Nouveau carnage dans une école, six vies fauchées
Trois enfants et trois adultes ont été abattus lundi dans une école primaire de Nashville, dans le sud des Etats-Unis. Ce drame aux circonstances encore floues a rouvert le débat sur les ravages des armes à feu dans ce pays.
L'individu ayant commis le bain de sang, rapidement abattu par les agents arrivés sur les lieux, a été désigné par la police comme une femme et une personne transgenre de 28 ans, mais son profil LinkedIn semble indiquer une volonté d'utiliser des pronoms masculins.
L'assaillant est entré en milieu de matinée dans une petite école chrétienne privée de la capitale du Tennessee, "The Covenant School", muni de deux fusils d'assaut et d'un pistolet, en tirant à travers une porte en verre.
Il s'est dirigé vers le premier étage de cet établissement, qu'il avait fréquenté en tant qu'élève, en tirant de nombreux coups de feu et en tuant trois enfants, âgés de 8 à 9 ans, et trois adultes, de 60 à 61 ans. Le nom d'une des victimes correspond à celui de la directrice de l'école, selon le site de l'établissement.
Rapidement dépêchés sur place, des agents l'ont immédiatement abattu et son décès a été prononcé un quart d'heure après le premier appel aux secours, selon le porte-parole de la police Don Aaron. Pendant l'assaut, une des enseignantes a réussi à appeler sa fille. "Elle m'a dit qu'elle était cachée dans un placard et que ça tirait de partout", a raconté Avery Myrick à la chaîne locale WSMV4. Soulagée que sa mère s'en soit sortie vivante, Mme Myrick a dit "avoir mal pour tous ceux" qui ont perdu leurs proches dans ce carnage.
Des parents angoissés ont défilé toute la journée dans une église pour récupérer les enfants mis à l'abri. Le mobile, encore inconnu, pourrait être lié à une "rancune" à l'encontre de cette école, a noté le chef de la police de Nashville, John Drake.
Un "manifeste" découvert lors d'une perquisition au domicile de l'assaillant, faisait état d'autres cibles potentielles, a-t-il précisé. Ce document, ainsi qu'un plan "montrant les accès" de l'école, et des "écrits" supplémentaires retrouvés dans son véhicule, semblent indiquer que le carnage était prémédité.
Le président Joe Biden a exprimé son désarroi face à ce crime "répugnant" et ordonné que les drapeaux de la Maison Blanche soient mis en berne. La violence par armes à feu "déchire l'âme même de notre nation", a-t-il commenté depuis la Maison Blanche, en appelant à nouveau le Congrès à interdire les fusils d'assaut.
Le démocrate plaide depuis longtemps pour que le Parlement américain interdise, ou a minima restreigne, la possession de ces armes conçues pour faire un maximum de victimes, mais il bute sur le refus de l'opposition. "Je suis dévasté et j'ai le coeur brisé face aux nouvelles tragiques de l'école Covenant", a tweeté le sénateur républicain Bill Hagerty, tandis que sa consoeur Marsha Blackburn appelait à "prier" pour les victimes.
Environ 400 millions d'armes à feu sont en circulation aux Etats-Unis, où elles ont causé en 2020 plus de 45'000 décès par suicide, accident ou homicide, selon les derniers chiffres des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Et pour la première fois cette année-là, les armes sont devenues la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 1 à 19 ans, avec 4368 décès, devant les accidents de voiture et les overdoses, d'après les CDC. Les bains de sang en milieu scolaire n'en représentent qu'une infime portion, mais marquent davantage les esprits.
Les Etats-Unis ont été particulièrement ébranlés par les carnages commis en 2012 dans une école de Sandy Hook, dans le Connecticut (20 enfants tués), et en mai 2022 à Uvalde, au Texas (19 enfants et deux enseignantes). Entre ces deux drames, un massacre commis en 2018 dans un lycée de Parkland, en Floride, avait entraîné une vaste mobilisation.
Mais le Congrès n'a jamais adopté de réformes significatives, férocement combattues par le puissant groupe de pression National Rifle Association (NRA). Les appels de Joe Biden à bannir les fusils d'assaut n'ont guère plus de chances d'aboutir. Un sondage ABC News/Washington Post de février montrait que 51% des Américains s'y opposent et que seuls 47% y sont favorables.