Sommet extraordinaire de l'UE sur le Bélarus
Sommet européen extraordinaire sur le Bélarus mercredi
Les dirigeants de l'UE se réuniront mercredi pour un sommet extraordinaire consacré à la situation au Bélarus. L'Allemagne a menacé d'étendre les sanctions européennes contre Minsk, alors que le président Alexandre Loukachenko n'entend pas céder face aux manifestants.
"Le peuple du Bélarus a le droit de décider de son avenir et d'élire librement son dirigeant. La violence contre les manifestants est inacceptable et ne peut pas être tolérée", a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel sur Twitter.
En raison de l'aggravation des tensions, M. Michel, a décidé de convoquer ce sommet dès mercredi à midi par visioconférence, selon une source européenne. Initialement, la situation devait être évoquée fin août à Berlin lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE mais la crise s'est encore aggravée.
De son côté, l'Allemagne, qui assure la présidence de l'UE, a menacé lundi d'étendre les sanctions déjà décidées contre des responsables bélarusses, après les violences contre les manifestants réclamant le départ de M. Loukachenko, à la suite à sa réélection contestée.
Le porte-parole d'Angela Merkel a exhorté les autorités à renoncer à l'usage de la violence contre les manifestants, à libérer "immédiatement et sans condition" ceux qui ont été emprisonnés et mettre en place un "dialogue national entre gouvernement, opposition et la société (...) afin de surmonter cette crise".
Les gigantesques manifestations du week-end visant à pousser M. Loukachenko au départ sont "impressionnantes" et "émouvantes", a-t-il ajouté. Les manifestants "doivent savoir que l'Europe est à leurs côtés", a-t-il dit.
Lundi, les employés de plusieurs usines de Minsk ont manifesté à l'appel de l'opposition, qui a annoncé une grève générale. Des milliers de personnes se sont réunies devant les usines de fabrication de véhicules-tracteurs (MZKT) et de tracteurs (MTZ) de Minsk ainsi que devant le siège de la télévision publique bélarusse, brandissant le drapeau rouge et blanc de l'opposition et lançant des slogans hostiles au pouvoir.
"Pars!", "Nous n'oublierons pas, nous ne pardonnerons pas", scandaient les protestataires réunis devant le siège de MZKT. Plusieurs milliers d'employés de l'usine MTZ, dont la production est exportée dans toute l'ex-URSS et fait la fierté du pays, ont arrêté le travail selon des ouvriers interrogés par l'AFP.
La candidate d'opposition à l'élection présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa, s'est pour sa part dite prête à "assumer ses responsabilités" et gouverner le pays dans une vidéo enregistrée en Lituanie, où elle est réfugiée.
Le président Alexandre Loukachenko s'est rendu lundi en hélicoptère dans l'usine MZKT pour y rencontrer des ouvriers. Alors qu'il justifiait les violences dont a été accusée la police la semaine dernière, certains ont notamment scandé "Pars! Pars!" au chef de l'Etat, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
"Je vous réponds sur ce point: vous pouvez continuer à crier", leur a répondu M. Loukachenko, ajoutant que "le Bélarus a organisé des élections et qu'il n'y en aura pas d'autre". Il a également minimisé la portée du mouvement de protestation, assurant que les usines fonctionnaient globalement dans le pays malgré les appels à la grève.
Maria Kolesnikova, un des visages de l'opposition unifiée autour de Svetlana Tikhanovskaïa durant la campagne électorale, s'est exprimée aussi devant l'usine MZKT avant d'annoncer qu'elle se rendrait en soutien devant le siège de la télévision publique, dont plusieurs présentateurs ont annoncé ces derniers jours leur départ.
Selon le site d'informations tut.by, les employés du producteur de potasse Belaruskali ont annoncé à leur tour leur intention de se mettre en grève. Le potasse, utilisé pour fabriquer de l'engrais, est une source de revenu majeure pour le Bélarus, qui en est un des plus gros producteurs au monde.