Chacun bosse à son niveau, d'un côté avec des joueurs professionnels, de l'autre avec des gars qui ont une vie professionnelle hors de la glace. Le saut pour passer d'un club à l'autre est peut-être difficile, mais il ne suffira pas à me mettre à terre.
Lorsque Chris McSorley vous appelle vendredi dernier, avez-vous le temps de réfléchir avant d'embarquer pour cette 2ème aventure à Graben?
Honnêtement, lorsque le téléphone a sonné, j'étais en réunion avec le responsable du mouvement juniors de Martigny pour parler de ce que l'on souhaitait mettre en place pour les jeunes. Je ne m'attendais absolument pas à ce coup de fil et j'avoue que ça m'a fait un peu drôle sur le coup. Cela a été très difficile de lâcher un groupe avec lequel j'avais démarré un projet auquel adhéraient les gars, mais d'un autre côté, pour moi en tout cas, il est très difficile de refuser le HC Sierre.
Cette éventualité de retrouver Graben un jour n'a-t-elle réellement jamais traversé votre esprit au moment où la collaboration entre les deux clubs a été officialisée?
Non, pas du tout. Lorsque j'ai signé à Martigny, j'ai été séduit par le projet HC Valais dans sa globalité. Je ne suis pas quelqu'un de malhonnête. J'ai déjà du mal à me balader dans une patinoire lorsque je n'ai pas de club, car je n'ai pas envie que l'on croie que je m'y rends par intérêt, notamment lorsque je vais observer une équipe qui tourne peut-être moins bien. J'ai toujours eu des discussions très franches avec Mario (ndlr : Pouliot, son prédécesseur derrière la bande). Jeudi dernier encore, je l'ai appelé pour lui demander de me prêter un joueur pour le match de samedi contre Frauenfeld. J'étais dans une logique de préparation avec Martigny. La preuve, c'est encore moi qui ai donné l'entraînement de veille de match vendredi.
Vous retrouvez donc le HC Sierre un peu plus de deux ans après l'avoir quitté. Entre-temps, le club a changé de dimension…
C'est vrai, il y a davantage de pression aujourd'hui qu'à l'époque. Le HC Sierre a grandi et continue de grandir. Il faut toutefois faire attention de ne pas brûler les étapes. Sortons de ce passage à vide le plus vite possible et, encore une fois, prenons tous nos responsabilités.
À priori, le HC Sierre ne peut plus viser plus haut que la 4ème place. Quels sont vos objectifs pour la suite de cette saison?
Écoutez, on ne change pas les objectifs avancés en début de saison (ndlr : une place dans le top 4 et une accession aux demi-finales des playoffs). Je suis là pour gagner le maximum de matches, mais j'ai besoin que les garçons me suivent pour y arriver. Les joueurs sont conscients des attentes du club, ils les ont acceptées et nous devons tous les assumer. Aujourd'hui (ndlr : mardi), nous avons pris une bonne volée, mais nous ne sommes pas morts. C'est maintenant que l'on doit montrer que l'on a du caractère.