Benjamin Bertrand, le fidèle lieutenant de Didier Tholot : "En France, il est sous-coté"
Didier Tholot attire la sympathie et la lumière, même si parfois il n’aime pas trop ça. Dans son ombre, son assistant au FC Sion Benjamin Bertrand tente d’amener sa pierre à l’édifice. Avec les mêmes valeurs et la même passion que son mentor. Interview.
![Benjamin Bertrand n'a pas hésité une seconde au moment de suivre Didier Tholot pour venir travailler en Valais](/media/image/9/mini_3_2/592043699-highres.jpg?6ec85035601fd12c97c74300838382d6 320w,/media/image/9/normal_3_2/592043699-highres.jpg?6ec85035601fd12c97c74300838382d6 1080w)
Benjamin Bertrand, si on remonte au mois de juin 2023, quelle a été votre réaction lorsque Didier Tholot vous propose de le suivre au FC Sion ?
J’ai tout de suite dit oui, sans réfléchir et sans même chercher à connaître les conditions. Je connaissais l’homme et ses valeurs. C’était un plaisir pour moi de pouvoir travailler avec lui.
Tantôt méfiant, tantôt chambreur. Comment est-il au quotidien ?
Il a des moments de réflexion lors desquels il se met en retrait pour prendre des décisions importantes. Sinon, c’est quelqu’un qui aime bien rigoler. Surtout, il sait faire la part des choses. Quand il faut travailler, on travaille. Quand il faut rigoler, on rigole. Mais c’est un grand professionnel.
Et est-ce que vous parvenez à l’influencer dans ses décisions ?
C’est compliqué. Il a du charisme et du caractère. Bien sûr, il est toujours à l’écoute du staff. On est constamment dans l’échange. Mais il ne se laissera pas influencer par des éléments extérieurs ou par des choses négatives. Il a une ligne de conduite et il s’y tient. Et c’est ça qui est apprécié sans doute.
Didier Tholot a ce côté fédérateur aussi. On a l’impression que son staff et ses joueurs sont prêts à se battre pour lui. Vous partagez ?
Les gens qui travaillent avec lui, veulent réussir avec lui. Ici il a la reconnaissance qu’il mérite. En France il a été sous-coté. Tant par rapport à son travail effectué en Suisse auparavant, tant par rapport à ce qu’il est parvenu à faire à Pau, avec peu de moyens.
Et vous alors ? Qu’est-ce que vous lui amenez concrètement au quotidien ?
Moi ? J’observe beaucoup nos adversaires. Je lui donne mon avis sur les aspects tactiques, en collaboration avec l’analyste vidéo. Au quotidien, je mets en pratique certains exercices ou certains entraînements spécifiques. Et il y a aussi le côté humain. Parfois, certains joueurs décrochent moralement. Il y a des choses que je perçois ou que j’entends. C’est important de pouvoir leur parler individuellement pour conserver l’équilibre du groupe.
Et quelle est votre patte dans cet équilibre ?
Je suis très proche des joueurs. Beaucoup plus que Didier, ce qui est normal puisque c’est lui qui décide à la fin. Le cœur, c’est ce qui nous réunit. Au fond, on transmet le même message mais avec d’autres mots. Il faut dire que je suis plus jeune. J’ai peut-être les codes pour m’adresser à eux ou pour les comprendre.
Des grands enfants ces footballeurs ?
Ah oui, nous sommes tous de grands enfants. On fait notre passion. On est heureux de venir travailler au quotidien. Et quand les résultats suivent, c’est encore mieux !
Justement, la saison est déjà très bonne quel que soit le dénouement. Est-ce que vous vous y attendiez ?
Si je dis oui, ça serait peut-être un petit mensonge. D’un autre côté, on a tout de suite senti, dès notre arrivée, que quelque chose de grand était possible. Je suis venu ici sans à priori. Je n’étais pas fragilisé par la descente. On a débarqué avec beaucoup de positivité et beaucoup d’envie. Avec une certaine fraîcheur aussi, faisant fi du contexte antérieur. Cette distance a fait la différence et nous a permis de réaliser une saison remarquable. Autant de points et autant de victoires c’est rare dans le football.
Est-ce que vous avez appris des choses depuis votre arrivée en Valais ?
J’apprends au quotidien. J’ai tout à apprendre d’ailleurs. L’observation, l’échange, je me nourris beaucoup de l’expérience et de l’approche de Didier. Je suis un peu à l’image de l’équipe, qui est jeune et qui a une marge de progression. C’est la force de ce groupe qui ne tombe pas dans la routine mais qui cherche constamment à s’améliorer.
On sent un réel attachement de Didier Tholot pour ce canton et réciproquement. Quel est votre lien à vous avec le Valais ?
En ce qui concerne Didier, l’attachement est bien réel. Il suffit d’aller manger quelque part avec lui, pour en mesurer l’impact. Les gens sont vraiment affectueux et reconnaissants du travail qu’il effectue. Je me reconnais totalement dans ces valeurs. Je viens du Pays basque et ça ressemble un peu. J’ai grandi dans un environnement similaire. Quand on ne triche pas, les gens savent valoriser le travail.
Et au-delà du football, quelle est votre expérience du Valais ?
L’expérience la plus concrète, c’est ma fille qui est née ici et qui sera une petite Valaisanne à tout jamais. Avec ma compagne, nous adorons la montagne et le cadre de vie. Les balades, le grand air. Nous sommes heureux de vivre ici.
Un épisode plus marquant que les autres
Dans le football tout va très vite. Et pourtant l’automne dernier, Benjamin Bertand a vécu de l’intérieur un moment grave et très fort, sur le plan professionnel comme sur le plan humain : l’incident cardiaque de Didier Tholot. Propulsé de manière transitoire à la tête de l’équipe, l’entraîneur assistant nous explique comment il a traversé cette période.