Club du mois : véritable tradition dans la station, le Curling Club Champéry cherche de la relève
L'épisode de novembre de notre série "le Club du mois" nous emmène dans le Chablais, à la rencontre du Curling Club Champéry. Une société ancrée depuis de longues années dans la vie de la station et qui cherche de nouvelles forces vives pour perdurer.

"Je n'ai pas dû me battre, mais j'ai dû me justifier. Comme on dit, un cul de vaudois qui devient président d'un club à Champéry, c'est étonnant." Perceptible dès ses premiers mots lorsqu'il nous accueille au Palladium, l'accent de Jean-Marc Gaudard ne lui permet pas de trahir ses origines. À la tête du club de curling de la station depuis la fin du mois d'août, le Lausannois ne cherche de toute manière pas à se renier. "Mon père est fribourgeois, ma mère valaisanne. Pour se retrouver, ils ont fait un compromis en s'établissant au milieu, dans le canton de Vaud."
Prendre c'est bien, donner c'est encore mieux
S'il réside dans la capitale olympique, sa nomination à la présidence du CC Champéry ne tombe pas de nulle part. Après avoir acheté un appartement dans la station, il a intégré le club il y a une bonne dizaine d'années. "À mon sens, un membre ne peut pas seulement prendre. Il doit aussi donner quelque chose au club pour que celui-ci continue d'exister." Aucun autre candidat ne se présentant pour reprendre un rôle resté vacant depuis le départ de son prédécesseur en 2023, Jean-Marc Gaudard a donc décidé de franchir le pas. "Étant un jeune retraité, je me suis dis que le moment était bon pour me lancer dans l'aventure. J'ai du temps à lui consacrer et j'espère que d'ici quatre ou cinq ans, quelqu'un d'autre sera prêt à en faire de même et à reprendre le flambeau."
Le curling, Jean-Marc Gaudard l'a découvert "chez lui", en assistant à la finale des championnats du Monde organisés à Lausanne en…1988. "Je me souviens avoir été impressionné par les coups incroyables de Pat Ryan, le skip du Canada. J'étais sidéré de voir comment fonctionnait ce sport. Lorsque je suis arrivé ici à Champéry, je me suis dit que j'allais essayer. Et vous savez ce qu'on dit, essayer le curling, c'est l'adopter. En tout cas, cela a été le cas pour moi." Conscient que son sport souffre toujours d'un manque d'intérêt global, à l'exception des périodes olympiques ou de quelques grands tournois, le président du club champérolain parle d'une "image à casser".
À Champéry, le curling a une longue histoire. S'il se raconte que ce sport s'y pratiquait déjà avant la première guerre mondiale, le club est officiellement né en janvier 1951. "Je pense qu'il est difficile de trouver en Valais un endroit où le curling est une tradition ancrée aussi fortement que dans notre station. Rendez-vous compte que cela fait 50 ans que nous avons une halle uniquement dédiée à notre sport. L'an prochain, nous espérons célébrer dignement notre 75ème anniversaire, en organisant plusieurs événements, dont une grande soirée de gala. On se réjouit déjà d'y être."
Gaston, curleur à plus de 80 ans
À l'aube de ce jubilé, le Curling Club Champéry compte toujours de nombreux adeptes. "Nous sommes environ 140 membres. Les plus jeunes ont 18 ans et nous avons Gaston qui joue encore et qui prend du plaisir sur la glace du haut de ses 83 ou 84 ans. Le curling est un sport de tous âges, même s'il a la très vilaine image de sport de vieux. Pourtant, si vous regardez la moyenne d'âge de l'équipe de Suisse féminine engagée actuellement aux championnats d'Europe (ndlr : le tournoi se déroule à Lohja en Finlande), elle se situe autour des 25 ans. Au niveau élite, ce sont donc bien les jeunes qui font le spectacle."
Les jeunes, la relève, voilà justement ce qui manque actuellement au Curling Club Champéry. Après avoir pourtant remporté le titre national de Ligue B l'hiver dernier, l'équipe junior a disparu, faute de joueurs suffisants. "Ceux qui étaient là ont grandi et n'étaient plus en âge de jouer dans les catégories juniors", explique Jean-Marc Gaudard. "Nous espérons profiter de l'élan de notre 75ème anniversaire et des Jeux Olympiques pour attirer de nouveaux jeunes. Le problème est qu'il faut aussi convaincre les parents. Venir jusqu'à Champéry fait peur à certains d'entre eux et suffit à les faire renoncer. Nous allons nous atteler à chercher des solutions."
La recherche de relève comme plus gros défi
Le président sait évidemment l'importance de la relève pour permettre à un club de continuer à exister. "C'est le plus gros défi auquel je dois faire face en tant que président. Pour perdurer, nous avons besoin de nouveaux jeunes joueurs. S'il est moins populaire que le foot ou le hockey, le curling est un sport plus cérébral, très tactique, qui mérite d'être plus reconnu. Nous devons aussi faire en sorte de transformer les gens qui viennent faire des initiations en membres de notre club. Venez au Palladium, venez assister à certains matches et vous verrez, vous aurez envie d'essayer." Et comme essayer, c'est adopter…
Une 47ème Coupe du Chablais ce week-end
Pour attirer de potentiels nouveaux adeptes, quoi de mieux que l'organisation d'un tournoi? Ça tombe bien : la 47ème édition de la Coupe du Chablais se tiendra samedi et dimanche au Palladium de Champéry. "Dans les faits, cela devrait être la 50ème. Certaines éditions ont toutefois dû être annulées en raison d'un manque de participants", relève le président du Curling Club Jean-Marc Gaudard. "Le problème est que nous sommes une quinzaine de clubs à travers le canton et nous nous mangeons un peu les uns et les autres. Je suis content qu'une de nos membres se soit investie pour relancer cette Coupe du Chablais. Grâce à son dynamisme, elle a réussi à réunir douze équipes. On verra bien si ça permet d'attirer de nouveaux adeptes."
