Guillaume Asselin, l’artiste qui rêvait de Suisse
Si le HC Sierre, 4ème du classement de Swiss League, réalise une très bonne entame d’exercice, il le doit en partie à un homme: son Top Scorer Guillaume Asselin. Arrivé l’an dernier dans la Cité du soleil, ce dernier réalisait alors un rêve. Et cela tombe bien: le Canadien aux mains en or est l'un des meilleurs joueurs du championnat.
Sept buts et seize assists en douze rencontres depuis le coup d’envoi du championnat et une moyenne qui frôle donc les deux points par matches: les statistiques de Guillaume Asselin se passent de commentaires. L’homme est impliqué sur près de 59% des réussites inscrites par un HC Sierre qui en profite pour réaliser un très bon début d’exercice. Mais plein d’humilité, le principal intéressé refuse de tirer la couverture à lui, reconnaissant tout juste qu’il traverse là l’une des meilleures périodes de sa carrière: «Ce qui compte, c’est que l’équipe va super bien en ce moment! Vous savez, pour qu’un joueur se mette en lumière, c’est tout le collectif qui doit bosser à ses côtés.»
Et s’il loue à juste titre les mérites de chacun dans la bonne marche actuelle du pensionnaire de Graben, il faut quand même reconnaître que depuis l’entame de cette saison, une ligne tourne spécialement bien: celle dont il compose le trio offensif aux côtés d’Arnaud Montandon et Remy Rimann : «On se complète très bien les trois. Arnaud gagne énormément de mises en jeu, il nous fait beaucoup de place sur la glace et il est très efficace devant le but adverse. Et Remy est particulièrement intelligent, il a une formidable vision du jeu donc là encore, nos bonnes performances sont une conséquence de ce que chacun de nous met sur la glace», explique le Québécois.
Une décision du coach qu'il a eu de la peine à comprendre
S'il se sent parfaitement épanoui dans le vestiaire «Rouge et Jaune», Guillaume Asselin avoue qu’au début, il a eu un peu de peine à comprendre la décision de son entraîneur de le séparer de l’autre canadien, Eric Castonguay: «Dans toutes les autres équipes, les étrangers jouent côte à côte. Mais finalement, cette décision permet de solidifier tout l’alignement donc c’est clairement bénéfique pour l’équipe.» S’ils ne sont pratiquement jamais ensemble sur la glace, les deux compatriotes le sont plus souvent en dehors. «On n’est pas forcément au même stade de notre vie: lui a déjà des enfants assez grands, sa famille était là dès le début alors que moi, ma femme ne m’a rejoint que la semaine dernière. Mais malgré tout, c’est vrai qu’on partage beaucoup de choses. C’est un très bon gars et il a une famille vraiment formidable. L’autre jour, ils nous ont invité à manger et c’est des moments qui font vraiment du bien!», poursuit le deuxième meilleur compteur du championnat.
Hormis son coéquipier, Guillaume Asselin a donc évidemment rencontré un autre compatriote en rejoignant le Valais l’an dernier : son entraîneur Dany Gelinas : «Mais lui ça fait longtemps qu’il est en Europe, il est marié à une française donc il commence à perdre un peu son accent. Il n’y a que quand il est dans le feu de l’action que je me dis que oui, c’est bien un Quebécois!»
«J’ai toujours eu un amour pour le hockey qui est aussi fort aujourd’hui que ça ne l’était à l’époque!»Guillaume Asselin
Un Quebécois, tout comme lui donc. Des origines bien particulières qui posent une question: Guillaume Asselin pouvait-il réellement faire autre chose que du hockey sur glace dans sa vie? «Non!», répond d’emblée le principal intéressé. «J’ai commencé à jouer à ce sport alors que je n’avais que deux ou trois ans. J’ai toujours eu un amour pour le hockey qui est aussi fort aujourd’hui que ça ne l’était à l’époque! C’est ce qui fait qu’en tant que joueur, je suis capable d’aller chercher toujours plus loin.»
Premier choix de la franchise juniors de Montréal
Son amour pour le hockey, le casque jaune de Graben l’entretient d’abord dans sa ville natale. Qu’il quitte à 15 ans, en devenant le premier choix de la franchise juniors des Canadiens de Montréal: «C’était une immense fierté en même temps qu’une belle reconnaissance pour tout le travail que j’avais déjà accompli», se remémore-t-il. «Bon, j’avoue quand même que j’aurais préféré être choisi par l’équipe de chez moi, à Québec, parce que quand j’étais petit, j’allais toujours voir jouer les Remparts. Mais appartenir à une telle organisation, c’était déjà quelque chose de spécial.»
En rejoignant Montréal, hormis l’éloignement de sa famille, c’est tout un nouvel environnement que Guillaume Asselin a du apprivoiser: «Québec c’est une ville, certes, mais ça ressemble plutôt à un petit village alors que Montréal, c’est vraiment la grosse ville. J’habitais à une trentaine de minutes du centre et c’est vrai que c’était parfois difficile. Mais avec du recul, je pense que cette expérience a forgé mon caractère et m’a beaucoup apporté pour la suite.»
Au cœur d’un échange, à 18 ans
La suite pour Guillaume Asselin, c’est un échange avec les Saguenéens de Chicoutimi après trois saisons montréalaises. «J’ai pris ça de manière positive», assure-t-il. «Je sortais d’une saison, celle du repêchage, qui avait été respectable mais pas assez bonne pour les recruteurs de la NHL. Et je m’en souviens comme si c’était hier: J’étais quand même allé à la cérémonie pour voir certains amis et soutenir mon cousin. Et à peine 15 minutes après que je sois parti, je recevais un coup de fil du coach des Saguenéens qui m’informait de cet échange.»
