Trump dit se faire "voler" sa victoire
Trump maintient qu'il a gagné sauf si on lui "vole" l'élection
Le président américain sortant Donald Trump a répété jeudi lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche qu'il allait gagner l'élection présidentielle. Les démocrates essaient de la lui "voler", a-t-il à nouveau accusé, sans aucun élément concret à l'appui.
Le républicain s'était déjà déclaré vainqueur dans la nuit de mardi à mercredi. Déconnecté du processus en cours, le 45e président des Etats-Unis a donné jeudi le spectacle d'un dirigeant tentant de s'accrocher maladroitement au pouvoir au crépuscule de son mandat.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection", a-t-il lancé de la salle de presse de la Maison-Blanche, lors d'une tirade souvent confuse, truffée d'approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
"Malgré l'interférence, jamais vue dans une élection, des grands médias, du monde des affaires et des géants de la technologie, nous avons gagné avec des scores historiques et les sondeurs se sont délibérément trompés", a-t-il poursuivi. "Il n'y a pas eu la vague bleue annoncée".
Donald Trump a déroulé le même argumentaire que lors de sa première intervention au soir du 3 novembre, sans apporter de preuves de ses accusations de fraude électorale. "Nous ne pouvons permettre à personne de museler nos électeurs et de fabriquer les résultats", a-t-il encore dit. "J'ai le sentiment que la justice devra trancher en fin de compte".
Le président semble de plus en plus isolé au sein de son parti républicain, alors que le décompte des votes se poursuivait mercredi dans plusieurs Etats et qu'ils apparaissent de plus en plus favorables au candidat démocrate.
Quelques heures plus tôt, Joe Biden s'était dit certain, dans une allocution à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente. "Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne. Le décompte s'achève et nous saurons très bientôt", a-t-il déclaré du Delaware. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé [...] nous serons déclarés vainqueurs".
Les Etats-Unis, qui attendaient de connaître le nom du président qui prêtera serment le 20 janvier, avaient jeudi les yeux rivés sur la Pennsylvanie, qui pourrait mettre fin au suspense. L'avance initiale de Donald Trump au soir de l'élection dans cet Etat a fondu à mesure que les bulletins envoyés par courrier étaient comptés
Si l'ancien vice-président de Barack Obama remporte cet Etat industriel, il deviendra le 46e président américain. Les 20 grands électeurs de cet Etat lui permettraient en effet de franchir le seuil "magique" de 270, qui le propulserait à la Maison-Blanche et ferait de Donald Trump le président d'un seul mandat.
Outre en Pennsylvanie, l'incertitude règne dans quatre Etats: la Géorgie, l'Arizona et le Nevada. Toute la journée, les responsables locaux de ces Etats ont communiqué des statistiques sur les bulletins restant à compter, faisant fluctuer l'heure ou le jour où ils auront achevé les dépouillements des bulletins envoyés par la poste.
Depuis mercredi, l'écart s'est resserré en Géorgie. L'avance de M. Trump n'y était plus que de 0,1 point vers 02h00 (heure suisse). Le résultat final dans cet Etat traditionnellement conservateur avait été promis pour la mi-journée, un engagement non tenu.
À l'inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l'Arizona, de la prolongation du dépouillement. Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs qu'AP et Fox News avaient attribués à Joe Biden dès la nuit électorale de mardi, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement très sûre.
C'est là, à Phoenix, qu'une foule pro-Trump s'est massée, à l'extérieur d'un site de dépouillement, aux cris de "Comptez les voix!" et de "Honte à Fox". Mais dans les Etats où Donald Trump était derrière Joe Biden, ses partisans lançaient "Arrêtez le vote!".
Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu'il avait gagné l'élection et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les raisons. En réalité, ses avocats ont saisi la justice des Etats, selon l'objectif recherché localement, avec, par exemple, la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais selon les décisions de multiples juges, ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats.