Coins de paradis en péril (3/5) : pour survivre, Champex doit retrouver son âme
Le petits coins de paradis sont en péril. Cet été, comme l'an passé, le canton s'attend à un afflux massif de touristes en voitures. Comment protéger ces sanctuaires ? C'est la suite de notre série. A Champex-Lac sur la commune d'Orsières, on veut retrouver son âme d'antan.

C'est un genre nouveau de visiteurs. Eux, ce sont les touristes "Post-Covid". Assoiffés de grands espaces après plus d'une année de semi-confinement. Dans l'Entremont à première vue, tout devrait se passer comme sur des roulettes. Après tout, le tourisme estival est l'un des moteurs de la vallée. Mais même pour une région aguerrie, l'année 2020 a été difficile à gérer. Imaginez des centaines de voitures qui longent au quotidien le sublime lac de Champex, cette vision de file indienne. Ce n'est plus possible.
Eté 2021 : un bus navette à Champex
"A très court terme pour cet été, nous réfléchissons à installer un système de bus navette à travers la station de Champex", déclare Joachim Rausis, président d'Orsières, commune où se situe Champex-Lac."Champex, ce n'est pas juste un lac, poursuit Joachim Rausis, c'est une station de près de trois kilomètres de long. Les gens sont tentés de prendre leur véhicule pour se déplacer à travers la station, pour chercher une place de parc au plus proche du centre. Et forcément, cela crée de gros problèmes en terme de surcharges de voitures ! Notre objectif est d'inciter les gens à se garer aux extrémités de la station pour prendre ce bus navette. En faisant cela, nous allons régler passablement de problèmes."
Pour survivre, Champex retrouvera son charme d'antan !
Depuis trois ans maintenant, le canton et la commune d'Orsières planchent sur un "mandat d'études parallèles", selon le terme consacré. Champex doit retrouver son charme d'antan, Champex doit retrouver son âme. "Il faut être objectif : Champex aujourd'hui, c'est une route cantonale à 50km/h bordée par des bâtiments et par un lac. Il faut inverser la tendance", confie le président Joachim Rausis.
Comment procéder, concrètement ? "Il faut tout d'abord réduire la vitesse à 30km/h dans le coeur de la station. Il faut également rétrécir la route, histoire de freiner les véhicules. Sans oublier le fait de rehausser la butte située entre le lac et la route... Mais surtout, il faut redonner à Champex son caractère unique. Ce caractère qui a donné envie aux Anglais de venir chez nous dès le XIXe siècle. Le tourisme en Valais a vraiment débuté à ce moment-là. Ce coin est exceptionnel, été comme en hiver, nous devons le revaloriser", conclut Joachim Rausis.
Le "tourisme Instagram"
Un nouveau genre est en pleine expansion en Valais : le "tourisme Instagram". Comprenez des gens qui viennent quelques heures à peine, en voiture, le temps de trouver le beau coin pour la belle photo. Publiée sur les réseaux sociaux, ces spots sont pris d'assaut. En Valais on en a conscience, on agit. L'existence de ces petits coins de paradis est en jeu. Ci-dessous, notre dossier.
Une question revient : et si l'on transformait ces lieux en sanctuaires ? Des zones privilégiées où le touriste devrait payer pour entrer, comme dans un parc national américain. "A quelque part, nous avons déjà empoigné ce problème. Dans notre Pass St-Bernard, les transports publics sont compris, été comme hiver", explique le président d'Orsières. Joachim Rausis veut aller plus loin : "A terme, c'est un voeu que je fais, il faudra développer le concept avec le train. Nous avons la chance d'avoir le train jusqu'à Orsières. Mettre le train dans le Pass Saint-Bernard, ça serait un énorme plus pour la région. Vous prenez le train, vous ne prenez pas votre voiture. Cela peut faire baisser le nombre de véhicules dans la région".