À Chicoutimi, le Québécois brille. Il termine meilleur compteur de la ligue juniors et est élu joueur de l’année 2012 par son club. Une belle distinction qui pourrait être une source de pression pour d’autres, mais pas pour lui: «On avait de très bons joueurs dont Charles Hudon qui joue à Lausanne et d’autres qui, comme lui, ont évolué en NHL par la suite. Moi, j’étais un peu l’erreur là au milieu», sourit celui qui est heureux d’avoir vu son ancien coéquipier, avec qui il doit fêter Noël prochainement, rejoindre la Suisse le mois dernier. «Alors oui, il y avait de la pression mais il y en a toujours pour un joueur offensif, qui doit être capable de marquer des buts et de faire des passes. C’est justement cette pression qui nous fait avancer et qui, personnellement, me fait rêver jour après jour de marquer d’autres buts.»
MVP du sport universitaire canadien
Guillaume Asselin ne s’est pas arrêté en si bon chemin après ces belles années du côté de Chicoutimi et il a continué à enchaîner les distinctions. À commencer par le titre de MVP du sport universitaire canadien en 2016 sous les couleurs des Patriotes de l’Université de Trois-Rivières : «C’est une année que je n’oublierai jamais. Recevoir cette récompense, c’était une sorte d’exploit qui venait conclure une année magnifique. J’en garde une immense fierté!»
«Je n’ai jamais eu de réelle chance de prouver et de me prouver à moi-même que j’avais le niveau de la NHL»Guillaume Asselin
Mais malgré toutes ces expériences et récompenses emmagasinées dans les catégories juniors et universitaires, le Sierrois n’est jamais parvenu à faire le grand saut en NHL. «Je pense que j’ai eu un développement physique relativement tardif. En tant que junior, je misais avant tout sur mes mains pour percer alors que les recruteurs recherchaient plutôt de gros gaillards qui jouent dur. Je n’ai donc jamais eu de réelle chance de prouver et de me prouver à moi-même que j’avais le niveau», regrette-t-il à demi-mots. «Mais bon c’est la vie et vous savez, un de mes autres rêves était de jouer un jour en Suisse donc celui-là, je l’ai réalisé!»
La Suisse: un rêve depuis ses 13 ans
Un autre rêve qui peut paraître étrange pour un joueur aux origines québécoises comme Guillaume Asselin. Mais celui-ci l’entretenait depuis de longues années déjà: «À 13 ans, j’étais venu avec une amie chez son oncle qui vivait en Suisse. Et figurez-vous que celui-ci n’était autre que Gary Sheehan (ndlr : l’actuel entraîneur d’Ajoie)! J’avais donc participé à un camp qu’il donnait et même si je n’avais pas forcément de notions du niveau du hockey en Suisse, je me suis dit depuis là que mon objectif serait d’y revenir.»
Un retour finalement effectué avec escale: un passage par la Slovaquie où il remporte deux titres en autant de saisons. «À 25 ans, je jouais dans la East Coast en Amérique et c’est une ligue qui ne me plaisait pas. J’ai donc demandé à mon agent de me trouver une place en Europe et je suis arrivé en Slovaquie où je n’aurais jamais pensé évoluer un jour. Ces deux années m’ont énormément apporté, j’y ai rencontré des personnes qui sont devenues de vrais exemples pour moi», explique le numéro 38 de Graben. Lequel reconnaît malgré tout avoir tenté de quitter son club du Banska Bystriga dès la fin de la première saison pour rejoindre la Suisse. Sans succès.
«En signant à Sierre, j’y voyais un beau et gros défi à relever»Guillaume Asselin
Il y parvient finalement un an plus tard en rejoignant un HC Sierre néo-promu en Swiss League, demandant au passage l’avis de certains de ses compatriotes déjà présent dans le championnat. «Venir ici était le bon choix pour moi», affirme-t-il aujourd’hui. «J’y voyais un beau et gros défi à relever. Il fallait prouver que nous avions notre place dans cette catégorie de jeu. Cette première saison était assez difficile mais c’était une année d’adaptation et on voit maintenant qu’elle nous a tous permis de nous améliorer.»
Aujourd’hui, Guillaume Asselin est un homme aussi heureux lorsqu’il est hors de la glace qu’un hockeyeur de talent lorsqu’il est dessus. Il ne cache d’ailleurs pas son bonheur de vivre en Valais et son amour des bonnes choses: «Les paysages, le vin, le fromage, tout est extraordinaire ici. Et puis bon, les gens sont d’une gentillesse incroyable aussi, je suis vraiment content que ma femme puisse découvrir ça maintenant!» À le voir et à l’entendre, difficile de savoir ce que l’on pourrait lui souhaiter de plus. Ce d’autant qu’il s’apprête à vivre un événement qui, dans le classement des plus beaux moments de sa vie, pourrait devancer toutes les victoires du monde: la naissance d’un premier enfant. «Un petit garçon prévu pour la fin janvier. Donc voilà, c’est tout ce que je demande pour le futur : la santé pour lui, pour tout ma famille, mes coéquipiers, tout le monde quoi!», conclut en souriant Guillaume Asselin. Un véritable artiste qui préférera toujours les bonheurs collectifs à une mise en lumière individuelle.