Trump doit être blanchi, selon sa défense
Le Sénat doit rejeter une mise en accusation "inconstitutionnelle"
Les avocats de Donald Trump ont appelé vendredi le Sénat à acquitter l'ancien président américain, Accusant les démocrates de vouloir écarter un adversaire, ils ont affirmé que sa mise en accusation est "de façon flagrante inconstitutionnelle".
Un procès "injuste", un acte de "vengeance politique": les avocats de Donald Trump ont qualifié d'"absurde" son renvoi devant le Sénat des Etats-Unis pour "incitation à l'insurrection" au Capitole.
"Soyons clair, ce procès ne porte pas uniquement sur Donald Trump: il vise à faire taire et à interdire les discours que la majorité n'aime pas", a déclaré Me Bruce Castor, en bouclant l'exposé de la défense largement centré autour de la liberté d'expression.
Les procureurs démocrates, qui réclament de condamner l'ancien président à l'inéligibilité, veulent "éliminer un adversaire politique", a-t-il lancé aux sénateurs, juges et jurés dans ce procès historique qui pourrait se terminer dès ce week-end.
Donald Trump se voit notamment reprocher d'avoir lancé "Battez-vous comme des diables" à ses partisans, juste avant qu'ils ne se lancent à l'attaque du siège du Congrès le 6 janvier, au moment où les élus étaient en train de certifier la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle.
Usant des mêmes armes que les procureurs démocrates, les avocats du milliardaire républicain ont diffusé de nombreuses vidéos, soigneusement montées, pour rappeler que leur client s'était régulièrement présenté comme le protecteur de "la loi et de l'ordre", mais aussi que ses opposants ont eux-mêmes fréquemment tenu des discours enflammés.
Dénonçant "l'hypocrisie" de l'accusation, ils ont notamment diffusé un film d'une dizaine de minutes, dans lequel toutes les figures du parti démocrate promettent de "se battre", selon des extraits joués et rejoués jusqu'à créer un sentiment de vertige.
Ce terme fait partie de "la rhétorique politique ordinaire utilisée par tous les partis depuis des centaines d'années", a plaidé Michael van der Veen. Elle est "devenue excessive" mais elle est protégée par le premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté d'expression, a-t-il ajouté.
Donald Trump n'assiste pas à ce procès, dont l'issue semble jouée d'avance. Il est en effet très peu probable que 17 sénateurs républicains acceptent de voter avec les 50 sénateurs démocrates pour former la majorité qualifiée nécessaire à sa condamnation. Il est "très optimiste", avait affirmé jeudi sur Fox News l'un de ses avocats, David Schoen.
Une poignée d'élus du Grand Old Party ont tout de même semblé perturbés par la présentation implacable des procureurs démocrates au cours des deux derniers jours. D'autres ont applaudi la présentation de la défense. "Ils ont laminé légalement les procureurs" et "ont surtout démontré que le Premier amendement s'appliquait aux discours politiques", a commenté le sénateur Ron Johnson lors d'une suspension d'audience.
Dans la matinée, Joe Biden, qui a passé plus de 35 ans sur les bancs de la Chambre haute du Congrès, s'est dit "impatient" de voir ce que ses "amis" républicains feraient lors du vote, espérant qu'ils prendraient "leurs responsabilités". Le président, resté en retrait depuis le début du procès, a précisé qu'il n'évoquerait pas le dossier avec des sénateurs. La veille, il avait estimé que l'exposé des procureurs avait peut-être fait bouger les lignes.
Lors de leur exposé, les procureurs démocrates ont plaidé que Donald Trump "savait à quel point la situation était explosive" lorsqu'il alimentait la colère de ses partisans, en criant, sans apporter de preuves, aux "fraudes massives" pendant des mois, avant et après l'élection présidentielle qui l'opposait à Joe Biden.
L'attaque sanglante fut "l'apogée des actions du président, pas une anomalie", a lancé Jamie Raskin, qui dirige l'équipe d'élus de la Chambre des représentants chargée de porter l'accusation.
"Qui, dans cette chambre, peut croire qu'il arrêtera d'inciter à la violence pour parvenir à ses fins, s'il est autorisé à revenir dans le Bureau ovale?", avait-il demandé, en soulignant ses propos par de nombreux extraits des diatribes présidentielles ou de ses tweets au vitriol.
A la barre vendredi, Me David Schoen a rétorqué que les démocrates avaient "sélectionné" les propos du président et déformé ses propos. Il a rejoué dans l'hémicycle d'autres extraits de son discours du 6 janvier, dans lequel l'ex-président appelle ses partisans à marcher "de manière pacifique et patriote" sur le Capitole.
Les avocats du président ont aussi assuré que le coup de force sanglant sur le Capitole, qui a semé la mort et le chaos au sein même du temple de la démocratie américaine, "avait été planifié à l'avance" et ne pouvait donc pas être imputé au discours du président.
"Tragiquement, le 6 janvier, un petit groupe de personnes s'est livré à des violences et à pris en otage" une manifestation qui devait être "pacifique", a plaidé Me van der Veen.
Les sénateurs disposent désormais de quatre heures pour poser, par écrit, leurs questions aux parties.