Pierre Maudet démissionne
Pierre Maudet remet son mandat, mais repart au combat
Le conseiller d'Etat Pierre Maudet a annoncé jeudi sa démission du gouvernement genevois. Il sera par ailleurs candidat à sa propre succession. La perte de son département a été l'humiliation de trop à ses yeux.
"Je dérange et on me met de côté", a déclaré le conseiller d'Etat indépendant devant la presse. "J'ai avalé des couleuvres, à la fin c'était même des boas constricteurs", a ajouté le magistrat. Mercredi, ses collègues du gouvernement l'ont "brutalement dépouillé de ses prérogatives".
Pierre Maudet remettra sa démission la semaine prochaine. Une élection complémentaire pourrait se tenir au début du mois de mars. D'ici là, il restera en poste et assistera aux séances du Conseil d'Etat. Le magistrat sans collaborateurs a déménagé son bureau à la Jonction, loin de la Vieille-Ville où il avait ses quartiers.
A ses yeux, l'exclusion dont il a été l'objet de la part du gouvernement s'apparente à une trahison du vote populaire. "Je suis élu et un exécutif ne peut pas dépouiller un de ses membres de ses attributions, seul le peuple peut le faire". C'est la raison pour laquelle il a décidé de se présenter à sa propre succession.
Pierre Maudet a dénoncé le traitement que ses collègues lui ont réservé, la façon dont il a été écarté des affaires. Pour lui, "ces moments de quarantaine", le fait d'avoir été placé en "confinement politique", sont cependant des expériences qu'il pourra mettre au service de la population.
Le rapport intermédiaire dévoilé mercredi qui portait sur la gestion des ressources humaines de son ancien département du développement économique, et qui a poussé ses collègues de l'exécutif à lui retirer ses dossiers, a été, selon M.Maudet, un coup monté, "le prétexte à une exécution politique".
Le conseiller d'Etat a déploré le fait que son droit d'être entendu dans cette affaire ait été bafoué. Il a concédé avoir placé sa hiérarchie sous pression, notamment à cause de la crise sanitaire qui met à mal l'économie. "Cette intensité de travail, je l'ai voulue, j'ai demandé de l'agilité".
Des hauts fonctionnaires ont été sortis de "leur zone de confort", ils ont dû effectuer des remplacements. La pandémie de Covid-19 a conduit les entreprises dans de grandes difficultés. Les demandes d'exonérations de loyer ont afflué, des patrons désespérés appelaient le département, a relevé Pierre Maudet.
"Maintenant, je me sens libre", a déclaré le conseiller d'Etat qui était interrogé sur son état d'esprit actuel. "Le sens des institutions qui m'a toujours guidé, m'a aussi bridé". Le magistrat a avoué avoir "dû fendre la cuirasse".
Le conseiller d'Etat démissionnaire estime qu'au final le Conseil d'Etat lui a peut-être fait un cadeau en le "dépouillant" de son département. Il compte désormais défendre son projet économique pour Genève en allant à la rencontre de la population et se battre pour "ceux qui souffrent" de cette crise.
Aujourd'hui en campagne, Pierre Maudet dit vouloir "aller chercher la confiance des Genevois avec son passé, ses forces et ses faiblesses admises", parlant de ce qui sera peut-être "son dernier combat". Il ne compte pas, à ce stade, créer son propre parti politique.