Yémen: échange de détenus piloté par le CICR
Le CICR encadre son plus grand échange de détenus en plus de 60 ans
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a entamé au Yémen sa plus grande opération d'échange de détenus depuis la Guerre de Corée il y a plus de 60 ans. Un millier de prisonniers ont commencé jeudi à être libérés après un accord récent à Glion (VD).
"Nous sommes honorés de jouer un rôle neutre qui réunit à nouveau des familles", s'est félicité le président du CICR Peter Maurer. Plusieurs vols sont déjà partis de Sanaa, la capitale yéménite contrôlée par les rebelles Houthis, de la ville de Seyoun (sud-est) contrôlée par le gouvernement et de la ville saoudienne d'Abha, selon des responsables rebelles cités par l'AFP.
Une vingtaine de militaires ont notamment été relâchés par les Houthis. Ces soldats sont arrivés sur une base aérienne de Ryad, a affirmé la télévision d'Etat saoudienne Al-Ekhbariya, citant la coalition militaire qui intervient au Yémen en soutien au gouvernement en exil.
La coalition a remercié le CICR pour avoir facilité leur libération et insisté sur l'"aspect humanitaire" du dossier des prisonniers. L'organisation a elle discuté avec chacun des détenus pour s'assurer qu’ils souhaitaient bien rentrer chez eux et leur a fait passer des examens médicaux. Elle leur a aussi donné des vêtements, du matériel d'hygiène et de l'argent.
Dans les avions et dans les aéroports, elle distribue des équipements de protection individuelle et respecte la distanciation physique pour empêcher la propagation du Covid, alors que la situation de la pandémie au Yémen inquiète beaucoup l'ONU. Du personnel médical et des bénévoles du Croissant-Rouge yéménite et de la Société du Croissant-Rouge de l'Arabie saoudite facilitent le dispositif.
De son côté, l'émissaire de l'ONU sur le Yémen Martin Griffiths a salué le début de l'échange de détenus. Celui-ci "montre une fois de plus que le dialogue pacifique peut donner des résultats", a-t-il dit. Il a souhaité une prochaine réunion pilotée par l'ONU pour discuter de la libération de tous les détenus.
Il y a deux ans, le gouvernement et les rebelles avaient convenu de relâcher 15'000 prisonniers. Seuls quelques-uns avaient été libérés avant un accord fin septembre obtenu à Glion au terme de pourparlers facilités par l'ONU et le CICR sur plus de 1080 détenus.
En quelque six ans, le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de victimes, surtout des civils, et provoqué la pire catastrophe humanitaire au monde, une situation qui s'est détériorée également avec le coronavirus. Au total, environ 25 millions de personnes ont besoin d'aide, selon l'ONU.