Place de tir de Vérolliez : les riverains refusent en bloc la convention de l'armée

Les bordiers de la place de tir de Vérolliez à Saint-Maurice ne veulent de la convention de l’armée. Réunis jeudi soir en assemblée générale, les membres de l’Association des riverains ont refusé en bloc les propositions organisationnelles de l’armée suisse pour réduire les nuisances sonores du stand de tir. «Les riverains sont remontés», tacle d’entrée Ariane Curdy, présidente de l’Association des riverains de la place de tir de Vérolliez. «La première ébauche ne nous a pas du tout convenu, parce que la convention laisse champ libre à toutes les activités de l’armée. C’est une convention-type qu’on peut retrouver sur d’autres places de tir. Du coup, aucune mesure organisationnelle n’a été proposée pour répondre aux spécificités topographiques du site agaunois».

«Les riverains sont à bout.»

Ariane Curdy, présidente de l’Association des riverains de la place de tir de Vérolliez

Les bordiers dénoncent un manque de concession de l’armée. Selon eux, la convention ne constitue pas une garantie que le nombre de coups tirés diminue.  «Accepter cette convention, c’est au mieux risquer de maintenir le statu quo et au pire, que les nuisances augmentent encore davantage.» Un lieu pose particulièrement problème : le secteur de combat, où les forces de l’ordre, la police militaire et d’autres sections s’entraînent. «On souhaite limiter le tourisme de tir. De nombreuses corporations, non-établies à Saint-Maurice, s’entraînent à Vérolliez.» Autre souci : le site peut difficilement accueillir des mesures de réduction de bruit, comme des tunnels, en raison d'un risque d’écho avec la falaise à proximité.

Une nouvelle évaluation

D'ici 2025, l’armée suisse devra entièrement assainir ses places de tirs. En attendant pour évaluer l'ampleur de cette assainissement, elle a lancé une étude complémentaire sur le site de Vérolliez. «Les résultats de la première étude ne nous avaient vraiment pas convaincus. C’est une étude virtuelle avec un lissage des nuisances sur une année. Nous espérons que l'étude complémentaire prendra en compte les paramètres demandés : l’écho de la falaise, la direction des vents, le secteur de combat, qui n’avaient pas été pris en compte. Sur ces points, on se sent entendus par l'armée», temporise Ariane Curdy, avant de s’inquiéter sur les résultats de cette nouvelle évaluation. Nous craignons que les résultats de cette étude complémentaire ne soient pas à la hauteur de ce que vit effectivement la population».

Risque de blocage ?

Ce refus catégorique de la convention jeudi soir risque de tendre les relations entre l’association des riverains et l’armée suisse. Ariane Curdy en est consciente, mais espère la poursuite des discussions. « J’espère qu’on va continuer le dialogue pour trouver des solutions. Mais on doit aussi penser à d’autres stratégies. Sur notre terrasse, les décibels peuvent monter très haut. Là, on parle clairement d’atteinte à la santé.» Sans avancée majeure avec l’armée suisse, l’Association des riverains de la place de tir de Vérolliez pourrait faire appel au médecin cantonal. Un expert en mesure de bruit pourrait aussi être mandaté par l’association elle-même.

Outre l’avenir des relations entre l’armée et les riverains de la place de tir agaunoise, une autre inquiétude est sur toutes les lèvres: le potentiel retour des activités militaires à Saint-Maurice. «Les institutions militaires avaient quitté notre commune en 2017, et là on craint un retour. On a tellement de difficultés à limiter les nuisances, qu’on ne voudrait surtout pas en avoir encore plus. Les riverains sont à bout.» Et si la récente décision du Grand Conseil valaisan de débloquer un crédit d’engagement pour la création d’un stand de tir enterré à Sion est saluée par les riverains de Vérolliez, ils craignent que ce ne soit pas suffisant. «On nous a promis que la création de ce stand de tir à Sion allait soulager Saint-Maurice», rappelle Ariane Curdy. «Pour les tirs de courte distance, on compte sur cette halle sédunoise, mais pour le secteur de combat, les problèmes subsistent.»

En 2017, environ 200'000 tirs ont été effectués sur le site de Vérolliez. Ce chiffre a plus que doublé en quatre ans pour atteindre l’an dernier 450'000.