La Valaisanne Emma Van Camp sera la plus jeune athlète suisse aux JO de Paris
Emma Van Camp s'apprête à vivre ses premiers Jeux Olympiques à seulement 19 ans. Retenue pour le relais quatre fois cent mètres, la Lensarde réalise un rêve d'enfant en allant à Paris. Avant son départ, elle s'est livrée à notre micro sur son parcours, ses attentes et son avenir.
Emma Van Camp est originaire de Lens. À 19 ans, elle vivra dans quelques semaines seulement ses premiers Jeux Olympiques de sa carrière. Retenue pour disputer le relais quatre fois cent mètres féminin, la Valaisanne sera la plus jeune athlète de toute la délégation helvétique à se rendre à Paris. À quelques jours de son départ, elle s'est livrée à notre micro. Interview :
Vous êtes originaire de Lens, vous vous entrainez aujourd'hui à Lausanne. Quelle est votre relation avec le Valais ?
C'est l'endroit où j'ai grandi depuis toute petite. C'est aussi ici que j'ai commencé à pratiquer l'athlétisme, ce sport qui aujourd'hui occupe toute ma vie. Je n'ai pas de mot spécifique pour décrire ce que je ressens, mais le Valais a une place importante dans mon cœur. D'ailleurs, quand les gens me taquinent en disant que je suis Vaudoise parce que je m'entraîne à Lausanne, j'ai du mal à l'accepter. Je me sens Valaisanne à 100%.
Expliquez-nous comment tout a commencé ?
Au début, je faisais du cirque. Quand j'ai arrêté, avec mes deux frères et ma sœur, on a voulu essayer ce que notre maman avait fait plus jeune. J'ai très vite remarqué que j'étais rapide sur le 100 mètres et c'est de cette façon que j'ai commencé ce sport.
Qu'est-ce qui vous plaît dans cette discipline ?
Pour le 100 et le 200 mètres, j'adore l'adrénaline que l'on ressent pour seulement quelques secondes de course. Comme tout va très vite, on ne doit pas vraiment réfléchir ou mettre une tactique en place comme on devrait le faire sur le 800 mètres par exemple. C'est simple, il faut être à fond du début à la fin et ça, ça me plaît.
Vous l'avez dit avant, vous avez vécu en Valais avant de rejoindre Lausanne. Pourquoi avoir fait ce choix ?
À l'âge de 16 ans, j'ai décidé d'aller là-bas pour deux raisons. La première, c'est qu'il y avait un entraîneur national, Kim Beytrison, avec qui j'ai une très bonne relation. C'est un entraîneur qui me correspond. Il arrive à bien communiquer avec moi et il sait comment améliorer mes faiblesses. La seconde, c'est qu'en Valais, il n'existait pas de collège sportif spécifique pour l'athlétisme alors qu'à Lausanne oui.
Trois plus tard, quel est votre regard sur cette décision ?
Pour être honnête, j'ai connu une première saison difficile. J'avais de la peine à performer et je stagnais. Je me suis remise en question et je me suis souvent demandée si j'avais pris la bonne décision. Dès ma deuxième année là-bas, tout a changé. Je n'ai fait que de progresser et je pense que c'est la meilleure décision que j'ai prise de toute ma vie. C'est grâce à ce choix si, aujourd'hui, je vais aux Jeux Olympiques de Paris.
Avant de décrocher votre ticket pour les JO, il a fallu faire vos preuves durant la saison. Comment est-ce qu'elle s'est déroulée ?
J'ai fait une très bonne saison en salle, ce qui m'a permis de rentrer dans le projet du relais quatre fois cent mètres féminin. Quand j'ai commencé ma saison en outdoor, j'avais de la pression. Je voulais et je devais prouver que j'avais ma place. Rapidement, j'ai réalisé les meilleures performances de ma carrière en abaissant au fur et à mesure mes records personnels.
