Numa Lavanchy : "Lugano devra nous marcher dessus pour gagner"
Il y a deux ans, Numa Lavanchy soulevait le tout premier trophée de sa carrière : la Coupe de Suisse remportée avec Lugano. Aujourd'hui, le latéral vaudois rêve de refaire le coup sous les couleurs du FC Sion. Pour y parvenir, il lui faut d'abord sortir son ancien club samedi en demi-finale (20h30).
Véritable cadre du vestiaire sédunois, lui qui a participé à l'ensemble des 36 rencontres officielles disputées depuis le début de la saison (dont 35 dans un maillot de titulaire), Numa Lavanchy était présent aux côtés de son entraîneur Didier Tholot lors de la conférence de presse de veille de la demi-finale de Coupe contre Lugano. Arrivé face aux médias avec dix minutes d'avance sur l'horaire fixé, le latéral vaudois de Tourbillon s'est ensuite livré sur ses impressions et ses ambitions avant ce choc face à son ancien club. Interview.
Numa Lavanchy, faut-il voir votre arrivée précoce en salle de conférence de presse comme un signe traduisant votre impatience d'enfin voir se profiler cette demi-finale de Coupe de Suisse?
Non, non, je suis souvent en avance sur l'heure de mes rendez-vous (rires)… Plus sérieusement, évidemment qu'il y a de l'impatience. On peut enfin parler ouvertement de ce match après avoir tenté de se le sortir de l'esprit lors des dernières semaines. Nous sommes tous très motivés et nous devrons nous montrer à la hauteur de l'événement.
A-t-il été aisé de faire fi de l'engouement exceptionnel entourant cette rencontre depuis des semaines en Valais?
Honnêtement? Oui. Nous jouons très gros en championnat également et personne ne l'oublie au sein de l'équipe. La promotion reste notre objectif principal puisque cela fait dix mois que nous sommes dessus. C'est un travail quotidien qui est passé par les préparations à Crans-Montana durant l'été et en Espagne cet hiver. Se concentrer sur les échéances qui nous faisaient face en Challenge League n'a donc pas été trop compliqué. Je comprends malgré tout que le thème de la Coupe soit régulièrement apparu lors des discussions, car cette compétition t'offre des émotions incomparables à celles que tu vis durant un championnat.
Vous avez connu d'autres clubs, d'autres régions au cours de votre carrière. Confirmez-vous que le rapport à la Coupe de Suisse est différent en Valais que partout ailleurs?
Bien sûr. Le Valais et la Coupe, c'est une histoire magnifique que tout le monde connaît. Comme je l'ai dit, cette compétition offre des émotions à part. Tu ne joues pas pour trois points, tu joues pour ta survie. Ces émotions sont décuplées à mesure que les victoires s'enchaînent et que la finale se rapproche. Dès qu'on arrive au FC Sion, on comprend bien ce lien particulier.
Un lien qui semble renaître véritablement cette année. Il y a quatorze mois, vous perdiez 3-0 en quarts de finale contre Lugano devant 4'100 spectateurs. Ils seront 11'000 de plus samedi pour assister à la même affiche. Qu'est-ce que ça veut dire?
Que cette saison, on fournit à nos supporters ce qu'ils attendent de nous. On l'a déjà répété à plusieurs reprises, mais les Valaisans ne demandent pas grand-chose. Ils veulent simplement voir sur le terrain une équipe qui se bat et qui a envie de tout donner pour ce maillot. Les victoires, les nuls ou les défaites font partie du football, mais si l'attitude est bonne, les gens répondent présents. Jouer dans un stade à guichets fermés samedi n'est pas le fruit du hasard.
Face à vous se dressera ce FC Lugano qui ne perd plus depuis plus de deux mois…
C'est une magnifique équipe, mais nous avons déjà battu YB qui est la meilleure formation de Suisse depuis des années et qui enchaîne les titres. Ce n'est de toute manière "qu'un" match de foot. Avec la bonne mentalité, tout est possible.
Que répondez-vous aux personnes qui estiment qu'au vu de sa forme actuelle, Lugano sera un plus gros morceau qu'YB en quart?
Qu'il ne faut en tout cas pas réduire la portée de l'exploit que l'on a réalisé face aux Bernois. Même s'ils n'étaient peut-être pas dans la meilleure forme de leur saison, ils sont venus chez nous pour passer le tour et ils se sont heurtés à une équipe qui a tout donné pour mériter de l'emporter. Lugano est une très bonne équipe, c'est clair, mais aux dernières nouvelles, ils comptent six points de retard sur YB en championnat. Même si le momentum est de leur côté en ce moment, toutes les séries ont une fin. Nous sommes bien placés pour le savoir. J'ai énormément de respect pour eux, mais Lugano devra nous marcher dessus pour gagner. Nous allons tout faire pour tenir le plus longtemps possible et rêver encore davantage.
Les bons résultats de Lugano portent la marque de son entraîneur Mattia Croci-Torti sous les ordres duquel vous avez évolué. Que pouvez-vous nous dire à son sujet?
Sa plus grande force est d'avoir été assistant durant plusieurs années au sein du club (ndlr : il a été l'adjoint Pierluigi Tami, Guillermo Abascal, Maurizio Jacobacci, Fabio Celestini et Abel Braga). Il a pratiquement grandi avec le FC Lugano qu'il connaît par cœur. Son mérite est d'avoir cherché à prendre les meilleurs côtés de chacun des techniciens qu'il a côtoyé. Il s'est créé une personnalité d'entraîneur qui est probablement inspirée de plusieurs coachs différents. C'est un amoureux de foot, il connaît tout et tout le monde, c'est un motivateur hors pair, il a vraiment tout pour faire une grande carrière. Je suis content pour lui des résultats qu'il obtient car c'est quelqu'un que j'adore vraiment.
Des similitudes existent-elles entre Mattia Croci-Torti et Didier Tholot?
Oui, ils sont tous les deux très bons au niveau de la motivation qu'ils apportent à l'équipe. Que ce soit avec l'un ou avec l'autre, tu sais que tu n'as pas le droit de prendre un exercice à la légère à l'entraînement car il sera là pour te rappeler à l'ordre. Ce sont deux hommes qui n'hésitent pas à donner de la voix durant les séances. Ils vivent le truc vraiment à fond. Tactiquement, ils ont chacun des idées très claires de ce qu'ils veulent inculquer à leur équipe. Des similitudes, il y en a donc beaucoup. En tout cas, ce sont deux très bons coachs.
C'est d'ailleurs sous les ordres de Croci-Torti que vous avez remporté la Coupe de Suisse en 2022 avec Lugano…
J'en garde forcément de très bons souvenirs aujourd'hui encore. Vous savez, quand tu gagnes une Coupe, tu prends conscience que toutes ces années lors desquelles tu y as participé sans aller au bout et que tu te disais que ce n'était pas grave, c'était une erreur. Remporter ce trophée, c'est trop beau. Quand tu l'as fait une fois, ta seule envie, c'est de le refaire. J'ai de magnifiques souvenirs de 2022 mais j'espère en créer d'autres très vite.
Surtout que gagner la Coupe avec Lugano peut être très beau mais le faire sous le maillot du FC Sion est encore mieux, non?
Il parait, oui (rires). Lorsqu'on a gagné à Lugano, le club attendait un titre depuis près de trente ans (ndlr : vingt-neuf précisément entre la Coupe de 1993 et celle de 2022). C'était extraordinaire mais soulever le trophée avec Sion serait encore plus fou en raison de toute l'histoire que ce club entretient avec la compétition.