L'UDC recommande trois non pour le 26 septembre et le 28 novembre
L'assemblée des délégués de l'UDC a rejeté samedi à Granges-Paccot (FR) trois objets soumis à votation les 26 septembre et 28 novembre. L'"initiative 99%" a subi un camouflet, alors que la loi Covid-19 révisée et le "mariage pour tous" ont recueilli quelques soutiens.
L'assemblée, qui a réuni 300 délégués et hôtes à Forum Fribourg, s'est déroulée en présentiel après un an en virtuel, crise sanitaire oblige. Les délégués ont dû débattre de sujets, qui vont à l'encontre de leurs valeurs traditionnelles en matière économique autant que familiale.
Le mot d'ordre de rejeter la loi Covid, soumise en votation le 28 novembre, est ressorti nettement, le non gagnant par 181 voix contre 23 et 4 abstentions, confirmant le choix du comité directeur de la veille. Le oui a été défendu par Sarah Bünter, président des Jeunes du Centre suisse.
La St-Galloise a comparé la nécessité de lutter contre le virus à celle des Confédérés de se défendre contre les Habsbourg. Son opposant David Trachsel, son homologue chez les jeunes UDC, qui comptent parmi les référendaires, a lui mis en avant la défense de la liberté individuelle.
"Le passeport Covid est créateur d'une société à deux vitesses", a ajouté le conseiller national valaisan Jean-Luc Addor. D'autres prises de parole ont dénoncé le pouvoir donné au Conseil fédéral. En juin, le parti avait laissé la liberté de vote lors du référendum contre la première mouture de la loi, acceptée par le peuple.
Concernant les votations du 26 septembre, les délégués ont d'abord balayé l'initiative "alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital" ou "initiative 99%". Les efforts de Nicola Siegrist, vice-président des Jeunes socialistes suisses, auteurs du texte, pour convaincre de corriger les inégalités ont été vains.
Pour le non, choix aussi du comité directeur, le conseiller national Pierre-André Page a comparé l'initiative à un "auto-goal". "Augmenter les impôts est typiquement une idée de gauche", a précisé le Fribourgeois, pour qui un oui affecterait l'esprit d'entreprise. Au vote, le non a recueilli l'unanimité des 211 voix exprimées.
Les délégués ont ensuite rejeté la modification du Code civil pour permettre le "mariage pour tous", modification combattue par un référendum lancé par l'UDC et l'UDF. Défendant l'objet, Ana Fontes Martins, présidente des Vert’libéraux fribourgeois, a argumenté en mentionnant le bien-être des enfants et la garantie des mêmes droits.
Le conseiller national Yves Nidegger a parlé d'un retournement des valeurs pour fonder son refus. "Avec le mariage pour tous, on condamnera des enfants à grandir sans père afin de protéger le rêve d’épanouissement de certains adultes", a avancé le Genevois. Au final, le non l'a emporté par 148 voix contre 39 et 9 abstentions, conformément au comité directeur.
Auparavant, les délégués ont écouté des discours, dont celui de leur président Marco Chiesa. Le Tessinois a répété ses propos polémiques du 1er Août sur les villes dominées par la gauche contre les campagnes. "La police de la pensée unique est entrée en action et a voulu me dire ce que je devais penser et dire", a-t-il dénoncé.
Son plaidoyer s'est concentré sur ce qu'il a appelé "la politique parasite de la gauche", un discours applaudi régulièrement par les délégués. "La réaction prouve que j'ai piqué au vif", a relevé Marco Chiesa. Evoquant l"initiative 99%", il a estimé qu'elle prouvait qu'"être à gauche aujourd'hui, c'est vivre au détriment des autres".
"Nous nous battons pour tous les contribuables", a résumé Marco Chiesa. Le conseiller national zougois Thomas Aeschi s'est attaqué aux "initiatives de redistribution de l’extrême gauche". Le président de groupe a prôné le respect des "valeurs et traditions", en refusant "une Suisse non durable de 10 millions d’habitants".
Les délégués ont également assisté à un échange d'une heure sur l'actualité avec leurs deux conseillers fédéraux, le président de la Confédération Guy Parmelin et son collègue Ueli Maurer. Le Vaudois a parlé de la "longue" négociation avec l'Union européenne qui attend la Suisse après l'abandon à fin mai de l'accord-cadre.
Les démocrates du centre ont fait halte samedi en terre fribourgeoise, alors que des élections cantonales s'y dérouleront en novembre. L'UDC Fribourg a choisi de lancer un ticket à quatre candidats pour la course au Conseil d'Etat, avec l'ambition de retrouver un siège au sein de l'exécutif après 25 ans d'absence.