La progression de la myopie a pu être accélérée par la pandémie
Depuis quelques années, les ophtalmologues qualifient l’augmentation des cas de myopie d’épidémie. Les facteurs de risque se sont même multipliés ces derniers mois.

La myopie poursuit sa progression dans la population. Les personnes à la vision floue sont toujours plus nombreuses. S’il n’existe pas de statistiques officielles à jour, entre 30 et 35% des Suisses seraient touchés. Cette proportion est encore plus importante chez les jeunes. L’Office fédéral de la statistique a publié en 2017 une enquête portant sur la période 1992-2012. Les 15-39 ans étaient les seuls concernés par une croissance du nombre de porteurs de lunettes. Cette augmentation correspondait à la progression de la myopie dans cette classe d’âge. Selon les ophtalmologues, la moitié de la population sera myope en 2050.
La pandémie accroît les risques
L’augmentation des cas myopie ne date pas d’aujourd’hui, mais les facteurs de risque se sont renforcés ces derniers mois. En cause : la pandémie de Covid-19. « C’est lié avec le fait d’avoir été confiné et d’être moins sorti. Les gens, et notamment les enfants, ont été confrontés à davantage de situations en vision rapprochée. Ils ont utilisé plus souvent les téléphones, les portables et ont beaucoup plus lu que d’habitude. Le manque de lumière naturelle est aussi à souligner. La lumière naturelle favorise la sécrétion d’une hormone qui ralentit l’augmentation de la taille du globe oculaire. Et la myopie c’est justement ça : un globe oculaire trop long », raconte Joël Pasquier, président du Groupement des opticiens valaisans.
Des moyens techniques existent pour freiner l’aggravation de la myopie, comme des lentilles à porter la nuit ou des verres de lunettes spécialement conçus. Cependant, Joël Pasquier estime que ce sont surtout les habitudes qu’il faut changer. Il faudrait diminuer le temps passé en vision rapprochée et faire des pauses régulières en regardant des objets éloignés.
« Un vrai problème de santé publique »
Pour le président des opticiens valaisans, la progression de la myopie est un problème de santé publique. « Aujourd’hui, on se rend compte que plus on est myope, plus on risque de développer des pathologies potentiellement graves pour l’œil. Ça peut être le glaucome, la cataracte ou la dégénérescence maculaire. Il est donc important d’éviter que la myopie atteigne des valeurs trop élevées », explique Joël Pasquier.
De son côté, le service d’ophtalmologie de l’Hôpital du Valais confirme l’augmentation des cas de myopie évolutive, surtout chez les enfants. Pour l’ophtalmologue Anne Favard, on peut s’attendre à davantage de décollements de rétine et de glaucomes dans le futur.