Choix des avions de combat : "démission du politique" pour Addor, "erreur géopolitique" pour Amoos
Le malaise à Berne après l'annonce du Conseil fédéral concernant l'acquisition des avions de combat américains F-35. La critique vient de tous bords politiques. Les conseiller nationaux valaisans Jean-Luc Addor (UDC) et Emmanuel Amoos (PS) prennent la parole.

C'est une décision qui crée un profond sentiment de malaise dans les couloirs du Parlement à Berne. Le Conseil fédéral a annoncé mercredi dernier avoir choisi d'acquérir les avions de combat américains F-35. Un choix contesté... Et des interrogations qui viennent de tous les bords politiques.
Un processus opaque ?
Exemple avec l'UDC Jean-Luc Addor. Le Saviésan affirme déplorer le manque de transparence du Conseil fédéral et de la patronne de l'armée, Viola Amherd. "Le processus a été relativement opaque. Et je le dis alors que je suis membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil national !", explique Jean-Luc Addor. "Cette commission n'a eu accès qu'à très peu d'informations. Nous avons été mis devant le fait accompli".
"Nous avons été mis devant le fait accompli" Jean-Luc Addor, conseiller national
Pour Jean-Luc Addor, "les choix concernant la défense du pays ont une composante politique, c'est évident. Mais le Conseil fédéral essaie de nous vendre l'inverse, en parlant de choix purement techniques et financiers. Je pense que cette acquisition aurait dû être l'occasion pour la Suisse d'améliorer la collaboration avec ses voisins, avec qui nous sommes plus proches que les Américains."
"Il y a une sorte de démission du politique face à l'administration, cela m'inquiète" Jean-Luc Addor, conseiller national
"Une chose me trouble particulièrement dans cette affaire", poursuit Jean-Luc Addor. "Alors qu'elle a demandé à Armasuisse de faire une évaluation, Viola Amherd a commandé un rapport d'étude de plausibilité. Deux pages ont été publiés par un grand cabinet d'avocats zürichois. Ce cabinet nous dit que oui, c'est effectivement plausible... Tout en s'empressant de dire qu'il n'assume aucune responsabilité quant à l'exactitude de l'exhaustivité du rapport d'évaluation ! Il y a une sorte de démission du politique, cela m'inquiète. Une démission du politique face à l'administration. Je rappelle qu'Armasuisse est un office fédéral."
Emmanuel Amoos "extrêmement surpris" par ce choix
A l'autre bout de l'échiquier politique, on dénonce également cette acquisition. Et la même interrogation qui revient : pourquoi ne pas avoir traité avec les partenaires européens ? La gauche et le "Groupe pour une Suisse sans armée" lancent dans la foulée une initiative populaire pour faire capoter l'achat. Contacté, le conseiller national socialiste Emmanuel Amoos ne mâche pas ses mots. "Je suis extrêmement surpris par le choix opéré par notre armée, par madame Viola Amherd. Il y a un problème de souveraineté tout d'abord. Avoir un avion américain, c'est comme avoir un pilote américain avec nous dans le cockpit. Il y a un vrai problème de protection des donnée et sécurité nationale. Cela ne tient pas la route."
C'est une erreur géopolitique ! Emmanuel Amoos, conseiller national
Pour le socialiste de Venthône, il n'aurait pas fallu oublier les partenaires voisins. "Il y a une erreur évidemment géopolitique. Nous devons traiter avec nos voisins en priorité", explique Emmanuel Amoos. "Imaginez une guerre, chose très peu probable, mais imaginez un envahisseur qui attaquerait l'Europe... Nous devons collaborer avec les pays qui nous entourent ! L'avion du Français Dassault aurait été un bien meilleur choix".
On nous vend une Ferrari au prix du Fiat, cherchez l'erreur !Emmanuel Amoos, conseiller national
"Il ne faut pas oublier, enfin, la problématique financière", conclut Emmanuel Amoos, qui enfonce le clou : "On nous parle d'un avion qui serait le meilleur, le plus performant, technologiquement le plus avancé... Tout en étant le moins cher. On nous vend une Ferrari au prix d'un Fiat, cherchez l'erreur !" L'interview complète du conseiller national socialiste ici :