Avenir du FC Sion: le Collectif Tourbillon affirme sa vision
Quatre mois après l’annonce officielle de sa création, le Collectif Tourbillon dévoile les premiers fruits de son travail. Sur la base d’un large rapport financier, il révèle sa vision pour l’avenir du FC Sion et son maintien dans le football professionnel.
L’avenir du FC Sion continue de susciter des interrogations, indépendamment de ses performances sportives sur les pelouses de Challenge League. Elles entourent évidemment les réelles intentions pour le futur de Christian Constantin. Le président sédunois avait dans un premier temps annoncé prévoir de se retirer du football professionnel au printemps prochain avant de laisser la porte ouverte à la poursuite de ses activités en cas de soutien des autorités communales et cantonales concernant un projet de nouvelles infrastructures pour le club.
Quatre mois pour rédiger un document d’une centaine de pages
Face à cet horizon relativement flou à court terme, quatre supporters valaisans avaient décidé ce printemps de s’unir en créant le «Collectif Tourbillon». Objectif: réunir un maximum d’amoureux du FC Sion afin d’exprimer d’une voie commune la vision du public et participer de manière active aux discussions quant à une éventuelle transition future. Après avoir annoncé publiquement la création de cette entité au début du mois de mai, ses initiants ont tenu ce mardi matin une première conférence de presse. L’occasion pour eux de dévoiler le fruit de leurs premiers mois de travail: un document conséquent de 103 pages intitulé «Rapport financier sur le FC Sion et ses perspectives économiques.»
«Nous avons travaillé de manière acharnée durant tout l’été pour mettre sur pied cette base de travail pour la suite», relève Stéphane Haefliger, l’un des hommes à l’origine du Collectif Tourbillon. «Ce document s’adresse en premier lieu à toutes les parties concernées par l’avenir du club. C’est le cas de la Ville, du Canton et, bien évidemment, de Christian Constantin. Nous avions toutefois à cœur de le rendre disponible à tout le monde. Ce travail de fond réalisé ces dernières semaines nous permet de poser une première pierre à l’édifice.»
Un rapport «le plus complet possible»
Ce rapport financier est articulé en trois parties. Une première consacrée à une analyse des tendances de l’industrie du football. Les bons et les moins bons exemples de gouvernance en Suisse et à l’étranger y sont mentionnés. La deuxième est axée sur la situation financière du FC Sion et la troisième sert de conclusion aux éléments révélés préalablement. Si chacun des membres du Collectif Tourbillon y a contribué, ce document a été en grande partie construit par Jonathan Castella. Analyste financier, il explique comment ces 103 pages ont été réalisées en l’espace de quatre petits mois.
Jonathan Castella n’était pas là lorsque l’idée de mettre sur pied le Collectif Tourbillon est née. Il a rejoint celui-ci au mois de mai, quelques jours seulement après sa divulgation dans les médias. «Comme beaucoup je pense, je me suis d’abord demandé qui était cette équipe?», rigole-t-il. «Rapidement, un de mes amis d’enfance (ndlr: l’avocat Vincent Zen-Ruffinen) m’a appelé pour me dire qu’il faisait partie des initiants et que ces derniers étaient à la recherche de compétences dans différents domaines. J’ai tout de suite accepté de mettre à profit mes aptitudes dans le domaine de la finance car les valeurs défendues par ce Collectif me parlaient. La rédaction de ce rapport financier a aussitôt débuté.»
