Une manifestation dégénère aux Etats-Unis
Un jeune de 17 ans arrêté pour deux meurtres à Kenosha
Un adolescent a été arrêté mercredi pour le meurtre de deux personnes en marge de manifestations dans la ville américaine de Kenosha. Un cocktail dangereux, mêlant émeutiers et groupes d'autodéfense, s'y est formé à la suite d'une apparente bavure policière.
En campagne pour sa réélection, le président Donald Trump a campé sur un discours de fermeté. Il a annoncé l'envoi de renforts dans cette ville du nord des Etats-Unis, où la police a grièvement blessé dimanche Jacob Blake, un Afro-américain de 29 ans, en lui tirant plusieurs balles dans le dos.
Depuis la diffusion d'une vidéo de la scène, les manifestations s'enchaînent pour réclamer justice et l'interpellation des agents qui ont seulement été mis à pied pour l'instant. Les cortèges nocturnes ont souvent dégénéré en violences, avec des heurts entre les protestataires et les forces de l'ordre et de nombreuses dégradations.
Malgré l'imposition d'un couvre-feu, le déploiement de 250 soldats de la Garde nationale et les appels au calme lancés par la famille de Jacob Blake, ce scénario s'est répété dans la nuit de mardi à mercredi. Dans ce contexte de tension extrême, deux personnes ont été tuées par balles et une troisième blessée peu avant minuit dans des circonstances qui restent assez confuses.
Un adolescent de 17 ans, habitant le village voisin d'Antioch, à une trentaine de kilomètres, est soupçonné d'être l'auteur de ces tirs. Il a été interpellé en vue de son inculpation pour meurtre, a annoncé la police locale sans donner plus de détails.
Selon les médias locaux, il a été vu en présence d'hommes armés qui se présentent comme des "milices" ou des "groupes d'autodéfense", désireux de protéger la ville. Le shérif du comté David Beth a confirmé leur présence dans le secteur, sans préciser si le tireur appartenait à ces groupes.
Selon des vidéos mises en ligne, le jeune homme blanc était armé d'un fusil d'assaut. Sur l'un des enregistrements, il semble s'enfuir alors qu'un autre jeune s'écroule au sol avec une balle dans la tête. Sur une autre, on le voit être poursuivi par un groupe, tomber à terre, se retourner l'arme à la main. Des tirs sont alors audibles.
Le président Trump, qui a régulièrement défendu le droit au port d'armes et à l'autodéfense, un discours cher à sa base électorale, ne s'est pas exprimé sur cet épisode dramatique. Il a mis l'accent sur les débordements commis par les manifestants.
"Nous ne tolérerons pas les pillages, les incendies criminels, la violence et l'anarchie dans les rues américaines", a tweeté le milliardaire républicain en promettant, selon son slogan de campagne pour la présidentielle du 3 novembre, de "rétablir la loi et l'ordre!" à Kenosha.
Pour ce faire, a-t-il fait savoir, le gouverneur du Wisconsin a accepté l'envoi de nouveaux renforts, aussi bien des membres de la police fédérale que des soldats de la Garde nationale, dans cette ville de 100'000 habitants.
Sur un ton plus empathique, son rival démocrate Joe Biden a adopté la posture de réconciliateur. "Une fois de plus, un homme noir, Jacob Blake, s'est fait tirer dessus la police. Sous les yeux de ses enfants. Cela me rend malade", a-t-il tweeté. "La violence aveugle ne nous guérira pas. Nous devons y mettre un terme et nous réunir pacifiquement pour réclamer justice!", a-t-il cependant ajouté.
La mère de Jacob Blake, lequel risque de rester paralysé à vie, a elle aussi imploré "tous ceux qui usent de la violence ou de la destruction d'arrêter". "Je comprends votre douleur, votre frustration", a déclaré Julia Jackson sur ABC News. "Je sais que ce n'est pas seulement à cause de mon fils, mais s'il-vous plaît, trouvez d'autres moyens" de vous exprimer.
Le drame de Kenosha s'inscrit dans le sillage d'un grand mouvement de contestation antiraciste né après la mort de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai.
Des manifestations dans tout le pays ont appelé à des réformes structurelles de la police et à repenser l'histoire des Etats-Unis pour donner plus de place aux souffrances endurées par les minorités. Parfois accompagnées de pillages et de heurts avec les forces de l'ordre, elles s'étaient essoufflées ces dernières semaines.