Pourparlers américano-chinois avant une possible visite de Xi
Les Etats-Unis et la Chine ont entamé jeudi une intense et rare séquence diplomatique. Censée aider à apaiser une relation tumultueuse, elle pourrait déboucher sur l'annonce d'une prochaine visite du président Xi Jinping.
A l'aune de ses entretiens à Washington, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé à une relation "stable" avec les Etats-Unis et à ce que les deux grandes puissances rivales affrontent leurs divergences avec "calme".
"Nous cherchons à développer une coopération qui profitera aux deux parties afin de stabiliser les relations entre les Etats-Unis et la Chine et les ramener sur la voie d'un développement sain, stable et durable", permettant d'"éviter les malentendus", a-t-il déclaré en étant reçu au département d'Etat par le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
"J'attends avec impatience les conversations constructives des prochains jours", a affirmé de son côté M. Blinken, disant "souscrire" aux propos de son homologue. L'entretien bilatéral doit être suivi d'un dîner de travail.
"Compétition"
Vendredi, Wang Yi rencontrera à nouveau M. Blinken puis se rendra à la Maison Blanche pour s'y entretenir avec le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et probablement le président Joe Biden lui-même.
Aucune rencontre avec le président américain n'a été annoncée mais des diplomates s'attendent à une telle faveur, M. Blinken ayant été reçu par le président Xi lors de sa visite à Pékin en juin dernier. Les deux grandes puissances se livrent une compétition acharnée et assurent vouloir gérer leur relation "de façon responsable".
"Nous allons nous livrer à une compétition avec la Chine de toutes les manières possibles dans le respect des règles internationales - politique, économique et autres. Mais je ne recherche pas le conflit", a affirmé mercredi Joe Biden. Le président américain réclame au Congrès un budget de 7,4 milliards supplémentaires pour tenir tête à la Chine, sur le plan militaire et économique.
Le rapprochement sino-russe, la guerre en Ukraine et, surtout, celle entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas devraient aussi s'imposer dans les discussions, au moment où la communauté internationale s'inquiète d'un embrasement du conflit. La visite de Wang Yi devrait préparer celle de Xi Jinping aux Etats-Unis, possiblement en marge du prochain sommet des pays de l'Apec (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique) à San Francisco à la mi-novembre.
Joe Biden a exprimé à plusieurs reprises son "espoir" d'une prochaine rencontre avant la fin de l'année, alors que leur dernier entretien en tête-à-tête remonte au sommet du G20 à Bali, en novembre 2022. Mais selon Robert Daly, expert au Wilson Center, la Chine veut d'abord s'assurer que l'administration Biden ne cherchera pas à "gêner" le président chinois s'il vient.
"Encercler"
Les sujets de friction sont nombreux. La question de Taïwan, que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire, en fait notamment partie.
Le ministère chinois de la Défense a accusé jeudi le Parti démocratique progressiste (PDP) de Taïwan de pousser l'île vers une "situation de guerre dangereuse", après des informations selon lesquelles Taipei envisage d'acheter des milliers de drones militaires.
Les Etats-Unis condamnent par ailleurs les activités de Pékin en mer de Chine méridionale dont le dernier incident en date, lundi, impliquant des navires chinois entrés en collision avec des bateaux philippins près d'un atoll, selon Manille.
"Toute attaque à l'encontre d'avions, de navires ou des forces armées des Philippines aura pour conséquence d'actionner notre partenariat de défense mutuelle", a mis en garde Joe Biden mercredi. Les Etats-Unis, pour qui la Chine représente leur principal défi stratégique à long terme, craignent les visées expansionnistes de Pékin.
En réponse, Washington met en avant le renforcement de ses alliances en Asie, avec l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et les îles du Pacifique. Pékin y voit une volonté d'"encerclement" de la Chine. "Non, on n'encercle pas la Chine", a affirmé Joe Biden, tout en ajoutant "qu'aucun pays ne doit unilatéralement changer les règles du jeu en matière d'espace aérien international ou maritime".