L’analyse des tendances de l’industrie du football dans la 2ème partie du document a permis au Collectif Tourbillon de mettre en lumière les risques liés à l’arrivée d’éventuels investisseurs étrangers. De l’Olympique Lyonnais et des Girondins de Bordeaux, récemment passées en mains américaines, aux cas de Sochaux ou de GC qui ont perdu une grande partie de leur identité en passant sous gouvernance chinoise, les exemples de fonctionnements à éviter ne manquent pas. «Notre conclusion est claire, le FC Sion doit rester en mains valaisannes», affirme Stéphane Haefliger. «Les cas de Marc Roger à Servette ou de Bulat Chagaev à Xamax ont montré à quel point l’arrivée d’un repreneur étranger pouvait mettre en péril la survie d’un club. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir un président qui parle notre langue, avec lequel il reste plutôt facile d’échanger aussi bien de visu que par téléphone. C’est plus évident dans ce genre de situation d’entretenir l’ambition commune de faire avancer le FC Sion. N’oublions pas que les retombées d’une éventuelle transition future ne seront pas que financières. Il y a des filières de formation et féminine qu’il faut conserver. C’est pourquoi notre but est aujourd’hui d’aider Christian Constantin à trouver une solution sur le long terme.»
Un identification à retrouver en devenant participatif
C’est bien là le message que défend le Collectif Tourbillon depuis son lancement. Il ne se veut en aucun cas en opposition du président actuel et ne se considère pas non plus comme repreneur potentiel. «Nous ne voulons pas avoir ce rôle mais simplement être un acteur de la future transition du club. Le Collectif Tourbillon ne reprendra pas le FC Sion, c’est un travail collectif qui le fera», poursuit Stéphane Haefliger. Les initiants souhaitent en revanche que le club change quelque peu sa manière de fonctionner. «L’exemple de la saison 2020/2021 prouve que l’identification au club n’existe plus véritablement. Alors que les matches se jouaient à huis-clos en raison du covid, seulement 27% des abonnés avaient renouvelé leur sésame en guise de soutien. À Saint-Gall, ils étaient 97%. Pourquoi? Car les Brodeurs fonctionnent de manière participative. Les supporters ont leur mot à dire dans les décisions du club. Le FC Sion doit passer par là pour relancer ce sentiment d’identification et garantir ce ruban financier de gens qui viennent au stade, qui consomment et qui génèrent donc de l’argent.»
Autre thème directement lié à l’avenir du club sédunois: celui des infrastructures. Sur ce point, la vision du Collectif Tourbillon est claire: il faut rénover Tourbillon plutôt que bâtir une nouvelle enceinte. «Nous avons soumis un sondage à nos adhérents et 70% ont répondu qu’ils soutenaient cette idée-là», explique Stéphane Haefliger. «Christian Constantin le dit assez: nous sommes l’un des cantons qui génère le moins d’argent par habitant. Nous ne pouvons pas nous targuer de vouloir construire un nouveau stade énorme. L’Atalanta Bergame ou la Real Sociedad ont montré qu’il était tout à fait possible de faire des rénovations importantes sans dépenser des centaines de millions. Notre rapport financier relève que de nouvelles infrastructures sont nécessaires pour accroître les recettes du club mais nous ne devons surtout pas négliger l’histoire de celui-ci qui est intimement liée à celle de Tourbillon.»
Quelles sont les prochaines étapes?
La publication de ce rapport financier est la première étape accomplie par le Collectif Tourbillon. L’aboutissement de ses premiers mois de travail. Ses défis sont toutefois loin de s’arrêter là. Stéphane Haefliger explique ce qui attend désormais les inititants du projet.
À ce jour, le Collectif Tourbillon compte près de 2'000 adhérents dont 34% proviennent du Haut-Valais. «Cela démontre l’importance de toutes les parties du Canton pour le club. Le FC Sion appartient aux Valaisannes et Valaisans, de Saint-Gingolph à Gletsch.»
Le FC Sion adhère en partie à la vision du Collectif Tourbillon
Contacté, Christian Constantin n’a pas répondu à nos appels pour réagir à la parution de ce rapport financier. Le FC Sion a toutefois publié un communiqué dans la foulée de la conférence de presse tenue ce mardi matin. Il salue notamment le sérieux avec lequel a été réalisé ce document tout en relevant que «les éléments manquants feront l'objet d'une discussion prochaine avec les auteurs.» Le club sédunois ne souscrit en revanche pas à l’hypothèse d’une rénovation de Tourbillon mais préférerait «créer un nouveau lieu de vie à côté du stade actuel».