Procès d'une militante antispéciste à Nyon
L'activiste antispéciste Virginia Markus devant la justice à Nyon
La militante antispéciste Virginia Markus est passée devant la justice jeudi à Nyon (VD) pour diverses actions dont le vol d'animaux. Le Ministère public a requis une peine pécuniaire avec sursis, tandis que l'avocat de la défense a plaidé le "motif honorable".
L'éleveur, à qui la prévenue et deux complices (déjà condamnées à des jours-amendes fermes) avaient volé 18 cabris une nuit de mars 2018 à l'abattoir "Le Carre" de Rolle (VD), est notamment passé à la barre. "Avec cette affaire, on a sali mon exploitation en prétendant que mes bêtes étaient mal nourries et malades", a-t-il déploré.
"Des mois durant, j'ai passé des nuits derrière mon ordinateur pour retrouver les bêtes volées. J'ai fini par abandonner car je ne voulais pas tomber en dépression. Sans leurs marqueurs auriculaires, ils auraient dû de toute façon être équarris", a-t-il raconté.
Virginia Markus a dit n'avoir "ni mépris ni haine" pour le quinquagénaire. Elle a expliqué qu'elle répondrait favorablement à sa proposition de visiter son exploitation une fois que la procédure judiciaire serait terminée.
"Ce serait sympa que je puisse aller revoir mes cabris", a demandé de son côté l'éleveur. Virginia Markus a seulement concédé que 17 cabris étaient toujours vivants. "Je ne donnerai aucuns autres détails sur ces animaux, sur les familles d'accueil qui les ont recueillis ni sur les lieux où ils se trouvent", a-t-elle asséné.
Avant le vol des cabris, l'activiste s'était introduite en 2017 au sein de ces même abattoirs de Rolle pour installer des caméras cachées. Ses images avaient été publiées sur internet puis diffusées sur la RTS. En 2019, elle avait également volé 24 poules chez Micarna à Vernayaz (VS).
La justice lui reproche aussi d'avoir participé en 2018 à Aubonne (VD) à une chaîne humaine entravant la circulation. Il lui est aussi reproché de s'être introduite la même année avec 130 autres activistes au sein de l'entreprise Bell à Oensingen (SO).
L'accusée ne regrette rien mais dit n'avoir "absolument pas l'intention de réitérer des actions de désobéissance civile". Aujourd'hui, Virginia Markus préfère se consacrer au "sanctuaire" qu'elle a monté dans les Alpes vaudoises avec son compagnon et leur association.
"On y accueille des gens qui peuvent directement être touchés par la présence des animaux sans que j'aie besoin d'argumenter, car cela me fatigue désormais", a expliqué la jeune femme.
Lors du procès, son avocat a montré deux photos de la poule "Tagada": la première la montre piteuse et obèse alors qu'elle était propriété de Micarna, la deuxième la met en scène toutes plumes blanches dehors une fois recueillie par Virginia Markus.
Pour la militante, "l'histoire se demandera un jour comment l'homme a pu préméditer l'assassinat de dizaines de millions d'animaux sensibles". Elle a dénoncé un "système malade au point de le faire par profits économiques, traditions et fausses croissances."
Des sanglots dans la voix, elle a proclamé que les animaux "sont des personnes " et a déploré que "la majorité des gens se fichent de tout ça et se focalisent sur leur bien-être."
De son côté, le procureur s'est dit "abasourdi". Il a fustigé "l'idéologie antispéciste" à laquelle une écrasante majorité de la population reste hermétique et cette "polarisation des positions rendant de plus en plus souvent tout dialogue impossible".
Le représentant du Ministère public a requis 120 jours amende à 30 francs avec sursis et une amende de 300 francs à l'encontre de l'accusée, principalement pour "simple" appropriation illégitime et non pas pour vol.
L'avocat de la défense a demandé l'acquittement et qu'une éventuelle peine pécuniaire soit assortie du sursis et atténuée en raison du "motif honorable " et de "l'état de nécessité". Le verdict sera rendu jeudi prochain à Nyon.