Eric Castonguay: «Je veux finir ma carrière à Sierre»
Des deux joueurs étrangers du HC Sierre, c’est celui dont on entend le moins parler cette saison. Pourtant, Eric Castonguay en a des choses à dire et à raconter. Nous l’avons rencontré «chez lui» à Graben, entre deux matches de cette équipe sierroise dans laquelle il se sent si bien.

«J’adore la vie à Sierre. Avec ma femme et mes deux enfants, on a tout de suite été très bien intégrés. Tout comme les Québécois, les Valaisans sont très accueillants donc on a vraiment l’impression d’être à la maison ici.» Ces premiers mots à peine prononcés, le ton est donné: à Graben, Eric Castonguay est un homme épanoui et il a à cœur de le montrer.
Plusieurs expériences à l’étranger
La vie à Sierre, le numéro 27 l’a découverte à l’été 2019 en s’engageant tout d’abord pour une année avec un club alors néo-promu en Swiss League. Avant cela, sa carrière, qu’il avait commencé en quittant très tôt le cocon familial, l’avait conduit successivement aux Etats-Unis, en France, en Norvège puis en Suède. «Toutes ces expériences m’ont beaucoup apporté, aussi bien sur le plan humain que sportif. J’ai vécu de très belles choses, j’ai fait de formidables rencontres, je ne regrette absolument rien. Tous ces souvenirs, je les garderai pour toujours avec moi.» Aucun regret donc pour Eric Castonguay, pas même celui de n’avoir jamais eu sa chance en NHL alors qu’il faisait pourtant partie des joueurs les plus talentueux des ligues juniors. «Bien sûr que comme tous les jeunes canadiens, je rêvais de jouer un jour avec les meilleurs mais si je regarde en arrière, je vous assure que je ne regrette rien. Je suis très fier de tout ce que j’ai accompli.»
«Tout l’engouement que l’on ressent ici, c’est vraiment particulier. C’est difficile de décrire à quel point les gens sont passionnés.»Eric Castonguay
Durant son parcours, notamment du côté de la Suède, le natif de Granby a déjà connu des villes moyennement peuplées par rapport à ce que l’on peut connaître au Québec. Il n’a donc pas été dépaysé au moment de poser ses valises dans la cité du Soleil. «La dynamique est géniale ici. Même si les gens ne peuvent malheureusement plus se déplacer à la patinoire, on sent leur soutien chaque jour», apprécie-t-il. «Ils nous arrêtent dans la rue, ils nous félicitent, ils nous écrivent des messages, on sait qu’ils sont derrière nous. Tout cet engouement, c’est vraiment particulier. C’est difficile de décrire à quel point les gens sont passionnés.»
Une intégration facilitée grâce à Dany Gelinas
Si son intégration à son nouvel environnement s’est faite très naturellement, Eric Castonguay le doit aussi à son entraîneur, Dany Gelinas, québécois tout comme lui. «Forcément que ça aide. Il a énormément d’expérience, c’est un entraîneur «dur» mais aussi très proche de ses joueurs. Il a à cœur que tout le monde se sente bien dans l’équipe donc on a vraiment une belle relation.»
«Peu importe qui tu es, tes statistiques passeront toujours après les intérêts du collectif.»Eric Castonguay
Une belle relation, malgré le fait que le technicien ait pris une décision importante le concernant: celle de le séparer de Guillaume Asselin, l’autre canadien. «Tout le monde était surpris car on était la première équipe dans laquelle c’était le cas», reconnait l’attaquant. «À l’époque, tous les autres clubs voulaient voir leurs étrangers performer ensemble mais maintenant, de plus en plus essaient aussi cette séparation. Et puis bon, l’important c’est l’équipe. Le coach a d’ailleurs tout de suite mis les choses au clair: peu importe qui tu es, tes statistiques passeront toujours après les intérêts du collectif.»
Une première ligne qui n'hésite pas à «aller au charbon»
Une règle parfaitement comprise par le centre de la première ligne sierroise. Une ligne dans laquelle il est entouré de Thomas Dolana et Thibaut Monnet. S’ils marquent moins que la deuxième triplette, celle de Guillaume Asselin, les trois hommes jouent néanmoins un rôle très important dans la bonne marche des «Rouge et Jaune». Ce sont en effet eux qui doivent souvent «aller au charbon» pour contrer les meilleurs atouts adverses. «Bon, à nous trois, on a énormément d’expérience. On est loin d’être le plus jeune trio de la ligue», sourit Castonguay. «Notre mission est de fatiguer nos adversaires pour donner un peu d’air à nos coéquipiers. La ligne de Guillaume, Arnaud (ndlr: Montandon) et Rémy (ndlr: Rimann) marque beaucoup et nous aide donc à gagner mais de notre côté, on apporte beaucoup défensivement donc c’est vraiment l’ensemble du collectif qui permet au club de performer.»
Dans l’ombre de Guillaume Asselin?
