Femmes & Fédérations (4/4) : Yolande Kämpfer-Seewer, une vie passionnante à l'UEFA
Elles sont Valaisannes, elles font tourner les rouages du sport mondial. Femmes et fédérations : une série proposée par le service des sports de Rhône FM. Épisode 4: Rencontre avec Yolande Kämpfer-Seewer, "Venue Director" à l'UEFA.

Les amoureux de football qualifieraient sans doute la vie de Yolande Kämpfer-Seewer de rêvée. Footballeuse puis collaboratrice à l'UEFA depuis près de vingt ans, la Haut-Valaisanne a vécu de l'intérieur les plus grands événements organisés à l'échelle européenne.
Une mordue de ballon rond
Avant de rentrer au sein de l'organe faîtier du football européen, Yolande Kämpfer-Seewer a pratiqué durant de nombreuses années, jusqu'au jour où elle a décidé de revenir dans son canton d'origine. "J’ai tout d'abord commencé au FC Bözingen 34, avant de partir à Berne. Ensuite, je suis allée à Vétroz pour finalement terminer ma carrière au FC Sion Féminin", explique-t-elle. Une passion pour le ballon rond depuis petite donc, dont elle a souhaité en faire son métier de tous les jours. Son arrivée à l'UEFA est d'ailleurs le fruit du hasard. "Il faut être au bon endroit au bon moment", sourit-elle. "Durant mes études, j’ai eu la chance de faire quelques stages au service disciplinaire de l’UEFA. Et puis un jour, j’ai reçu un coup de téléphone juste avant de terminer mon master", poursuit-elle.
Un coup de fil qui a rendu réalité les rêves de la Haut-Valaisanne. "La fille qui s’occupait du foot féminin dans l'unité d'administration de compétitions à l’UEFA allait partir et on m’a proposé de reprendre son poste. J’ai tout de suite dit oui, mais à la condition que je puisse terminer mes études. Cela n'a pas été simple, mais j’ai eu des jours de congé pour que je puisse faire mes examens. Je n’ai jamais regretté d’avoir fait les deux en parallèle." Les études terminées et un poste au sein de la plus grande organisation européenne de football, Yolande Kämpfer-Seewer ne pouvait espérer mieux. Des quelques jours de stage à "match manager" lors du dernier Euro en Allemagne, son ascension donne le vertige par sa verticalité.
S'habituer à un environnement imposant
Un premier poste dans le secteur du football féminin, des programmes de "mentorat" pour encourager les femmes à se lancer dans le coaching, puis aujourd'hui un rôle d'externe. Yolande Kämpfer-Seewer a entre autres multiplié les casquettes au fil des années. "Je n’avais jamais pensé faire carrière à l’UEFA. C’est vraiment un coup de chance d’avoir eu une place ici. Mais rétrospectivement, c’est clairement un rêve de travailler à cet endroit", détaille-t-elle. "Lorsque tu rentres ici pour la première fois, c’est impressionnant. Que ce soit les bâtiments ou les armoires à trophées, quand tu as fait du foot, c’est vraiment spécial. On se sent assez petit ici vu le nombre de collaborateurs et de choses à faire", se marre-t-elle. En plus des armoires à trophées pleines à craquer, la boîte à souvenirs est également bien remplie.
Le profil de la Haut-Valaisanne pourrait paraître atypique, mais il se révèle parfaitement taillé au poste et aux responsabilités. Une ancienne footballeuse, expérimentée et qui connait la réalité du terrain, engagée dans le développement du foot féminin. "Lorsque l’on me demande pourquoi je travaille à l’UEFA, je réponds tout simplement que nous essayons de faire en sorte que tout le monde puisse jouer au football, peu importe son niveau, au travers différents programmes", poursuit-elle. "L’une d'entre elles, c’est de faire en sorte que les filles puissent jouer dans leur village et qu’elles ne doivent pas aller à 300 kilomètres de chez elles. Cela prend du temps, mais on y arrive justement. On a beaucoup progressé, mais il reste du chemin à parcourir".
Dans un registre différent, Yolande Kämpfer-Seewer a tenté de promouvoir les entraîneuses. Un défi compliqué, mais qui porte déjà ses fruits. "C’est chouette de voir qu’il y ait de plus en plus de femmes intéressées à entraîner. Nous sommes dans un pays accueillant, mais ce n’est pas toujours simple de faire un cours où il y a vingt hommes et une seule femme, ça nécessite du courage. Voir qu’il y a une augmentation, c’est une très bonne chose", se félicite-t-elle.
Externe en Allemagne
Désormais quelque peu éloignée du quotidien de l'UEFA, Yolande Kämpfer-Seewer travaille aujourd'hui comme externe pour l'organisation. Des missions, prévues surtout lors des compétitions européennes. "Chaque saison, nous sommes assimilés à un club et nous devons assister à tous les matches à domicile. Cette année, je suis avec le 1. FC Heidenheim 1846 en Conference League. Les clubs reçoivent avant le début de l’exercice un petit guide où les bonnes pratiques sont inscrites. Notre but est d'être sur place pour les aider. Notre présence n’est pas toujours facile à supporter, mais nous ne sommes pas là pour faire la police. Avec 1. FC Heidenheim 1846, tout se passe super bien, ils sont très sympas. C’est également leur première expérience européenne et j’ai beaucoup apprécié ces premiers mois avec eux". La Haut-Valaisanne s’assure notamment que l’imposant cahier des charges de l’UEFA soit rempli. Et elle l’a constaté : le fameux livre d’exigences s’est étoffé au fur et à mesure que l’industrie du foot s’est développée.
Les mamans ont leur place à l'UEFA
Ce n'est ni un mythe, ni une légende. Il est souvent plus difficile de se frayer un chemin au plus haut échelon lorsqu'on est une femme. Une difficulté face à laquelle la Haut-Valaisanne était préparée depuis longtemps. "J’avais déjà l’habitude d’être la seule fille à jouer au foot avec les garçons, et là, je suis aussi souvent l’une des seules filles. Ça ne me dérange pas parce que je m’entends très bien avec eux. En revanche, cela peut être plus compliqué pour d’autres femmes", regrette-t-elle. En parallèle de la vie professionnelle, il y a souvent des enfants à assumer pour celles qui sont mamans.
Un jeu d'équilibriste que l'UEFA essaie de faciliter au mieux depuis quelques années. "Avec le COVID, les choses ont beaucoup évolué, comme le télétravail par exemple. Avant, c’était hors de question de travailler à distance, alors que maintenant, c’est possible. C’est beaucoup plus simple dans l’organisation de famille. L’UEFA fait beaucoup d’efforts pour que nous ayons une bonne balance dans la vie professionnelle et la vie privée. Il y a toujours des améliorations, comme partout, mais c’est déjà bien", détaille Yolande Kämpfer-Seewer.
L'Euro 2025 à Tourbillon, prochain gros objectif
D'origine haut-valaisanne, Yolande Kämpfer-Seewer attend de pied ferme l'Euro 2025 féminin qui se disputera en Suisse du 2 au 27 juillet 2025. Malgré ses nombreuses expériences, que ce soit sur le plan européen et international, elle l'avoue : cette compétition aura quelque chose de spéciale. L'ancienne joueuse du FC Sion sera notamment missionnée pour les matches prévus au Stade de Tourbillon. Un moment que la principale intéressée se réjouit énormément.