Et vous avez vécu de belles sélections…
Oui ! À ma grande surprise, j'ai été appelée pour les relais mondiaux aux Bahamas, avant d'enchaîner avec les Européens à Rome. C'était assez fou, car j'ai côtoyé tous les athlètes que je regardais jusque-là à la télé. Au début, c'était impressionnant, mais petit à petit, j'ai trouvé ma place. J'ai aussi engrangé beaucoup d'expérience même si je n'étais que remplaçante dans cette équipe. J'ai aussi profité de ces deux rendez-vous pour nouer des liens avec cette équipe de Suisse féminine de relais.
Et puis il y a deux semaines, vos performances lors des Championnats de Suisse vous ont permis d'accrocher cette qualification pour les Jeux de Paris ?
Je savais que je devais courir vite si je voulais me donner une chance d'être du voyage à Paris. Durant ce rendez-vous, je me suis senti en pleine forme et j'ai fait de bonnes performances en réalisant de quatrièmes places sur le 100 et le 200 mètres. Je pense que c'est vraiment à ce moment-là que j'ai prouvé aux entraîneurs que je méritais d'aller aux JO.
Justement, vous serez du voyage à Paris. Comment l'avez-vous appris ?
Un matin, j'ai reçu un message de mon entraîneur. Il me félicitait pour ma sélection. Je n'arrivais pas à y croire. Quand j'ai vu le mail de confirmation, j'ai sauté de joie. J'ai encore un peu de mal à réaliser et je pense que j'arriverai à le faire entièrement une fois que je serai dans le train pour Paris. C'est un rêve de petite fille qui se réalise.
Qu'est-ce que cette sélection représente pour vous ?
J'ai fait beaucoup de sacrifices dans ma vie pour ce sport. J'ai vécu des moments incroyables, mais aussi d'autres plus difficiles. Pour moi, c'est une sorte d'accomplissement, un soulagement et ça arrive quatre ans plus vite que prévu. À la base, je visais ceux de 2028. C'est inattendu et je n'ai pas encore les mots pour décrire ce que je ressens. C'est un rêve qui est accompli en grande partie, car je garde l'espoir d'y retourner une fois individuellement sur 100 ou 200 mètres.
À 19 ans, vous serez la plus jeune athlète de toute la délégation helvétique à faire le voyage. Qu'est-ce que ça signifie pour vous d'être aussi haut aussi tôt ?
C'est une bonne chose, car ça prouve que les jeunes commencent à montrer de plus en plus leur niveau. Personnellement, c'est une très grande fierté de pouvoir me retrouver avec tous les plus grands. C'est une chance pour moi de pouvoir prendre toute cette expérience aussi jeune.
Quels seront vos attentes pour ces Jeux de Paris ?
Mon rêve serait de pouvoir courir le relais. Je sais que je pars pour être remplaçante, mais on ne sait jamais. Ensuite, j'espère que l'équipe de Suisse ira en finale, que je cours ou non. Le niveau sera très relevé, alors si on décroche une médaille, ça serait complètement fou.
Dans un relais, qu'est-ce qui change ?
Il y a une partie très technique qu'il faut bien négocier. Au-delà de cet aspect, on est surtout habitué à pratiquer un sport individuel alors qu'en relais, on se bat pour l'équipe. C'est très intéressant, car on a une envie de bien faire et d'aller jusqu'au bout pour les autres.
Et une fois les JO terminés, quels seront vos attentes à court-moyen terme ?
Je veux vraiment me faire une place dans cette équipe du relais. Je veux participer aux courses depuis la piste et plus depuis les gradins. L'année prochaine, je vais aussi faire mon armée sportive. C'est un bon moyen pour m'entraîner avec de belles infrastructures. L'année prochaine également, je vais avoir les Championnats d'Europe U21. Sur 100 et 200 mètres, j'espère faire une médaille. Dans le relais, je souhaite un podium. À plus long terme, mon prochain grand objectif sera les Jeux Olympiques de 2028.
Vous pratiquez le 100 mètres, le 200 et le quatre fois cent. Est-ce que vous vous voyez continuer dans toutes les disciplines dans les années à venir ?
Je préfère le 100 mètres et si je pouvais ne faire que cette distance, je le ferais. Mais objectivement, je vais continuer à pratiquer les deux encore un bon moment. Au niveau mondial et international, le 200 mètres offrent parfois plus de possibilités.