La deuxième ligne qui marque beaucoup, notamment Guillaume Asselin. Ce dernier attire la lumière depuis le début de la saison par ses performances étincelantes. Au point, peut-être, de faire de l’ombre à son compatriote? «Non, absolument pas!», rétorque directement ce dernier. «Je suis vraiment content pour lui. Avec Arnaud, il forme sans aucun doute l’un des duos les plus redoutables de la ligue. On est vraiment chanceux de pouvoir compter sur eux ici et encore une fois, mon rôle est de les aider comme je peux. À la fin, tout ce qui compte, je le répète, c’est que le HC Sierre prenne des points, pas de savoir quel joueur en marque le plus.»
«Au vu de mon expérience, je me dois de montrer l’exemple.»Eric Castonguay
Être l’un des deux étrangers d’un vestiaire composé majoritairement de jeunes joueurs, forcément cela suscite beaucoup d’attentes et met une certaine pression sur ses épaules. «On sait qu’on a un rôle très important à jouer au sein de l’équipe. Mais dès notre engagement, le directeur sportif et le coach nous ont dit qu’on ne devait pas se mettre trop de pression quant à un nombre de points à atteindre», explique l’aîné des deux Québécois de Graben. «Comme je l’ai déjà dit, je pense que Guillaume apporte beaucoup plus offensivement, surtout cette saison où il démontre vraiment tout son talent. De mon côté, j’essaie de l’aider au maximum et d’épauler les plus jeunes. Au vu de mon expérience, je me dois de montrer l’exemple.»
Entraîneur au sein du mouvement juniors
Et l’exemple, Eric Castonguay ne se contente pas de le montrer dans le vestiaire de la première équipe. Il s’investit également auprès du mouvement juniors du club sierrois. «L’un de mes fils, âgé de 6 ans, fait partie de l’équipe des U9-2. À la fin de la saison dernière, Cedric Melly (ndlr: membre de la commission technique) m’a approché pour savoir si j’étais intéressé à donner un coup de main et tout de suite, j’ai accepté», explique le Canadien. «J’ai toujours aimé m’investir pour le club que je représente et devenir entraîneur est quelque chose qui me plairait dans mon après-carrière. Et quitte à commencer, autant le faire avec les plus jeunes. À cet âge-là, ils sont tout heureux de venir sur la patinoire. Moi, j’essaie simplement d’apporter mon expérience, j’adore ça et j’espère continuer l’aventure le plus longtemps possible.»

Eric Castonguay entouré de quelques-uns de ses protégés (Photo: FB - Mouvement Juniors HC Sierre)
Eric Castonguay le dit, le plaisir est le maître-mot pour ses petits protégés. Lesquels sont évidemment trop jeunes pour ressentir une quelconque atmosphère de compétition. «Peu importe l’exercice que tu fais, ils sont juste heureux d’enfiler les patins. Voir ça, ça me fait du bien. C’est une bonne piqure de rappel. Même à 33 ans, il faut prendre du plaisir à l’entraînement. Les voir travailler fort, sourire, s’amuser, c’est une vraie inspiration, quelque chose que j’essaie de transposer au sein du vestiaire de la première équipe.»
Le hockey: une histoire de famille
Et le numéro 27 n’est pas le seul à donner de son temps pour les «apprentis-hockeyeurs» sierrois. Sa femme Janika est en effet également engagée auprès de l’école de hockey. Et le père de celle-ci n’est autre que l’un des entraîneurs les plus réputés de la ligue junior majeur du Québec. «Son frère est aussi recruteur pour les Golden Knights de Vegas en NHL. À l’heure des retrouvailles, le hockey est donc toujours au centre de nos discussions. Ce sport coule vraiment dans nos veines.»
«En théorie, il n’y a pas un jour qui passe où je ne suis pas à Graben.»Eric Castonguay
Joueur de la première équipe, entraîneur au sein du mouvement juniors, Eric Castonguay ne le cache pas: la patinoire de Graben est comme une deuxième maison pour lui. «J’y passe beaucoup, beaucoup de temps c’est clair», sourit-il. «En fonction du programme de la première équipe, c’est parfois difficile d’être là pour les juniors. Mais en théorie, il n’y a pas un jour qui passe, à l’exception peut-être de quelques dimanches où on se donne «congé», où je ne suis pas à Graben. Mais attention, c’est loin d’être une contrainte, je suis toujours très heureux d’être entre ces murs.»
Un contrat qui arrive à échéance
Eric Castonguay est heureux à Graben où son contrat arrive toutefois à échéance en fin de saison. Alors, de quoi son avenir sera-t-il fait? «Pour moi, c’est clair: je veux rester ici! J’ai 33 ans, on sait que je ne rajeunis pas mais mon but est de finir ma carrière à Sierre. Des pourparlers ont déjà été engagés avec le club et je sais que financièrement, c’est compliqué au vu de la situation. Des efforts devront certainement être faits mais mon souhait est vraiment de prolonger car aussi bien ma famille que moi-même, on se sent tous très bien en Valais.»
En attendant que ces discussions autour d’un renouvellement de bail aboutissent, Eric Castonguay et le HC Sierre se déplacent ce mercredi sur la glace du leader Kloten. Coup d’envoi à 19h45.