Washington annonce une nouvelle aide, le chef du Pentagone à Kiev
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a assuré lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky de la pérennité du soutien de Washington face à l'invasion russe, lors d'une visite à Kiev destinée à rassurer sur le sujet.
Washington est de loin le principal fournisseur d'aide militaire à Kiev, et une réduction de son soutien, réclamée ardemment par certains élus républicains, porterait un dur coup aux efforts ukrainiens pour libérer le Sud et l'Est occupés du pays.
"Le message que je vous apporte aujourd'hui, Monsieur le président, est que les Etats-Unis sont avec vous et resteront avec vous pour longtemps", a déclaré Lloyd Austin lors d'une rencontre avec le chef de l'Etat ukrainien.
"Avec nos alliés et partenaires, nous continuerons à soutenir les besoins urgents de l'Ukraine sur le champ de bataille et ses exigences de défense à long terme", a ajouté sur X (anciennement Twitter) le responsable, qui doit encore voir dans la journée son homologue ukrainien Roustem Oumerov et le commandant des forces armées Valery Zaloujny.
M. Zelensky a qualifié la visite du chef du Pentagone "de signal très important". "Nous comptons sur votre soutien", a-t-il dit.
L'Ukraine s'efforce de garantir la poursuite de l'assistance européenne et américaine, alors qu'en Occident des voix s'élèvent pour réclamer la réduction de ce soutien, après bientôt deux ans de guerre. En outre, la communauté internationale ayant le regard rivé sur la guerre entre Israël et le Hamas, Kiev veut éviter que le soutien reçu jusqu'ici ne diminue.
Assaut russe sur Avdiïvka
La venue de M. Austin intervient alors qu'aux Etats-unis, dans le camp républicain, des voix s'élèvent contre les dizaines de milliards d'aide à l'Ukraine débloqués par l'administration démocrate de Joe Biden.
Le soutien occidental est d'autant plus crucial pour l'Ukraine que sa contre-offensive estivale pour libérer les territoires occupés a en grande partie échoué.
La Russie est, elle, repassée à l'offensive dans l'Est en octobre, et Kiev affirme que Moscou compte également reprendre sa campagne hivernale de bombardements pour plonger des millions d'Ukrainiens dans le froid et le noir.
Chaque jour continue d'apporter sa litanie de morts et de blessés.
A Kherson, grande ville du Sud pilonnée quasi-quotidiennement par l'armée russe, le bombardement d'un parking a fait deux morts et deux blessés dans la matinée, selon l'administration régionale.
A Nikopol (Sud-Est), une femme de 83 ans a été tuée et un homme de 53 ans a été blessé par des tirs d'artillerie, selon les autorités.
Près de Kherson, un des axes importants de la contre-offensive ukrainienne où les troupes de Kiev ont réussi à prendre pied sur la rive gauche du fleuve Dniepr, occupée par les Russes, les forces ukrainiennes "continuent de tenir", a indiqué dans la matinée l'état-major ukrainien.
Dans l'Est, c'est l'armée russe qui poursuit "ses tentatives d'encercler Avdiïvka", cité industrielle dans la région de Donetsk visée ces dernières semaines par d'intenses attaques, selon la même source.
Pas de concurrence
Pour l'Ukraine, l'aide occidentale, notamment américaine, est essentielle pour faire face à une Russie qui a tourné son budget et son économie vers l'effort de guerre.
Certains législateurs américains du camp républicain s'opposent cependant à la poursuite de l'aide, de quoi nourrir le doute quant à l'ampleur et la pérennité du soutien américain dans les mois à venir. Une nouvelle rallonge a ainsi été exclue d'un accord budgétaire adopté par le Congrès la semaine dernière.
Malgré cela, un haut responsable de la défense américaine a insisté auprès de journalistes sur sa "conviction" qu'en définitive "le Congrès fournira ce soutien".
La porte-parole adjointe du Pentagone, Sabrina Singh, avait elle admis au début du mois que les Etats-Unis avaient dû "doser" leur soutien à l'Ukraine.
Outre l'opposition politique interne aux Etats-Unis à la poursuite de l'aide, le conflit entre Israël et le Hamas vient détourner l'attention de l'Ukraine.
Recevant jeudi un groupe de médias, dont l'AFP, Volodymyr Zelensky a affirmé que les combats dans la bande de Gaza avaient eu pour conséquence un ralentissement des livraisons d'obus d'artillerie de calibre 155 mm.
Pour autant, Washington affirme être en mesure de fournir une assistance aux Ukrainiens et aux Israéliens.
"La question ne se pose pas de savoir s'il existe une concurrence ou un compromis à faire" s'agissant de l'aide à l'Ukraine et à Israël, a affirmé à la presse un haut responsable de la défense américaine.