Vigilance accrue dans les camps de migrants
Incendies à Moria: "vigilance avancée" dans les camps de migrants
Le gouvernement grec, "préoccupé" de la situation à Lesbos après les deux incendies qui ont ravagé le camp surpeuplé de Moria, a indiqué jeudi avoir accru "sa vigilance" dans les camps migrants. Surtout dans ceux où l'isolement a été imposé pour cause du Covid-19.
"Nous sommes en état de vigilance avancée et le ministère de la Protection du citoyen maintient un degré élevé" de sécurité dans les camps de migrants où l'isolement a été imposé ces derniers jours après la détection des cas du Covid-19, a indiqué le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas lors d'un point de presse.
Au moins trois camps de migrants près d'Athènes sont en isolement depuis le début de la semaine en Grèce continentale.
A Lesbos, au lendemain de la détection de 35 personnes contaminées par le Covid-19 à Moria, le plus grand et insalubre camp de l'Europe, et son placement en isolement, deux incendies ont ravagé presque l'ensemble de cette structure, laissant sans abri environ 12'000 personnes.
En Suisse, près de 300 personnes ont réclamé jeudi lors d'une manifestation à Berne l'évacuation des camps de réfugiés suite à cet incendie.
Les orateurs ont appelé à un changement de la politique européenne en matière de réfugiés. Le rassemblement a été organisé par les Jeunes Verts de Suisse et la Jeunesse socialiste suisse, ainsi que par d'autres organisations.
Le gouvernement grec a ouvert une enquête pour déterminer les causes de ces incendies tout en indiquant que des demandeurs d'asile seraient à l'origine des incidents et des feux pour contraindre les autorités de les transférer en Grèce continentale.
Stelios Petsas a exclu tout transfert des demandeurs d'asile de Moria sur le continent à l'exception des mineurs non accompagnés. "Certains ne respectent pas le pays qui les accueille (...) ils ont mis un second feu mercredi soir car ils croient qu'ils peuvent quitter l'île. Seuls les enfants non accompagnés seront transférés" en Grèce continentale, a souligné Stelios Petsas.
Le camp de Moria, surnommé "la jungle" et "la honte de l'Europe" en raison de sa surpopulation et ses conditions insalubres, est l'un de cinq centres d'enregistrement et d'identification mis en place par l'Europe sur des îles grecques en mer Égée, lors de la grande crise migratoire de 2015, pour limiter le nombre des exilés venant de la Turquie voisine.
Seules les personnes vulnérables, surtout des familles et des mineurs, sont autorisées à être transférées en Grèce continentale. La grande partie de demandeurs d'asile y sont bloqués pendant plusieurs mois, voire des années.
Le gouvernement de droite au pouvoir depuis un an a durci la politique migratoire et promis la construction de nouveaux centres d'enregistrement fermés à Lesbos et sur les quatre autres îles de la mer Égée où vivent au total plus de 24'000 personnes.
Toutefois les autorités locales réagissent à la construction de nouveaux camps sur les îles soutenant que "le fardeau migratoire" ne doit pas être porté seulement par les îles où le tourisme a subi un coup sérieux ces dernières années, mais aussi par des régions sur le continent.
"Nous subissons depuis 5 ans cette situation, il est temps que d'autres portent ce fardeau", a indiqué Vaguélis Violatzis, président de la commune de Panagiouda, à deux kilomètres de Moria.
"C'est l'occasion où jamais de fermer définitivement Moria. Nous ne voulons pas d'un autre camp et nous allons nous opposer à tous les travaux entrepris", a-t-il ajouté.
Stelios Petsas a toutefois appelé les autorités locales à Lesbos "à coopérer pour trouver une solution immédiate pour faire face à la crise dans laquelle l'île est plongée" et créer un nouveau camp fermé.
"Les incidents à Moria soulèvent des questions sérieuses sur la sécurité nationale, l'humanisme et la protection de la santé. C'est pourquoi la situation à Moria ne peux pas continuer", a-t-il souligné.