Poutine veut finaliser l'annexion de régions ukrainiennes vendredi
Le président russe Vladimir Poutine va formaliser vendredi à Moscou l'annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes, qu'il a menacées de défendre même avec l'arme nucléaire. Une annexion largement dénoncée par Kiev et ses alliés occidentaux.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté convoqué pour vendredi une réunion d'urgence de son Conseil de sécurité. Loin de déposer les armes, Kiev en réclame au contraire plus de ses alliés occidentaux pour poursuivre sa contre-offensive face à Moscou.
Les succès militaires ukrainiens début septembre ont contraint M. Poutine à organiser à la hâte des "référendums" d'annexion et à mobiliser des centaines de milliers de Russes dans l'armée, une mesure qui a conduit des foules vers un exode de Russie.
Vladimir Poutine a assuré jeudi que l'offensive qu'il a lancée contre l'Ukraine le 24 février était l'un des résultats de l'"effondrement de l'Union soviétique", tout comme les conflits qui couvent en d'autres endroits du vaste espace d'ex-URSS.
Il a assuré qu'un "ordre mondial plus juste" était en train de se former via "un processus difficile".
Le Kremlin accueillera donc vendredi à 14h00 suisses une cérémonie lors de laquelle l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk (est) et Kherson et Zaporijjia (sud) sera formalisée. Vladimir Poutine prononcera à cette occasion "un discours volumineux", selon son porte-parole Dmitri Peskov.
La capitale russe se préparait aussi à des festivités.
La circulation automobile sera interdite dans une grande partie du centre-ville vendredi, alors qu'un concert sera organisé, selon les médias russes, à l'ombre des murs du Kremlin. M. Poutine pourrait y faire une apparition.
Les responsables installés par Moscou dans les régions de Donetsk et Lougansk, Zaporijjia et de Kherson sont eux déjà dans la capitale russe, selon les médias locaux.
Confronté à une vaste contre-offensive ukrainienne, la Russie a organisé à la hâte ces annexions avec des scrutins, sous surveillance d'hommes en armes, qualifiés de "parodie" et de "simulacres" par Kiev et ses soutiens occidentaux.
Même la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, s'est montrée critique envers une violation de l'intégrité territoriale d'un Etat souverain.
La Russie a déjà annexé en 2014 la Crimée, une péninsule du sud de l'Ukraine.
L'Ukraine a, elle, dénoncé ces annexions et balayé les menaces de recours à l'arme nucléaire de M. Poutine, poursuivant une contre-offensive dans l'Est et le Sud.
Après avoir reconquis l'essentiel du Nord-Est, l'Ukraine semble lancée dans la reprise de Lyman, une ville de la région de Donetsk et important noeud ferroviaire que l'armée russe contrôle depuis mai.
Les forces ukrainiennes restent silencieuses sur les opérations en cours, mais les autorités fidèles à Moscou dans la région ont reconnu des combats difficiles.
"L'adversaire entreprend des tentatives régulières d'attaque pour créer les conditions d'un encerclement", a expliqué à la télévision russe un haut responsable de Donetsk, Alexeï Nikonorov.
Sur le terrain, les bombardements russes continuaient de frapper les villes ukrainiennes, tuant notamment un enfant dans la nuit à Dnipro. Au moins cinq civils ont été tués mercredi dans la partie sous contrôle ukrainien de la région de Donetsk.
Les deux camps ont en revanche procédé vendredi à un nouvel échange de prisonniers avec six Ukrainiens libérés de captivité, dont des civils. La Russie n'a pas indiqué combien de personnes elle avait récupéré.
En Russie, la mobilisation de centaines de milliers de civils réservistes pour venir renforcer les lignes russes se poursuivait, tout comme l'exode de dizaines de milliers de personnes craignant d'être mobilisés.
Un jeune homme d'une vingtaine d'années, arrivée en Mongolie par la frontière terrestre, préfère garder l'anonymat pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à fuir.
"C'était très difficile de tout laisser derrière moi. Ma maison, ma patrie, mes proches. Mais c'est toujours mieux que de tuer des gens", dit-il à l'AFP à Oulan-Bator, la capitale.
Sur le front international du conflit, ce sont les fuites dues à de mystérieuses explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui nourrissaient de nouvelles tensions russo-occidentales.
En effet, les deux camps s'accusent désormais à demi-mot d'avoir saboté les tubes sous-marins, infrastructure cruciale pour l'approvisionnement européen en gaz russe. Ceux-ci étaient cependant à l'arrêt à cause de l'assaut russe sur son voisin.
Une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu est prévue vendredi sur le sujet, à la demande Moscou.
L'annexion de régions ukrainiennes par la Russie, qui devrait être finalisée vendredi, n'a "pas de place dans le monde moderne", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres devant la presse.
"Toute décision de procéder à l'annexion des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia n'aurait aucune valeur légale et mérite d'être condamnée", a-t-il dit.
Les Etats-Unis et l'Albanie préparent une résolution condamnant les "référendums" en Ukraine que l'Occident a dénoncés comme une "parodie". Le texte sera d'abord présenté au Conseil de sécurité de l'ONU, où il sera sans aucun doute bloqué par un veto russe, avant d'être présenté ultérieurement à l'Assemblée générale où aucun des 193 Etats membres n'a de veto.